Selon les chiffres du dernier baromètre annuel de VIAS, 21 cyclistes sont décédés sur les routes wallonnes l'année dernière, soit trois fois plus qu'en 2018. C'est d'autant plus inquiétant que le nombre d'accidents à vélo ne décline pas non plus depuis 10 ans. Le GRACQ demande que des mesures plus énergiques, portant notamment sur l'infrastructure et la généralisation du 30km/h en agglomération, soient mises en oeuvre rapidement.
Contrairement au bon bilan du premier semestre 2018 (zéro cycliste "décédé sur place"), on a dépassé en 2019 le nombre total de victimes cyclistes de 2011.
Le graphique ci-contre montre assez clairement l'évolution des décès à vélo sur les routes wallonnes depuis 2010.
C'est donc une très mauvaise nouvelle pour le GRACQ, même si le bilan est également médiocre pour tous les usagers de la route en Wallonie : on dénombre en effet 31 tués de plus qu'en 2018.
Comment expliquer un tel résultat ? Nous partageons l'analyse de Benoit Godart, porte-parole de VIAS, sur le manque d’infrastructures sécurisées au sud du pays : "En Wallonie, on est passé de 8 à 21 tués rien que pour les cyclistes. De plus en plus de personnes prennent l’habitude d’aller au travail à vélo. Mais les infrastructures ne suivent pas toujours. La Wallonie a du retard pour la mise en place de pistes cyclables sécurisées et en sites propres. Pour preuve, 13 accidents mortels sur 15 au cours des 9 premiers mois ont eu lieu entre un vélo et un véhicule motorisé."
Pas d'amélioration en vue...
La tendance de fond observée depuis 10 ans en Wallonie a aussi de quoi inquiéter : le nombre d'accidents corporels et de blessés à vélo ne décroit pas.
Bien entendu, il faut reporter ceci à l'évolution de la pratique du vélo en Wallonie. Mais les grandes enquêtes récentes, comme MobWal (1,7%), Monitor (2%), ou le Diagnostic 2017 des déplacements domicile/travail (1,6%), montrent une faible évolution de la part des déplacements à vélo en Wallonie.
Comment agir ?
Pour cibler les mesures les plus efficaces, il faudrait disposer d'une analyse des causes des accidents impliquant un vélo en Wallonie. C'est ce que recommandent les Etats Généraux Wallons de la Sécurité Routière depuis 2017. À ce jour, cette analyse n'a pas encore été effectuée. On doit dès lors chercher des pistes d'action dans les informations partielles à notre disposition, notamment via des coupures de presse.
Deux personnes décédées l'ont été dans un accident avec un poids lourd. Le problème fréquent avec ceux-ci est l'angle mort des camions, qui les empêche de voir les cyclistes. Pour prévenir ce danger, il est indispensable de réaliser au plus vite les nombreuses zones avancées pour cyclistes, qui permettent de se placer devant le camion et, surtout, de démarrer sa traversée de carrefour avant les autres véhicules.
Des phases spéciales de feux sont aussi à envisager, comme le feu vert intégral qui permet aux cyclistes de traverser un carrefour sans aucun autre trafic motorisé.
Deux autres cyclistes ont été mortellement renversés par des personnes ayant bu. La lutte contre l'alcoolémie est un combat à amplifier. La perte de points sur son permis, toujours pas d'application en Belgique, pourrait aussi freiner la conduite en état d'ivresse, plutôt qu'une simple amende.
Enfin, certains ont été renversés alors même qu'ils circulaient sur une piste cyclable marquée (à la peinture). C'est une demande récurrente du GRACQ : les aménagements physiquement séparés doivent être la norme pour la sécurisation des voiries régionales à plus de 50km/h.
En agglomération, la généralisation du 30km/h dans toutes les rues où les cyclistes ne sont pas séparés du trafic motorisé, telle que pratiquée dans un nombre croissant de villes en Europe, est la piste la plus efficace pour protéger les usagers les plus vulnérables.