Sachant que les budgets vélos alloués aux communes sont limités, il nous apparaît essentiel de ne pas les dilapider dans des dépenses peu prioritaires, comme des bornes de recharges pour les vélos électriques. Nous aimerions plutôt les voir alloués à du stationnement sécurisé.
Les budgets alloués via les plans d’investissement vélo et mobilité active (PIWACY et PIMACI) sont bien entamés et les premiers projets sortent de terre : traversées cyclables, piste cyclable, mais également stationnement vélo (simples arceaux ou parkings vélo sécurisés).
Le stationnement vélo reste un enjeu majeur de la mise en selle des usager.e.s. Le vol demeurant l’un des principaux freins à l’utilisation de ce mode de déplacement1, une bonne offre de stationnement réduit le risque de vol et incite donc les cyclistes à utiliser le vélo pour un maximum de leurs déplacements. A défaut d’entrer dans le détail des différents types de parking vélo, relevons un point d’attention qui a été régulièrement à l’ordre du jour des investissements des communes (avec un coût parfois conséquent) : les bornes de recharge de vélo électrique.
Si la démocratisation du vélo électrique a permis à la Wallonie de faciliter l’usage du vélo, d’aplanir le relief et de réduire les distances ; il apparait évident pour les communes, notamment plus rurales et vallonnées, de proposer des offres et services pour les vélos électriques. Dès lors, des stations et des bornes de recharge électrique semblent être une bonne idée. Oui mais en réalité pas vraiment, ou dans un nombre – très – restreint de cas.
On vous explique :
Parce qu’on maîtrise la recharge à son domicile ou son travail
Si la recharge d’un vélo électrique est presque journalière pour certain.e.s usager.e.s, les vélotafeur.euse.s vont généralement privilégier la recharge à leur domicile ou sur leur lieu de travail : des lieux sécurisés, abrités, et où l’on maîtrise le temps de charge.
Soulignons qu’il n’est pas conseillé de recharger et de décharger complètement sa batterie si l’on veut allonger la durée de vie de celle-ci. Comme toutes les batteries au lithium, elles doivent être préférablement maintenues à une charge se situant entre 20% et 80%.
Parce qu’on craint le vol dans l’espace public
Sur la plupart des vélos électriques, la batterie est détachable ; les cyclistes privilégient alors de l’emporter avec eux. En revanche, le chargeur de batterie n’est pas du tout sécurisé (contrairement à la plupart des batteries qui sont protégées par une clé), il est donc risqué de charger sa batterie dans l’espace public.
Parce que les batteries craignent les intempéries
Même en grande partie protégée par une coque, la fiche reliée à la batterie du vélo n’apprécie pas l’eau. Lorsque le stationnement n’est pas (bien) protégé, le risque de court-circuit peut s’avérer important.
Un coût et des contraintes conséquentes pour les communes
En outre, l’aménagement d’un stationnement vélo qui comprend des bornes de recharge complexifie son installation, puisqu’il faut dans ce cas assurer un raccordement électrique. L’installation et l’achat de base seront plus conséquents, tout comme l’entretien.
Mais alors ces bornes de recharge électrique sont-elles vraiment à oublier ?
- Sur certains itinéraires cyclotouristiques majeurs (VennBahn, certains RAVeL fort empruntés), ces bornes peuvent être envisagées. Mais il faut alors le faire de manière raisonnée, dans des espaces où les cyclovoyageur.euse.s vont potentiellement s'arrêter un moment : offices de tourisme, place centrale avec des aménités et restaurants, etc.
- Installer des casiers sécurisés où l'on peut charger sa batterie détachable, plutôt que des arceaux munis d'une prise, semble également plus efficient et potentiellement moins coûteux.
- Il sera par ailleurs préférable d'opter pour des bornes de recharge rapide, plus coûteuses mais beaucoup plus efficaces (entre 30 et 90' pour une recharge complète, contre 3 à 8h avec une borne "classique"), notamment pour des arrêts de moyenne durée2.
Casier sécurisé destiné à la recharge de batterie de vélo électrique (Source : Vélo & Territoires)
La demande reste néanmoins relativement faible et d'autres demandes semblent plus urgentes pour répondre aux besoins de la majorité des cyclistes en termes de stationnement. Dans un contexte de rationalisation des dépenses publiques, il est donc important de sensibiliser les pouvoirs publics à des investissements cohérents, notamment en matière de stationnement vélo, qui constitue un enjeu primordial du développement de l’usage du vélo.
La consultation des groupes locaux et des permanent.e.s du GRACQ, des bureaux d’études spécialisés dans la mobilité, ou encore des structures spécialisées dans le stationnement vélo comme V-lock ASBL doit s’intégrer dans la réflexion et permet une stratégie cohérente et structurée du stationnement vélo sur un territoire.
Alexandre Hagenmuller
1. Le vol de vélo, un frein à la pratique | Imagine
2. Installer des bornes VAE le long des itinéraires cyclables : un sujet électrique | Vélo & Territoires