Ce vendredi 4 octobre, une série de collectifs citoyens et d’associations – dont le GRACQ - se sont donné rendez-vous de bon matin devant les portes du parlement bruxellois. Une ultime manière de confronter les députés à leurs choix, à l’heure de voter le report de deux années du jalon 2025 de la zone de basses émissions (LEZ).

C’est aujourd'hui que les députés bruxellois votent le report ou non du prochain jalon de la zone de basses émissions, porté par le MR, le PS et les Engagés. Un report de calendrier qui suscite énormément d’inquiétudes du côté de la société civile. À commencer par la méthode : aucune consultation n'a eu lieu avec le secteur de la santé, la société civile, les habitants des quartiers les plus impactés, ou encore avec les instances plus officielles.

La santé est notre bien le plus précieux. La mauvaise qualité de l'air représente plus de 10% de la mortalité dans la capitale, toutes causes confondues.

La qualité de l’air s’est améliorée ces dernières années grâce à la zone de basses émissions, dont le calendrier avait été fixé en 2018, à l’initiative de la ministre de l'Environnement de l'époque, Céline Fremault (Les Engagés - anciennement cdH). Mais le travail est loin d’être achevé : "L'air que nous respirons à Bruxelles provoque de nombreuses pathologies, rappellent les collectifs. En plus de ne pas être respectées, les normes en vigueur actuellement ne protègent pas totalement la santé. Repousser le calendrier de la LEZ ne fera qu’aggraver le problème. La santé est notre bien le plus précieux."

Les arguments scientifiques mettant en lumière les effets néfastes d’une mauvaise qualité de l’air s’accumulent sans que cela n’émeuve les représentants politiques bruxellois. Les instances internationales comme l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne cessent de rappeler que la pollution de l’air est l’une des plus grandes menaces pour la santé humaine. Rien qu’à Bruxelles, 900 personnes meurent chaque année prématurément en raison de la mauvaise qualité de l’air. Soit plus de 2 décès par jour et plus de 10% de la mortalité dans la capitale, toutes causes confondues.

L’exposition prolongée aux particules fines et aux oxydes d’azote est un facteur clé de maladies chroniques. Les effets sont connus et documentés : asthme, allergies, infections pulmonaires, atteintes neurologiques, retard de développement chez les enfants, problèmes cognitifs, dépressions... Et on observe que ce sont les quartiers les plus précarisés qui sont les plus impactés par cette mauvaise qualité de l’air et ses conséquences sanitaires.

Une simple remise à plus tard ?

"C’est un retournement de veste contre la qualité de l’air, la santé et un très mauvais signal envoyé à celles et ceux qui ont fait des efforts pour se conformer au calendrier de la LEZ annoncé il y a 8 ans déjà, dénoncent encore les collectifs citoyens. Le report du prochain jalon de la LEZ porté par le MR, le PS et les Engagés ne fera que remettre le problème à plus tard. Le texte ne prévoit en effet rien pour aider les automobilistes concerné·e·s à changer de véhicule ou à s’en passer. Ce report n’a donc aucune ambition sanitaire ou volonté d’améliorer le caractère de justice sociale de la LEZ. Les automobilistes concerné·e·s qui n’ont pas les moyens de changer de véhicule sont laissé·e·s à leur sort. Et les Bruxellois·e·s dans leur ensemble auront à encaisser pendant deux années supplémentaires les émissions toxiques de milliers de véhicules ultra-polluants qui resteront en circulation." Les véhicules diesel 5 génèrent en effet 40% des émissions d'oxydes d'azote du parc automobile.

En se mobilisant le jour du vote, les collectifs souhaitent attirer, encore une fois, l’attention du monde politique et des médias sur cette cruciale question de santé publique. "Le véritable enjeu, c’est de proposer des mesures d’accompagnement pour venir en aide aux publics qui ont réellement besoin du soutien des institutions publiques. La pollution de l’air n’est pas une fatalité, des mesures existent pour l’améliorer et la LEZ est un instrument crucial dans cette démarche. Le report n’apportera aucune solution structurelle à la pollution de l’air".

L'impact financier est également pointé du doigt. Car la pollution de l’air se paie cash. En 2018, ce coût a été évalué à 1,6 milliard d’euros en région bruxelloise, soit 1 400€ par Bruxellois·e pour cette seule année. Et le report envisagé pourrait encore alourdir la facture : 19 millions d’euros en permis d’émission, selon un rapport de Bruxelles Environnement . Car Bruxelles ne serait alors plus en capacité de tenir ses engagements européens en matière climatique, pas plus qu’en matière de qualité de l’air.

► Zone de basse émission : gardez le cap ! [ Lettre ouverte, Le Soir, 16/09/2024 ]

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