Le nouveau Schéma de Développement du Territorial (SDT) propose un ensemble de mesures destiné à répondre aux besoins futurs de le population en Wallonie. Ce projet est soumis à enquête publique jusqu'au 5 décembre. Le vélo y figure bien mais, pour que son potentiel soit pleinement exploité dans les futurs développement territoriaux, nous proposons quelques améliorations à la Région.
Tout d'abord on saluera les éléments positifs pour le vélo dans le SDT, qui prône :
des équipements de service public facilement accessibles par les modes actifs
des centres commerciaux qui se développent en veillant à favoriser la centralité
la continuité des itinéraires et la sécurité des aménagements cyclables
des cheminements cyclistes adéquats (pentes, revêtements, sans obstacles)
des modes actifs privilégiés lors des réaménagements ou créations d’espaces publics
un trafic apaisé dans les villes et les villages (boulevards urbains, zone 30, résidentielle)
des plans communaux de mobilité qui intègrent des plans de déplacement vélo
une part modale des déplacements à vélo qui atteint 5 % en 2030 et 10 % en 2050
une utilisation plus parcimonieuse des sols en Wallonie
On y lit également que "le développement d’un réseau maillé d’itinéraires cyclables sécurisés permet de compléter la structure des réseaux de communication et d’améliorer la desserte des pôles de services, de commerces, d’enseignement et d’emplois ainsi que des sites touristiques. Le soutien de ce mode de déplacement est confirmé par la création d’autoroutes cyclables."
Néanmoins, le SDT continue à centrer le réseau cyclable wallon principalement sur le RAVeL, allègrement considéré comme une future "autoroute vélo". Il reste aussi trop timide en matière de réduction des vitesses, et ne propose pas assez d'indicateurs pertinents pour mesurer les progrès du vélo (on ne peut pas juste compter les kilomètres d'infrastructures ou les accidents à vélo).
Pour en faire part à la Région wallonne, nous vous proposons d'envoyer le texte ci-dessous au Collège communal de votre commune (e-mails acceptés) en votre nom propre (seules les réactions de citoyen.ne.s sont prises en compte) et en respectant le format de cette lettre (le contenu lui vous est propre bien sûr).
Pour le contenu vous pouvez y mettre d'autres remarques, après avoir lu tous les documents de l'enquête publique. Et donner aussi votre avis sur d'autres pans du SDT, tels que la croissance envisagée du trafic aérien, de nouvelles autoroutes, et une future ligne à grande vitesse pour desservir Charleroi (plus d'infos sur le site d'Inter-Environnement).
Révision du schéma de développement du territoire
Le SDT contient un certain nombre de mesures favorables au développement du vélo en Wallonie, que je soutiens pleinement (modes actifs privilégiés lors des refontes ou créations d'espaces publics, apaisement des quartiers, itinéraires cyclables continus et sécurisés, plans vélos communaux, etc.) Voici quelques remarques visant à améliorer le projet initial, afin que la mobilité à vélo soit encore mieux prise en compte dans la version finalisée du SDT.
Objectif DE3 (Développer des espaces publics de qualité, conviviaux et sûrs)
Mesure de Gestion et de Programmation : Aménager des zones urbaines ou locales apaisées (zones 30km/h) avec un partage de l’espace public en faveur des modes actifs.
Nous pensons qu'il faut aller plus loin. A l’instar de ce qui est en vigueur aux Pays-Bas et de ce qui se met en place à Bruxelles et dans de plus en plus de villes européennes, le 30km/h doit être généralisé dans tous les quartiers de ville/village (à l’exception des axes de transit automobile, où les piétons et cyclistes doivent être là clairement séparés et protégés du trafic). Le 30mk/h doit devenir la vitesse par défaut en agglomération.
Mesure de suivi : GÉRER LE PARTAGE DE L’ESPACE PUBLIC : Evolution du nombre d’accidents piéton – automobiliste et cycliste – automobiliste dans les villes
Il faut y ajouter l’évolution des parts modales des modes de transport (via un véritable observatoire de la mobilité). Car il pourrait très bien ne plus y avoir d’accidents, du fait qu'il n'y aurait tout simplement plus de piétons/cyclistes. Pour être correctement interprété, le nombre d'accidents pour un mode de transport doit être rapporté au nombre de déplacements de ce mode (risque relatif).
Objectif DE4 (Soutenir les modes de transport plus durables)
"Le développement d’un réseau maillé d’itinéraires cyclables sécurisés permet de compléter la structure des réseaux de communication et d’améliorer la desserte des pôles de services, de commerces, d’enseignement et d’emplois ainsi que des sites touristiques. Le soutien de ce mode de déplacement est confirmé par la création d’autoroutes cyclables. Le RAVeL constitue un formidable atout de la Wallonie pour améliorer la mobilité quotidienne et permettre le développement économique local au-delà du vélo-tourisme, de la découverte du patrimoine, et de la promotion de la santé par la pratique d’une activité physique régulière. Le RAVeL constitue la colonne vertébrale du maillage « vélo » de la Wallonie et passe par la plupart des centres des villes. Sa promotion constitue à ce titre une alternative à la voiture individuelle pour les déplacements domicile-école et domicile-travail." (p 104)
Le RAVeL ne passe pas par la plupart des lieux urbanisés en Wallonie. Il n’est pas non plus une autoroute cyclable : c’est un chemin partagé par tous les non motorisés. S’il peut servir à certains déplacements à vélo en Wallonie, il ne peut être qu’une partie d'un véritable réseau de cheminements cyclables qui devrait desservir toutes les zones d’emploi, scolaires, résidentielles et commerciales.
Ce « réseau fonctionnel » pour les déplacements à vélo doit être sans détours inutiles. Cela implique donc de le faire passer sur certaines routes régionales ou communales, le long de voies ferrées en service et de cours d’eau (tracés les plus directs et présentant le moins de relief). En voirie, les aménagements de ce réseau devront aussi être sécurisés, condition sine qua non à leur utilisation, et confortables (revêtements lisses et absences de trous/ressauts). Sur les voiries régionales, où le trafic est à la fois rapide et intense, les aménagements cyclables doivent être séparés physiquement de la chaussée.
Mesure de suivi : DÉVELOPPER UN RÉSEAU CYCLABLE AMBITIEUX - Nombre de kilomètres de pistes cyclables aménagées.
Le kilométrage de pistes cyclables ne peut servir à mesurer à lui seul la qualité d'un réseau cyclable. Il faut lui ajouter l’évolution de la part modale du vélo (via un véritable observatoire de la mobilité), ainsi qu'un indice d'entretien de ces aménagements. S'ils ne sont pas entretenus ils sont en effet inutilisables.
Obejctif DE5 (Organiser la complémentarité des modes de transport)
Mesure de suivi : DÉVELOPPER LES POINTS DE CONNEXION INTERMODAUX
Il faut y ajouter comme indicateur le nombre de places de stationnement vélo (simples/couvertes/sécurisées).
Objectif PV5 (Atouts et leviers du développement touristique)
Mesure de Gestion et de Programmation : PROTÉGER LES SITES TOURISTIQUES - Gérer le stationnement des véhicules automobiles et des cars de tourisme
Il faut y ajouter le stationnement des vélos (car de plus en plus de touristes parcourent la Wallonie à vélo).