Le vélo rapporte : à la santé, au climat, à l'environnement... mais combien à l'économie belge ? Pour la première fois, une étude commanditée par le SPF Mobilité quantifie l'emploi et la valeur ajoutée de ce secteur économique pour la Belgique. Soit pas moins de 951 millions € de valeur ajoutée nette et 17.344 emplois. Avec une croissance supérieure à la moyenne et des scénarios prometteurs pour l'avenir.
La "valeur ajoutée nette" du vélo à l'économie belge
La valeur ajoutée nette (VAN) correspond à la valeur totale qu’un secteur économique ajoute à la production de biens et de services, après déduction de la valeur des matières premières utilisées et des services achetés auprès d’autres entreprises. Elle constitue un critère important, car elle reflète la contribution réelle d’un secteur à l’économie, étant donné qu’elle représente la valeur réellement créée.
Pour le secteur du vélo cette VAN s'élève à 951 millions € par an, et affiche un taux de croissance plus élevé que la moyenne des activités économiques belges : 15% par an entre 2020 et 2022 contre 5% ailleurs. Le secteur du vélo est donc un créneau plus que porteur en Belgique (et ailleurs en Europe).
Cette VAN a trois grandes locomotives, qui fournissent chacune plus de 200 millions € de valeur ajoutée annuelle : le tourisme à vélo, les infrastructures cyclables et la vente de vélos.
En 2023, 619.605 vélos ont été vendus dans notre pays. Pour la première fois, les ventes de vélos électriques ont dépassé celles des modèles traditionnels. La part croissante des vélos électriques dans les chiffres de vente entraîne une tendance à la hausse du chiffre d’affaires. Et peut même compenser une diminution des unités totales vendues.
La location et le leasing (en forte croissance) suivent le trio de tête. La cyclologistique - tous types de livreurs à vélo confondus - pointe le bout de son nez avec 23 millions € par an (contre 6 millions € sept ans plus tôt).
L'emploi dans le secteur du vélo
En Belgique, l’économie du vélo occupait 17.434 équivalents temps plein (ETP) en 2022. La tendance ici est tout aussi positive :
À l’instar de la VAN, le taux d’emploi dans l’économie du vélo s’est envolé à partir de l’année 2020. En 2019, le secteur employait tout juste moins de 10.000 ETP. Au cours des 8 dernières années (de 2015 à 2022), ce taux d’emploi a enregistré une hausse de 147 %
Mais le trio gagnant pour les secteurs vélo qui emploient le plus de personnel offre ici une petite surprise. Contrairement à la VAN, c'est la cyclologistique qui fournit le plus d'emplois : 7000 à elle toute seule. Viennent ensuite le tourisme (3358) et la vente de vélos (2813). Ce sont les infrastructures cyclables qui clôturent ce quatuor de tête, avec 1691 emplois.
Un potentiel certain pour l'avenir
Selon l'étude de TMLeuven "quatre activités relativement nouvelles liées au vélo connaissent une croissance exponentielle tout en disposant encore simultanément d’un important potentiel de développement : le leasing de vélo, et les assurances vélo qui y sont liées, les vélos en libre-service, et la logistique à vélo".
Si 25% des livraison urbaines se faisaient à vélo, cela générerait 9.000 emplois supplémentaires. Tandis qu'un leasing vélo offert à 15% des travailleurs générerait une valeur ajoutée d'un milliard € et 7000 emplois.
Si l'on rapporte les gains à l'économie en fonction de la mise sur le marché d'une tranche de 1000 vélos, les chercheurs de TMLeuven ont déterminé les ratios suivants :
Types de vélo mis sur le marché | Valeur ajoutée nette | Emplois |
---|---|---|
Vélos partagés – pour 1.000 vélos | € 2 880 594 | 29 |
Leasing de vélos – pour 1.000 vélos | € 2 773 651 | 27 |
Cyclo-logistique – pour 1.000 vélos-cargos | € 8 881 840 | 1000 |
Conclusions
Les investissements publics effectués dans les politiques vélo ont donc des effets retours directs au niveau économique (en plus des bénéfices sur la santé et l'environnement, tout aussi importants). De plus, la majorité des emplois générés ne sont pas délocalisables. Que ce soit dans la cyclologistique, la réparation ou le tourisme, l'argent reste en Belgique.
Les auteurs terminent sur une note positive pour la Wallonie : étant donné son sous-développement en matière de vélo, c'est là que le plus gros gisement d'emploi et de valeur ajoutée nette se trouve. Mais pour y arriver "l’exploitation du potentiel vélo en Wallonie nécessite des investissements importants dans des infrastructures cyclables de qualité" pointe TMLeuven.