Pour financer leurs politiques cyclables, les états membres de l'Union européenne pourraient aller chercher jusqu'à 6 milliards d'euros dans les programmes européens 2021-2027. A condition toutefois que les décideurs politiques nationaux et régionaux incluent la mobilité active dans les projets qu'ils soumettent à l'Europe. Pour les y aider, la Fédération européenne des cyclistes (ECF) publie un guide pratique.
Entre 2007 et 2013 seulement 1% des fonds provenant des programmes européens ont été utilisés pour le vélo, soit 700 millions €. Entre 2014 et 2021 c'est environ 2 milliards € qui ont été consacrés à la mobilité active. Toujours, hélas, une faible proportion de ce que l'Europe permet de financer comme infrastructures de transport (route, rail, eau, air).
Aujourd'hui les états membres peuvent espérer faire bénéficier le vélo du triple de ce montant dans les sept ans à venir. Comment ? En incluant des projets cyclables dans les programmes européens auxquels ils postulent partout où c'est possible. Ceci est d'autant plus aisé à l'heure actuelle que la santé et la politique climatique (green deal), et donc indirectement la mobilité durable, sont dans le top des priorités de l'Union.
Fonds de relance et de résilience (RRF)
Environ 5 milliards € vont être attribués à la Belgique pour l'aider à sortir de la crise actuelle. La Belgique (et ses entités régionales) doivent rendre d'ici le 30 avril 2021 un plan de relance pour décrocher cet argent.
Bien que ce programme de financement européen ne mentionne pas explicitement le vélo, par contre la mobilité durable y figure bien.
Par ailleurs, dans son rapport de recommandations spécifiques pour la Belgique, l'Europe pointe le trafic comme une source persistante et importante de pollution chez nous et recommande, elle-même, des investissements dans cette mobilité durable. On attend donc des régions et du fédéral qu'ils y glissent un maximum d'infrastructures vélo.
Fonds de développement régional (FEDER)
Ce programme est un des plus importants de l'Union : 200 milliards € sont réservés pour la période 2021-2027. Au moins 30% de cette somme doit être dépensée dans des projets en lien avec le climat. Un axe complet est d'ailleurs consacré à la mobilité durable, tant dans les infrastructures urbaines, régionales ou transnationales (connexions aux pays voisins).
Pourtant, dans la programmation 2014-2020, la Belgique n'a utilisé que 11 millions € pour le vélo, contre 130 millions € pour la Bulgarie et... 403 millions € pour la Pologne ! On peut clairement faire mieux cette fois-ci. Une bonne chose pour démontrer à l'Europe que les investissements prévus ne sont pas des "one shot", mais s'inscrivent dans un cadre structuré, serait que la Belgique (et la Wallonie !) se dotent d'une stratégie vélo au préalable...
Common provisions regulation (CPR)
Pour ne pas répéter les mêmes justifications/objectifs à chacun de ses grands programmes de financement (FEDER, Fonds de cohésion, Fonds social européen...) l'Europe propose un contrat cadre (partnership agreement) à chaque état membre. Sur base de ce contrat, où chaque état justifie notamment son engagement pour le green deal et sa stratégie pour y arriver, il peut alors faire appel à plus de 200 programmes de financement, selon ses objectifs.
Des exemples concrets
Dans le guide de l'ECF pour aider les états membres à débloquer des financements européens pour la vélo, des exemples concrets de projets financés et réussis sont donnés comme source d'inspiration. Comme par exemple le réseau de pistes cyclables de Valence, le réseau cyclable polonais Malopolska et... le réseau flamand des fietssnelwegen.
Pour conclure l'ECF propose des extraits de dossiers de projets déjà financés par l'Union européenne. Et un résumé des retombées économiques des investissements vélo. Car, oui, il faut aussi démontrer que ceux-ci créent de l'emploi durable, et pas seulement de l'air pur !