Le GRACQ se réjouit de la signature ce 3 avril à Bruxelles d'une Déclaration vélo européenne par le Parlement, le Conseil et la Commission européennes. Cette déclaration de principe devrait servir de "boussole stratégique pour les politiques existantes et futures" et à "libérer le potentiel du vélo dans l'Union européenne". Il est maintenant impératif qu'elle soit suivie d'actions concrètes lors de la législature qui s'annonce.

European declaration on cyclingSous la pression du Parlement européen et d'une coalition de 18 états membres rassemblés autour de la Belgique (cocorico), les autorités européennes reconnaissent aujourd'hui (enfin) le vélo comme un mode de transport à part entière, dont il faut s'occuper à tous les niveaux de pouvoir.

Celui-ci est désormais considéré comme "l'un des modes de transport les plus durables, accessibles, inclusifs, abordables et sains, et d'une importance clé pour la société, l'économie européenne et le tourisme écologique". Tout en contribuant à la réalisation des objectifs du Green Deal.

Cette Déclaration vélo européenne, fraîchement signée ce 3 avril au Palais d'Egmont, scelle un compromis entre les institutions européennes et les états membres, comprenant 36 engagements qui visent à stimuler le vélo en Europe. En voici les principaux :

  • prendre en compte le vélo dans les investissements à tous les niveaux de pouvoir
  • davantage de financements européens en lien avec le vélo
  • prioriser le vélo dans tous les Plans urbains de mobilité durable en Europe
  • penser au vélo pour tous les publics (âge, genre, handicap, marginalisés...)
  • des infrastructures cyclables séparées et des vitesses "sûres" en mixité
  • des standards européens de qualité pour les aménagements cyclables
  • développer du parking sécurisé dans les lieux d'intermodalité
  • augmenter la capacité de transport des vélos dans les trains et les bus
  • soutenir les vélos en libre-service et la cyclologistique
  • produire davantage de vélos en Europe (y compris ses composants)
  • collecter et uniformiser les statistiques européennes sur le vélo

Notre analyse

On se réjouit bien sûr de voir enfin écrits noir sur blanc tous les principes essentiels d'une véritable politique cyclable européenne. D'autant plus qu'ils ont été concertés avec la Fédération des cyclistes européens (ECF). On attend toutefois de voir comment les institutions européennes, et les états membres, vont les concrétiser dans un futur proche. Surtout qu'il s'agit de principes souvent très généraux et... non contraignants :

La présente déclaration est constitutive d'une intention politique de l'Union de promouvoir et de mettre en œuvre les principes qui y sont énoncés. Elle n'a pas de valeur juridique contraignante. L'Union est chargée de mettre en œuvre la présente déclaration en coopération avec les États membres, conformément à leurs compétences respectives et dans le plein respect du droit de l'Union.

Côté regrets, nous déplorons qu'aucun objectif de part du vélo dans les déplacements en Europe ne soit fixé dans la déclaration. Le Parlement européen proposait pourtant en 2023 à la Commission de "doubler le nombre de kilomètres parcourus à vélo en Europe d'ici 2030". Un tel indicateur aurait permis de mesurer l'efficacité à long terme d'une politique cyclable.

De même, la déclaration parle "d'encourager les mesures visant à rendre plus abordable l'utilisation du vélo", mais sans mentionner la plus évidente qui figurait pourtant dans un avant-projet : utiliser la TVA réduite à 6% pour tous les services vélos (achat, réparation, location).

Malgré tout, cette Déclaration vélo européenne envoie un signal fort : le vélo est un mode de déplacement qui a désormais sa place dans toutes les politiques publiques (de l'international au local). Et ce message est envoyé pour la première fois à tout le continent. Qui attend maintenant un plan concret ou, à tout le moins, une stratégie.

Luc Goffinet

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