Dans son dernier baromètre de la sécurité routière, VIAS compile les chiffres de sécurité routière pour 2022. Le bilan est peu reluisant : le nombre de tués sur les routes augmente de 8% par rapport à l’an dernier, et un tiers des tués est un usager actif. En ce qui concerne les cyclistes, la situation est toutefois très contrastée entre Bruxelles et la Wallonie.
Il n'y a jamais eu autant de tués parmi les cyclistes sur les dix dernières années, déclare l'Institut VIAS.
En effet, 95 cyclistes ont trouvé la mort sur les routes belges en 2022, contre 74 en 2021.
En région bruxelloise
Ce terrible constat se vérifie à l’échelon bruxellois : 4 décès de cyclistes sont à déplorer en 2022 alors que le nombre de tués oscillait, ces dernières années, entre 0 et 2. C’est donc un chiffre inquiétant pour les associations cyclistes. Les cyclistes ne sont cependant pas les seuls à payer un lourd tribut : après les résultats particulièrement encourageants de 2021 (6 tués) encore marquée par la crise "COVID", les 21 tués en 2022 interpellent.
Si l’on considère les accidents corporels en 2022, force est de constater que les cyclistes sont la catégorie d’usagers qui connaît la progression la plus faible d’accidents (+11,2%), alors que dans le même temps la pratique du vélo a connu une croissance sans précédent : l’observatoire du vélo en région bruxelloise enregistre pour l’année 2022 une progression de 43,7% de cyclistes à l’heure de pointe du matin. La courbe de croissance du vélo grimpe donc bien plus vite que celle des accidents, ce qui est un signe positif (même si l’on sait que les accidents sans gravité souffrent d’un sous-enregistrement).
Il n’en faut pas moins rester attentif à l’évolution des chiffres : selon la "vision zéro" que défend notre association, chaque mort, chaque blessé grave est de trop. Il est nécessaire de renforcer le système de contrôle-sanction en visant spécifiquement les infractions qui mettent les usagers actif en danger (vitesse excessive, stationnement sauvage, dépassement dangereux, conduite sous influence…), d’améliorer la sécurité des infrastructures cyclables et de se pencher plus sérieusement sur dangerosité des poids lourds en milieu urbain. La sensibilisation et la formation des usagers, cyclistes y compris, reste également un volet essentiel de la politique de sécurité routière.
En région wallonne
En Wallonie, 18 cyclistes sont décédés sur les routes l'année dernière, soit trois fois plus qu'en 2021. On rejoint ici presque le triste record de 2019 (21 décès sur place). C'est d'autant plus inquiétant que le nombre d'accidents à vélo est lui aussi en légère hausse. Même si le bilan est également médiocre pour tous les usagers de la route en Wallonie : on dénombre en effet 42 tués de plus qu'en 2021, dont 13 piétons. Les deux années "COVID" n’ont hélas pas produit des effets qui perdurent sur la sécurité au sud du pays.
Cette évolution à la hausse des accidents cyclistes doit être à mettre en parallèle avec l’augmentation des déplacements à vélo en Wallonie. Celle-ci reste toutefois modeste : selon les statistiques du SPF Mobilité, on est passé de 1,6% de déplacements domicile-travail à vélo en 2017 à 2,4% en 2021.
La Wallonie souffre toujours clairement d’une "culture de la vitesse". Hors agglomération, le cycliste circule majoritairement sur des voiries à 90 km/h sans pistes cyclables sécurisées. En agglomération, le 30 km/h reste une exception. Les vitesses élevées pratiquées sur les routes wallonnes ne laissent que peu de chance aux cyclistes (et aux piétons) en cas d’accident. L’alcool et la distraction sont les deux autres facteurs majeurs d’accident.
Pour cibler d'autres mesures efficaces, il faudrait disposer d'une analyse des causes des accidents impliquant un vélo en Wallonie, comme le recommandent les États Généraux Wallons de la Sécurité Routière depuis 2017. Nous attendons avec impatience que l’AWSR se penche sur les constats d’accidents à vélo des dernières années.