Une action de sensibilisation sur la distance de dépassement a été menée par le GRACQ Ixelles auprès des automobilistes de la place Flagey... à l'aide de "frites".
Vous vous sentez souvent en danger – ou avez déjà chuté – parce qu’un automobiliste vous a dépassé de trop près ? Vous n’êtes pas seul·e : selon une enquête du GRACQ, près d'un cycliste sur deux a déjà chuté ou failli chuter suite à un dépassement mal effectué1. Le code de la route impose pourtant de réduire sa vitesse et de respecter un mètre de distance pour dépasser un cycliste en agglomération (1 mètre 50 hors agglomération, où les vitesses plus importantes augmentent encore le danger). Mais certains automobilistes l'ignorent, ou ne mesurent pas ce qu’un mètre représente.
"Quasiment personne ne respecte la distance de 1 mètre en ville, estime François Cibot, co-coordinateur du GRACQ Ixelles. C'est dangereux parce que les cyclistes n'ont plus de marge de manœuvre pour faire un écart si une portière s'ouvre ou s'il y a un trou dans la chaussée." Le non respect des distances de dépassement est en effet une source d’accidents graves et un important facteur d’insécurité pour les cyclistes.
C’est pourquoi le GRACQ Ixelles a sorti son cornet de "frites" pour une première action pédagogique à destination des automobilistes, mais aussi des cyclistes. Une vingtaine d'activistes ixellois se sont rassemblés à proximité de la place Flagey et des étangs d’Ixelles un vendredi soir. Tous endossaient des chasubles au message explicite : "Dépassez LARGE". Certains d'entre eux ont circulé avec, fixées sur leurs vélos, des "frites" lumineuses matérialisant la distance à respecter. Une équipe piétonne a dans le même temps distribué une centaine de tracts aux automobilistes coincés dans le trafic. Faisant valoir qu'une vie vaut plus que quelques secondes sur un trajet, les bénévoles du groupe ont incité les conductrices et conducteurs à doubler avec prudence... ou à attendre (en adoptant la devise "Si c’est étroit, je ne dépasse pas !"). Quant aux cyclistes, en particulier dans les rues trop étroites pour que le mètre de sécurité soit respecté, le groupe les a appelés à prendre leur place dans le trafic en se mettant au milieu de la chaussée (une recommandation systématiquement dispensée lors des formations "À vélo dans le trafic" de l'association).
Avec cette action de sensibilisation, que le groupe souhaite reconduire dans d’autres rues de Bruxelles, "le GRACQ fait sa part du travail pour améliorer la sécurité des cyclistes et contribuer à la convivialité dans le trafic, estime François Cibot. Mais il est évident que des actions ponctuelles n’auront jamais l’impact que pourraient avoir de grandes campagnes d’information dans les médias audiovisuels. Ni l’impact de sanctions plus systématiques contre les comportements dangereux au volant, parmi lesquels le non respect des distances de dépassement. Nous en appelons donc aux pouvoirs publics, en particulier à la Région Bruxelles-Capitale, pour communiquer et agir fortement afin de faire évoluer les mentalités, et que s’améliore enfin la sécurité des usagers les plus vulnérables."
Céline REMY
1. D'après une enquête menée en 2017 par le GRACQ auprès de 964 cyclistes, 48% affirment avoir déjà chuté ou manqué de chuter suite à un dépassement mal effectué.