Le nouveau gouvernement wallon a publié son catalogue d'intentions pour les cinq prochaines années. Les acquis de la législature précédente, comme le réseau cyclable structurant et les subsides communaux, semblent maintenus. Mais peu de nouvelles mesures sont relevées en termes de sécurité routière. L'ambition de l'exécutif wallon ne se révèlera aussi réellement que dans les (futurs) budgets accordés au vélo.

On se réjouit tout d'abord de lire dans la nouvelle Déclaration de politique régionale (DPR 2024-2029) que le gouvernement reprend à son compte la vision FAST 2030 (= 5% de déplacements à vélo en Wallonie à cet horizon). Il entend y arriver comme suit :

Les modes actifs seront encouragés, notamment à travers l’amélioration et la création d’infrastructures sécurisées de qualité, inclusives, et d’équipements connexes (stations vélo, passages piétons, bancs, etc.) en concertation avec les acteurs locaux et en consultant les usagers.

Via un plan d’investissement, le Gouvernement finalisera le réseau structurant cyclable en concertation avec les communes, les régions et les pays voisins pour les zones frontalières et il encouragera également le développement du réseau communal en rationalisant les instruments de financement existants.

L’accent sera mis sur les tronçons à fort potentiel cyclable, les chainons manquants, les stationnements sécurisés, les points de passage dangereux sur les routes régionales, et les réseaux RAVeL, EuroVelo et RTE-T.

Le Gouvernement reverra aussi les exigences techniques de ces infrastructures en tenant compte de la réalité communale.

Plusieurs points très importants pour nous (concertation des usagers, sécurité, inclusivité, stationnement, réseau structurant à finaliser) s'y retrouvent. C'est un bon départ. Par contre une déception importante : le principe STOP (priorité au piéton, puis au cycliste, puis aux TC, puis voiture), qui figurait dans l'ancienne DPR, a disparu de celle-ci.

En ce qui concerne le financement des communes, la formulation est intéressante mais ambigüe. On sait que les communes wallonnes doivent actionner pas mal de leviers financiers différents pour arriver à construire leur infrastructure cyclable, ce qui demande beaucoup de temps, d'énergie et de ressources humaines. Rationnaliser les sources de financement n'est donc pas en soi du tout une mauvaise chose. Par contre, un contrôle de qualité par le SPW doit être maintenu, pour éviter les dérives que l'on constate parfois dans le chef de certaines communes (aménagements pas du tout pertinents pour le vélo...).

Vers une multimodalité facilitée ?

Ces quelques lignes de la DPR 2024-2029 rejoignent pas mal de nos demandes récurrentes :

Le Gouvernement veillera à la sécurisation et l’amélioration des cheminements piétons et cyclables vers les gares, mobipôles, mobipoints, et arrêts de bus, ainsi que l’installation d’équipements vélo sécurisés et mobiliers urbains aux abords de ceux-ci.

Un réel accès sécurisé aux pôles d'intermodalité et du stationnement sûr sont des conditions indispensables pour prendre le bus ou le train.

Un autre point intéressant se retrouve en fin de chapitre :

La Région favorisera l’autopartage et le cyclopartage, notamment en facilitant l’implantation de ces services par des investisseurs privés, en ce compris dans les zones rurales et les périphéries des villes.

Quid de la sécurité routière ?

Ville 30 (logo)Tout d'abord un bon point : le nouvel exécutif s'inscrit dans la vision zéro (morts) pour 2050. Il compte y parvenir en "mettant l’accent sur le changement durable des comportements sur nos routes". Mais la mesure phare préconisée par tous les experts en sécurité routière, à savoir la réduction des vitesses à 30 km/h en agglomération et 70 km/h en dehors, ne s'y trouve absolument pas. On évoque juste des "vitesses dynamiques adaptées aux conditions climatiques, moments et circonstances".

Pire, la seule mesure évoquée pour les cyclistes est de "plaider auprès des autorités fédérales en faveur du port du casque pour les cyclistes et trottinettistes". En résumé c'est à l'usager vulnérable de se protéger, pas aux véhicules (de plus en plus lourds, massifs et puissants) de lever le pied ! Nous déplorons profondément cette philosophie qui revient à entériner la loi du plus fort sur nos routes.

Et pour les associations ?

Une bonne nouvelle pour terminer, la précarité financière des associations pourrait être atténuée via un nouveau mécanisme de financement pluriannuel :

L’autonomie d’action et de conviction du secteur associatif sera pleinement garantie. Le Gouvernement réduira la dépendance des associations aux financements facultatifs annuels, fragilisant la dynamique de ces structures et leur capacité de rétention de leur personnel. Après une analyse de chacun de ces crédits thématiques, de leur objet et de leur éventuelle redondance, la bascule vers des financements quinquennaux pérennes sera favorisée, offrant une perspective pluriannuelle claire et rassurante sur les moyens octroyés.

Le solde des crédits facultatifs sera partagé entre le maintien d’un montant destiné à soutenir des initiatives innovantes et le montant participant à l’effort budgétaire. L’heure n’est plus à avoir des ministres octroyant des subsides ci et là, parfois de quelques centaines ou milliers d’euros, pour faire plaisir à des initiatives très locales, selon le principe du fait du prince.

Notre avis synthétique

Nous nous réjouissons de lire que le nouvel exécutif wallon va poursuivre la plupart des grands chantiers entamés sous la précédente législature (réseau wallon structurant et réseaux communaux notamment). Mais, pour atteindre les objectifs de la vision FAST (5% de déplacements à vélo en 2030), il faudrait aussi maintenir, voire amplifier, les budgets alloués au vélo. Or, rien n'est encore décidé à ce niveau à l'heure actuelle !

Nous déplorons aussi que les vitesses réduites, qui contribuent au succès du vélo en Flandre et à Bruxelles, soient oubliées par la nouvelle DPR. La sécurité du cycliste est renvoyée aux "bons comportements des usagers" et à ses "équipements de protection".

Le GRACQ sera dès la rentrée en contact régulier avec le nouveau ministre de la Mobilité/Sécurité Routière/Travaux Publics, François Desquesnes (Les Engagés), pour s'assurer d'une politique vélo efficace et de moyens suffisants pour y arriver.

Luc Goffinet

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