À Bruxelles, Pro Velo, Kidical Mass, Les Ateliers de la rue Voot et Ride your Future, adressent un message aux autorités régionales. En l'absence de gouvernement, les subventions annuelles octroyées à ces quatres associations vélo sont en suspens ou supprimées ; or ces subventions leur permettent de mener leurs missions de développement d'une mobilité durable dans la capitale. L'appel de ces associations est soutenu par d'autres acteurs du secteur, dont le GRACQ et le Fietsersbond.
Le printemps à Bruxelles est habituellement une saison foisonnante d'événements autour du vélo, mais cette année, c’est le calme plat. En l’absence de gouvernement de plein exercice depuis maintenant neuf mois, de nombreux financements sont en suspens ou supprimés. Les organisations vélo sont durement impactées et ne sont plus en capacité de soutenir et d’accompagner l’essor du vélo auprès des Bruxellois·es. Alors que de plus en plus de Bruxellois·es adoptent le vélo, les investissements indispensables font défaut.
Cette situation freine le report modal compromettant ses bénéfices directs sur la mobilité, l’environnement, la santé et l’économie locale.
L'impasse politique freine le progrès en matière de mobilité cyclable
Depuis 2010, le nombre de cyclistes à Bruxelles a été multiplié par cinq1. Cette croissance illustre l'immense potentiel du vélo.
Les organisations vélo, partenaires et opérateurs historiques des pouvoirs publics sur les politiques de mobilité durable, jouent un rôle crucial dans l'essor de la pratique et la culture vélo, la cohésion sociale et la lutte contre la précarité. Pourtant, plusieurs de ces organisations s'inquiètent pour leur financement en 2025. Sans action du gouvernement en affaires courantes, certains projets prennent du retard, ou sont annulés, mettant en péril des activités majeures. Face à cette incertitude budgétaire, le secteur vélo se voit contraint de mettre en œuvre des mesures d’économie sur l’emploi : préavis à titre conservatoire, départs non remplacés, licenciements économiques….
Les organisations vélo bruxelloises déplorent :
- L'absence de subventions pour les projets annuels pour le vélo ;
- Un manque de vision à moyen et long terme pour les subventions structurelles.
Un engagement politique clair à la mesure des défis actuels est nécessaire pour garantir la continuité des actions en faveur du vélo et de la transition vers une mobilité plus durable et inclusive.
Des conséquences directes pour les Bruxellois·es
L'incertitude persistante dans le secteur vélo bruxellois a des conséquences considérables sur l'économie et la culture du vélo, et affaiblit un écosystème pourtant essentiel à la transition vers une mobilité durable et inclusive avec des effets potentiels à long terme. Concrètement, cette situation impacte :
- L'accès à un emploi et à une formation de qualité dans le secteur du vélo ;
- La disponibilité de services de réparation, de location et d’achats de vélos d'occasion ;
- L'offre d'activités cyclistes, de balades et d'initiations pour petits et grands pour une meilleure sécurité routière ;
- Le développement d'une politique cyclable cohérente et durable.
Cette incertitude contraste avec la popularité et l'importance croissantes du vélo à Bruxelles. Pour la nouvelle génération, le vélo est bien plus qu'un simple moyen de transport : c'est un droit à un air pur, à la liberté de mouvement et à des routes sûres.
Pro Velo, Kidical Mass, Les Ateliers de la Rue Voot et Ride your Future témoignent :
“La Kidical Mass joue un rôle fondamental dans le shift modal. L'année dernière, notre parade festive à vélo a animé chaque week-end un coin différent de la Région. Si la mise en selle est une priorité pour la Région de Bruxelles-Capitale, alors la Kidical Mass doit être soutenue cette année encore." - Leticia Sere, Coordinatrice Kidical Mass.
"Faute de financement, nous déstockons 200 vélos enfants et mettons le projet “Un vélo pour 10 ans” en pause. Nous n’avons pas pu ouvrir l’atelier participatif de l’ULB et celui de Boitsfort n’ouvrira pas non plus au printemps. Ces deux ateliers avaient accueilli 750 personnes en 2024 pour apprendre à réparer leurs vélos. Un coup dur pour la mobilité douce à Bruxelles et pour les Ateliers de la rue Voot, actifs depuis plus de 50 ans dans le vélo" - Nathalie Heusquin, coordinatrice des activités vélo des Ateliers de la rue Voot.
"La Bike Experience, qui a formé ces quinze dernières années plus de 10 000 Bruxellois à circuler à vélo en toute sécurité, n’a aucune garantie de financement après le premier semestre. Vollenbike, mené en collaboration avec plusieurs communes bruxelloises et qui a motivé 286 classes à réaliser plus de 19.000 trajets à vélo en 2024, est également compromis par le retard des financements régionaux. L’inaction dans ce contexte nuit aux progrès réalisés en matière d’infrastructures, d'éducation et de culture vélo." - Christophe Winkel, directeur de Pro Velo.
"L’absence de financement ne nous permet pas de continuer nos trois programmes phares à Bruxelles. Plus de 3.000 élèves ne bénéficieront pas d’une formation pour améliorer leur aisance à vélo cette année alors même que la sécurité routière est une urgence nationale. La formation à la mécanique vélo de base ne pourra pas être organisée pour les Bruxellois·es et notamment pour les femmes avec le programme Elles en Selle. La Women Bike Ride ne pourra plus être coordonnée de la même manière alors que cette balade rassemblait plus de 200 Bruxellois.es. en 2024".- Justine Peullemeulle, co-directrice de Ride your Future.
1. Observatoire du vélo, Pro Velo