Du 1er au 30 novembre 2019, 10 partenaires issus du monde associatif et du commerce de vélos se sont regroupés pour organiser le premier baromètre cyclable de Liège. Cette première en Wallonie a permis de récolter près de 2.500 réponses de cyclistes fréquentant le territoire communal liégeois. Un succès qui contraste avec la note sévère de "F" (sur une échelle de A+ à G) que les cyclistes ont attribué à la cyclabilité de la Cité ardente.
Une première en Wallonie
Mis en place en Allemagne et en Suisse il y a plusieurs décennies, et en France il y a deux ans, le baromètre cyclable est une enquête à grande échelle menée auprès des cyclistes pour récolter leur avis sur 5 thèmes :
- leur ressenti général
- la sécurité
- le confort
- l’importance donnée au vélo par les autorités
- le stationnement/les services.
Les réponses, sur une échelle de 1 à 6, permettent d’attribuer une note pour chaque catégorie et de dresser une note globale pour chaque ville. Ceci débouchant ensuite sur un classement des villes de tailles similaires.
En Wallonie, seule Liège était concernée pour cette première mais les organisateurs ont choisi de mener cette grande enquête selon la méthodologie et à la même période que le baromètre des villes cyclables organisé en France par la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette (FUB). Ceci permet de comparer la cyclabilité de Liège avec des villes dites "émergentes" en France et non plus des villes flamandes ou néerlandaises qui ont plusieurs dizaines d'années d'avance en matière de politique cyclable.
Les enseignements de ce baromètre
Le premier enseignement est l’engouement des Liégeois·es. Près de 2.500 réponses ont été collectées en 30 jours, ce qui classe Liège à la seconde place en termes de répondants dans la catégorie des villes de 100.000 à 200.000 habitants.
Cette participation élevée traduit ce que nous ressentons depuis quelque temps dans nos associations et nos commerces. Il y a un mouvement sociétal du "retour à la bicyclette". La pratique du vélo est en pleine progression avec encore un énorme potentiel !
Le second enseignement est malheureusement la note sévère attribuée à la cyclabilité du territoire liégeois : 2,6. Cette note correspond à un "F" sur une échelle de A+ à G, et traduit un climat défavorable à la pratique du vélo.
Parmi les constats, on peut pointer la demande massive (87% des répondants) d'infrastructures séparées des voitures et le sentiment d'un manque d'écoute de la Ville de Liège (90%) vis-à-vis des cyclistes. Deux exemples peuvent illustrer ce sentiment négatif : aucun des 6 itinéraires cyclables annoncés il y a 9 ans n'a été réalisé, et aucune évolution n'est constatée quant au stationnement illicite sur les pistes cyclables.
À côté de cela, plusieurs résultats plus positifs témoignent des efforts réalisés par la Ville ou les acteurs du vélo : l’application des sens uniques limités, la location longue durée et à prix démocratique de vélos de ville, les services à destination du vélo... Tout cela prouve que la thématique du vélo n’est pas absente à Liège, loin de là.
Et maintenant ?
C’est indéniable, la note accordée par les cyclistes de Liège est sévère mais selon nous, justifiée. Si nous constatons ces derniers temps des améliorations dans la prise en compte du vélo comme moyen de transport au quotidien, celles-ci sont encore trop timides, trop lentes et manquent d’ampleur. En tout cas, elles n’ont pas encore produit de résultats sur le ressenti des usagers.
La deuxième édition du baromètre cyclable français a permis de constater que les choses peuvent évoluer et ce, rapidement. Certaines villes ont connu des progressions intéressantes dues à une volonté politique qui s’est développée. C’est la raison pour laquelle le baromètre cyclable de Liège sera organisé tous les deux ans, en espérant que la note de Liège s’améliore d’année en année et que la Cité ardente intègre petit à petit le peloton des villes cyclables.
Le potentiel de cyclistes est là et les bienfaits du vélo dans une ville ne sont plus à démontrer. Si les autorités liégeoises et wallonnes souhaitent, comme elles l’ont annoncé à plusieurs reprises, atteindre une part modale cyclable de 10% à l’horizon 2030, il va falloir qu’elles changent de braquet. Que les réalisations sur le terrain se matérialisent et que celles-ci répondent (enfin) aux besoins des cyclistes.
Il est temps pour la ville qui accueille la doyenne des épreuves cyclistes, de faire de la pratique du vélo à Liège un choix et non une épreuve. Les cyclistes et futur·e·s cyclistes le demandent, les autorités communales et régionales le promettent... Allons-y !!!