C'est une première : le lancement d'un système de vélos partagés dans une grande ville s'accompagne d'une formation gratuite. Belfast a en effet demandé à l'association britannique Sustrans de former ceux qui le souhaitent à la conduite à vélo en ville. 

Catherine Van Loo

Pour vous en parler, nous avons interrogé une jeune Belge expatriée dans la capitale de l'Ulster, Catherine Van Loo, qui a suivi cette formation.

Belfast n’est pas une ville réputée pour sa cyclabilité (on est loin de Cambridge ou de York), est-ce qu’un cours de vélo est efficace pour apprivoiser la ville à vélo ? Sent-on une grande différence entre l’avant et l’après formation ?

Il n’y a aucun doute à cela, Belfast n’est pas la meilleure ville pour rouler à vélo ! Les bandes cyclables commencent doucement à apparaître mais sont encore rares en dehors du centre – et  souvent considérées par les voitures comme des places de parking alternatives ! Pour moi qui étais habituée au piétonnier de Louvain-la-Neuve, il s’agissait bien sûr d’un gros changement. Le cours s’est donc présenté comme une occasion idéale d’apprivoiser ce nouvel environnement et il a été réellement bénéfique. Dans une ville où les vélos sont encore parfois mal accueillis pas les autres usagers de la route, ma tendance naturelle était en effet de prendre le moins de place possible, de longer humblement les trottoirs – voire d’y retourner à l’approche d’un grand carrefour ! Cette attitude, quoi que bien compréhensible, me rendait beaucoup plus vulnérable aux voitures qui pouvaient me dépasser. Les moniteurs m’ont appris à mieux occuper l’espace et à respecter les distances adéquates pour me rendre visible des autres conducteurs. Ils m’ont rendu beaucoup plus confiante et je me sens beaucoup plus en sécurité depuis.

Comment sont organisés ces cours de vélo de Sustrans ?

Les cours sont organisés en trois niveaux. Les professeurs vérifient tout d’abord dans un endroit sécurisé que les apprentis cyclistes maitrisent bien leur véhicule (freiner, tourner, rouler avec une main). Ceux-ci sont ensuite amenés sur des rues peu fréquentées pour (ré-)apprendre toutes les bases de la conduite sur route, avec une attention particulière au regard – ce fameux petit coup d’œil en arrière qui peut vous sauver la vie ! Après ce premier avant-goût, les élèves sont invités pour deux heures de conduite intensive au cours desquelles ils apprennent à rouler dans de plus grands carrefours ou rond-points. Le tout se passe dans la convivialité et la bonne humeur ! Je regrette que ces cours n’ont été à Belfast qu’un évènement isolé et qu’ils ne seront pas réorganisés prochainement. J’espère néanmoins qu’ils ont joué un petit rôle et ont convaincu plus de gens de monter sur leur vélo dans leur vie de tous les jours !

En tant que femme, comment te sens-tu à vélo en ville : regard des autres, sécurité, liberté… et féminité ?

Il y a en effet beaucoup de préjugés à Belfast sur l’esthétique du cycliste. Dans un pays où la pluie est une possibilité constante, il faut idéalement être équipé de pantalon et veste imperméables dont le charme reste… limité ! Et je l’avoue volontiers : il n’est pas toujours évident d’aller au travail à vélo lorsqu’on vous y attend avec un tailleur, des talons et un brushing impeccables. Mon bureau bénéfice heureusement de douches qui me permettent de me changer sur place. Cela peut paraître beaucoup d’organisation et de contraintes pour certains, mais la liberté et le bien-être que j’en reçois en valent largement la peine ! Mon petit vélo blanc à fleurs et son panier de paille sont aujourd’hui devenus emblématiques de notre parking !

Luc Goffinet

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