Depuis 2018, le projet 365SNEL a permis à une centaine de personnes de tester un speed pedelec pour effectuer leurs navettes domicile/travail à vélo. Cette recherche révèle un potentiel certain pour ces nouveaux vélos, mais aussi la nécessité de changements législatifs et d'infrastructures pour favoriser leur essor.
Financé par le ministère flamand de l'Environnement, ce projet a permis à 106 personnes (64% d'hommes et 36% de femmes) sur 520 candidats de tester un speed pedelec (SP)1 par périodes de trois semaines.
Notons qu'une grande partie des candidats n'avait jamais roulé sur un vélo électrique auparavant (40%), tandis que 30% n'utilisait pas le vélo pour leurs déplacements domicile-travail. La sélection des candidats a privilégié des personnes qui utilisaient plutôt la voiture pour leur navettes.
Les distances parcourues se sont étalées entre 15 et 35 km. Les testeurs ont tous été interrogés sur les avantages et les freins à l'utilisation d'un SP, a priori et a posteriori.
Les avantages des speed pedelecs
Si la vitesse a été souvent citée comme motivation première, c'est au final la ponctualité et la santé qui se sont révélées être les avantages majeurs. Certains ont d'ailleurs révisé leur jugement antérieur sur la vitesse, car une assistance de 350 watts permet, certes, une appréciable vitesse de croisière entre 30 et 35 km/h, mais guère plus. Seuls des moteurs de 500 watts permettent d'atteindre les 35 à 40km/h de moyenne.
La plupart des testeurs ont aussi mis en avant le côté agréable de leurs trajets, et le fait de pouvoir se vider la tête complètement en rentrant du travail. Un bonus pour le mental.
Suite au projet, 18 personnes continuent à faire leurs navettes en SP, dont 13 en remplacement d'une voiture. Le taux de substitution voiture/vélo est donc important (72%).
Les obstacles à la pratique
Tentés par l'achat d'un SP après leur expérience, la plupart des testeurs sont cependant refroidis par son prix élévé. Pour certains modèles, on s'approche du prix d'une petite voiture.
Mais ce n'est pas tout, il y a aussi les règles de circulation des SP, calquées sur celles des cyclomoteurs B. Avec quelques exceptions pour les autoriser sur certains aménagements cyclables partagés avec les piétons, les rues cyclables, les rues scolaires...
Cela rend leur circulation compliquée, d'autant plus que beaucoup de facilités leur restent interdites : piétonniers, SUL, RAVeL, etc. Bref, un parcours en speed pedelec peut se révéler très alambiqué, voire dissuasif quand on se retrouve rejeté sur une chaussée fort fréquentée. Mais aussi délicat, quand on accompagne un enfant à vélo à l'école avant de partir travailler.
D'où cette demande émergente : pourquoi ne pas réguler la place des speed pedelecs via des limitations de vitesse, sur le modèle des engins de déplacement qui suivent les règles des piétons ou des cyclistes en fonction de leur allure ? Cela leur permettrait de choisir leur cheminement : à allure modérée avec les autres vélos et, à allure plus vive, sur la chaussée.
Se pose également la question des infrastructures cyclables, fort peu adaptées et pourtant obligatoires pour les SP dès que la vitesse autorisée dépasse les 50km/h : largeurs insuffisantes pour les dépassements, revêtements accidentogènes à vitesse élevée (bordures, trous, racines...).
Entre deux mondes
Ces nouveaux engins se situent à la lisière des deux mondes : vélo et cyclomoteur. De par leur assistance au pédalage, ils se démarquent du pur monde des cyclomoteurs. Mais l'Europe les a malgré tout classifiés comme tels : un choix pénalisant pour les constructeurs, qui doivent suivre tout le processus d'homologation des véhicules motorisés, avec un surcoût qui se répercute dans le prix d'achat du vélo.
La Belgique, et surtout la Flandre (50.000 SP immatriculés en 2022), est pour l'instant le premier marché européen du speed pedelec. Seule la Suisse, hors de l'Union européenne, fait mieux. Cela s'explique par la création en Belgique d'une catégorie spéciale "P" qui permet d'accorder certains avantages à ces "vélomoteurs" : indemnité domicile/travail, facilités accordées dans le code de la route, pas d'assurance véhicule obligatoire...
En dépit de ce coup de pouce, leur potentiel reste encore largement inexploité pour les navettes longue distance. Cela requiert de nouvelles adaptations, notamment concernant la qualité de l'infrastructure ou la simplification des règles du code de la route. Il reste également à travailler l'image de ces vélos, actuellement peu appréciés tant des piétons et autres cyclistes que des automobilistes.
Luc Goffinet
En savoir plus
► 365SNEL : Met een speed pedelec snel heen en weer in het verkeer
► Vélos électriques : les nouvelles règles
1. Speed Pedelec = vélo à assistance électrique bridé à 45km/h