En matière de vélo, les femmes et les hommes ne sont pas égaux. Si le développement d’infrastructures sûres permet d’encourager davantage de femmes à se mettre en selle, leur sous-représentation systématique dans la population cycliste s’explique aussi par la conjugaison de facteurs divers. Des solutions existent pourtant pour rendre l'univers du vélo et sa pratique plus inclusifs. 

La proportion de femmes à vélo est souvent considérée comme un bon indicateur de "cyclabilité". Les femmes perçoivent généralement le risque de façon plus accrue que les hommes et ont par conséquent besoin d’infrastructures cyclables de meilleure qualité et d'un réseau organisé de manière optimale pour se mettre en selle. Une proportion élevée de femmes à vélo indiquerait donc que le réseau cyclable existant offre suffisamment de sécurité, de continuité, de cohérence et de confort. En région bruxelloise, cette proportion atteint 39% en 2024, contre 31% dix ans plus tôt. L’amélioration de l’infrastructure n’est clairement pas étrangère à cette progression. 

Le vélo, un univers masculin ?

En dépit d’une disposition plus prononcée des femmes à se diriger vers des choix sains et en accord avec la nature, les constructions socio-culturelles associées au genre, mais aussi à l’univers du vélo, constituent un réel frein à la mise en selle pour le public féminin. 

Le partage genré des responsabilités ménagères et familiales (accompagner les enfants à l’école ou aux activités extra-scolaires, faire les courses, s’occuper de proches…) contraint les possibilités de déplacement à vélo, d’autant plus lorsque ces tâches impliquent des chaînes de déplacement plus complexes.

Maman et enfants

Plus largement, les représentations liées à l’univers du vélo sont encore très largement associées à une image masculine : qu’il s’agisse de la pratique du vélo (utilitaire, de loisir ou sportif), ou du secteur professionnel (mécanique vélo, cyclolostique, aménagements cyclables…). Les femmes éprouvent dès lors davantage de difficultés à se projeter dans ce milieu dont le caractère très masculin est entretenu par la publicité et la communication.

Un apprentissage inégalitaire

Cette inégalité trouve ses racines dès l’enfance : les petites filles bénéficient en moyenne d'un apprentissage du vélo légèrement plus tardif que les garçons, et sont plus nombreuses à ne jamais apprendre à faire du vélo. Un clivage qui se renforce à l’adolescence : alors que les garçons sont encouragés investir l'espace extérieur, à fournir des efforts physiques et à prendre des risques, les filles sont davantage retenues à la maison et consacrent plus de temps aux tâches ménagères et à l’hygiène (se coiffer, s’habiller, se maquiller). Moins incitées à la pratique du vélo, les filles acquièrent inévitablement moins de compétences (pour réparer leur vélo, rouler au sein du trafic, maîtriser leur bicyclette…) et vont donc moins pratiquer le vélo. À l'âge adulte, beaucoup de femmes qui n'ont pas pratiqué le vélo durant l'adolescence n'osent pas reprendre le vélo par la suite de peur de ne pas être capables d'en faire. 

En raison de cette image très "masculine" associée au vélo, celui-ci a constitué très tôt un symbole de liberté et d’émancipation pour de nombreuses femmes. Aujourd'hui, la myriade de projets cyclistes axés sur les femmes traduit un mouvement croissant d’empowerment dans le secteur du vélo.

Des solutions pour plus d'inclusivité

Les obstacles à la pratique du vélo par les femmes étant multiples, le GRACQ plaide pour une combinaison de mesures destinées à favoriser l'usage du vélo par les femmes.

  • L’intégration d’une formation au vélo au sein du cursus scolaire permettrait d’assurer, très tôt déjà, un apprentissage plus égalitaire entre filles et garçons. 
  • L’amélioration de l’infrastructure cyclable, conjuguant sécurité objective, sentiment de sécurité et confort, est également une condition nécessaire à la mise en selle du public féminin, tout comme le développement de services vélo : parkings sécurisés, casiers, vestiaires/douches…
  • La création de formations dédiées à un public féminin (apprentissage du vélo, cours de mécaniques…), le développement d’une information adaptée à ce public (conseil d’équipement, itinéraires, astuces…) et la présence accrue de femmes dans les campagnes de promotion du vélo sont des vecteurs importants pour stimuler la mise en selle.

Mais pour agir plus profondément sur la représentation des femmes dans l’univers cycliste, il faut inciter les femmes à s’engager véritablementdans le secteur du vélo. Les inclure activement dans les discussions officielles et dans les processus d’aménagement de l'espace public. Favoriser leur accès à des postes où elles sont moins représentées, par exemple en ayant recours à la discrimination positive lors de recrutement, tout en veillant à développer un environnement inclusif propice à leur intégration au sein des entreprises et organismes.

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