Si le Plan Air Climat Energie (PACE 2030) de la Wallonie se révèle plus ambitieux que sa version de 2019, et que le vélo y est bien pris en compte via Wallonie Cyclable, les limitations de vitesse sur les routes wallonnes restent hélas un tabou tant pour le climat que la sécurité routière.

Nous n'analysons ici que le volet mobilité du PACE. Toutefois, sachant que la mobilité représente 30 % de nos émissions de gaz à effet de serre en Wallonie, c'est un gros morceau du problème qui mérite que l'on s'y s'attaque énergiquement.

On note dès lors très positivement dans le Plan climat wallon tous les éléments suivants :

  • Urbaniser de façon efficiente à proximité des noeuds de transport
  • Appliquer réellement le principe STOP (piétons d'abord, puis vélo, TEC, voiture)
  • Développer l'éco-tourisme de proximité en Wallonie (à vélo aussi)
  • Appliquer pleinement le plan Wallonie Cyclable et financer les communes
  • Imposer du stationnement vélo dans les immeubles (via le GRU)
  • Introduire une gestion dynamique de la vitesse sur les routes wallonnes

Si tous ces points nous réjouissent, nous sommes cependant déçus du dernier point qui est loin d'être anecdotique. La vitesse sur nos routes est en effet le facteur d'insécurité n°1 pour la pratique du vélo en Wallonie, tant en agglomération qu'en dehors, où le 50 kmh et le 90 km/h sont la norme et les zones 30 et 70 l'exception. Et donc un frein majeur au vélo.

Ralentir pour le climat et la sécurité

En Wallonie, en l'absence d'aménagements cyclables séparés, rouler à vélo sur des routes à 90 km/h est dissuasif pour la population. Or une grande partie du réseau routier wallon est dans ce cas de figure et reste dangereux.

Ville 30 (logo)Par ailleurs, dans nos villes et nos villages, une vitesse plus sécurisante de 30 km/h n'est appliquée que devant les écoles, sur des rues isolées les unes des autres, ce qui ne crée aucune habitude de "lever le pied" dès qu'on rentre dans un quartier. La majeure partie de nos agglomérations reste donc soumise à des vitesses élevées.

Fin 2020 les Etats Généraux wallons de la Sécurité Routière recommandaient déjà de généraliser les zones 30/20 en agglomération, et d'étudier une diminution du régime de vitesse à 70 ou 80 km/h sur les routes hors agglomération. Deux ans plus tard, rien n'a encore été fait dans ce sens par la Ministre de la Sécurité routière, malgré des statistiques d'accidents de la route reparties à la hausse en 2022 (1/4 des décédés sont désormais des usagers vulnérables).

Voici, résumées, les ambitions du nouveau Plan climat à ce sujet :

En concertation avec les communes, déployer les zones apaisées dans les agglomérations (zones piétonnes, 30, 20…) et favoriser la réduction de vitesse de 90 à 70km/h sur les autres routes, en fonction de la réalité du bâti et la sécurité de l’ensemble des usagers.
Mettre en place une gestion dynamique des vitesses sur les axes structurants et promouvoir l’écoconduite et les campagnes de réduction de la vitesse

On s'en remet ainsi dans le Plan climat wallon essentiellement à des incitants à lever le pied et à la bonne volonté des communes, dont on sait combien ce sont des leviers peu efficaces face aux urgences climatiques et d'insécurité routière. On est même loin des recommandations du Panel citoyen wallon pour le climat mis en place par la Wallonie elle-même en 2021 :

5.2.5 Revoir les limitations de vitesses : 30 km/h en ville (favoriser les modes actifs), 90 km/h sur nationales et 100 km/h sur autoroutes

On est donc aux antipodes des Pays-Bas, où le 30 km/h est généralisé en agglomération (hors des axes de transit automobiles) et où le 80 km/h et le 60 km/h sont la norme en dehors. Sans parler du 100 km/h sur autoroute (une autre mesure climatique efficace). Même à Bruxelles le 30 km/h est devenue la norme et le 50 km/h l'exception.

La réduction structurelle des vitesses est bel et bien une combinaison gagnante pour le climat et la sécurité routière. Malheureusement elle n'est toujours pas à l'agenda en Wallonie...

Luc Goffinet

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