Le passage du tout à l’auto vers un aménagement urbain qui fait plus de place à la mobilité active ne se fait pas sans heurts. Depuis longtemps déjà, le développement d’infrastructures pour favoriser l’usage du vélo provoque des débats. Aux États-Unis, le New York Magazine a nommé "bikelash" la contre-réaction face à la montée du vélo et au développement de nouvelles infrastructures vélo. Elle s’illustre par une résistance, une hostilité même, des non-cyclistes à la place croissante du vélo dans l’aménagement urbain et les politiques de mobilité.
Comme nombre de villes états-uniennes mènent désormais des politiques plus favorables à la mobilité active, cette résistance et cette expression "bikelash" se sont répandues à travers le pays. Cette résistance se manifeste de différentes façons dans le débat public. Parfois par des réactions agressives de la part d’automobilistes, mais aussi par des engagements plus forts comme celui d’un groupe qui, à Brooklyn, a entrepris des procédures légales pour éliminer une piste cyclable.
Les associations cyclistes considèrent qu’il s’agit d’une phase normale dans la lutte pour une politique de mobilité différente, une phase qu’il faut aborder avec patience et optimisme. Selon les sociologues, elle correspondrait à la phase deux de tout processus de changement sociétal :
- Dérision des nouvelles idées ou modes de vie (= rigoler des cyclistes)
- Opposition, parfois violente (= les bousculer ou les critiquer dans les médias)
- Banalisation (= la majorité soutient le changement, s’y opposer devient mal perçu)
- Normalisation (= le nouveau comportement devient la norme et on n’imagine même plus autre chose)
On considère ainsi que le "bikelash" existe parce que les politiques déjà adoptées ont commencé à faire la différence, parce qu’il se manifeste là où on est au cœur de décisions difficiles sur des enjeux qui détermineront ce que sera la vie demain, en particulier dans les villes. Ce phénomène existe parce que nous avons un certain succès, soyons donc patients, optimistes et…. déterminés.
Marcel Pepin
SOURCE : CITY LAB