Depuis quelques mois, une passerelle cycliste enjambe le carrefour des Quatre Bras sur le tracé de la cyclostrade F29 (Bruxelles-Leuven). Mais une fois passé le ring en direction de Bruxelles, les cyclistes doivent emprunter un chemin forestier bien peu adapté à une pratique utilitaire et régulière du vélo. Le GRACQ et le Fietsersbond ont réitéré leur souhait d'une infrastructure cyclable de qualité, à l'occasion d'un afterwork festif.
Elle s'est fait attendre, mais les cyclistes se réjouissent de pouvoir enfin l'emprunter depuis novembre dernier. Elle, c'est la passerelle cycliste qui enjambe d'un seul tenant les 9 bandes de circulation du ring, permettant à de très nombreux cyclistes de franchir sans encombre le carrefour des Quatre Bras. Le succès est au rendez-vous : en mars 2025, le compteur automatique affiche une fréquentation moyenne journalière de 934 cyclistes (contre 577 en novembre 2024). Cet ouvrage permet de sécuriser un important point noir de la cyclostrade F29, qui relie Bruxelles à Louvain en passant par Tervueren. Il permet aussi un gain de temps considérable, en évitant plusieurs feux de circulation.
Les travaux laissent pourtant un goût d'inachevé... car une fois passé le carrefour, en direction de Bruxelles, la piste cyclable se transforme en un chemin forestier. En dépit de travaux de réfection en 2022, ce chemin est bien loin de convenir à un usage utilitaire et régulier :
- le revêtement devient salissant et peu praticable par temps de pluie ;
- l'absence d'éclairage rend le tracé peu sécurisant et anxiogène en soirée et la nuit, plus particulièrement pour les femmes dont certaines renoncent à se déplacer à vélo une fois le soir tombé ;
- la largeur du chemin est insuffisante, en regard du flux de cycliste croissant et de la cohabitation avec d'autres usagers (promeneurs, joggeurs...).
On est donc bien loin des critères de qualité d'une cyclostrade, qui nécessite des infrastructures cyclables larges (norme de 4 mètres pour une piste bidirectionnelle, minimum de 3 mètres), asphaltées, protégées du trafic motorisé, correctement éclairées et balisées, et ce afin d'être accessible au plus grand nombre.
Piste cyclable de qualité vs préservation du patrimoine naturel ?
C'est sous un ciel bleu et soleil radieux que les cyclistes des deux côtés de la frontière linguistique se sont donnés rendez-vous pour un afterwork festif sur la passerelle le 19 mars dernier. L'occasion de (re)découvrir l'imposant ouvrage, de faire connaissance, mais aussi de partager un souhait commun : la réalisation d'une infrastructure cyclable de qualité pour rejoindre/quitter Bruxelles... tout en préservant le patrimoine naturel unique de la forêt de Soignes.
Pour répondre aux critères d'une véritable cyclostrade, l'aménagement du chemin forestier actuel nécessiterait l'imperméabilisation des sols, l'abattage d'arbres et l'ajout d'éclairage. Une option à laquelle ne souscrivent pas les sections GRACQ d'Auderghem, Watermael-Boitsfort, Woluwe, Kraainem ainsi que le Fietsersbond Tervuren, d'autant plus que la forêt de Soignes est une zone Natura 2000 classée au patrimoine mondial de l'Unesco. L'option à privilégier reste la réaffectation d'une partie de l'espace routier existant (sur les 4 bandes automobiles).
Et c'est bien en ce sens qu'avait été programmé un test de circulation en 2021, afin de mesurer l'impact d'une réorganisation du trafic motorisé. Un test finalement annulé face à une franche opposition des communes d'Auderghem, Woluwe-Saint-Lambert et Woluwe-Saint-Pierre. L'évolution de la situation, en raison des travaux effectués sur le ring, mais aussi du succès de la nouvelle passerelle, justifie amplement que le sujet revienne sur la table : les cyclistes du GRACQ et du Fietsersbond entendent donc poursuivre leur action de plaidoyer pour obtenir une cyclostrade digne de ce nom.