La concession Villo! arrive à son terme en septembre 2026. Qu’adviendra-t-il ensuite du système public de vélos en libre-service (VLS) bruxellois ? Le succès plus que mitigé du dispositif actuel ne remet pas en cause l’intérêt d’un tel système public, à condition d’en améliorer l’accessibilité et la performance.
Le recours aux vélos partagés, tous systèmes confondus, est assez modeste : moins de 5% des Bruxellois·es (un public majoritairement masculin et jeune) disposent d’un abonnement à un de ces systèmes [1]. Selon l’Observatoire du vélo, les vélos partagés représentent 3% des vélos comptabilisés à l’heure de pointe du matin, dont 2% de Villo! [2]
Alors que la concession Villo! arrive à son terme en 2026, Bruxelles Mobilité s’est posé la question de l’avenir du service public bruxellois de vélos en libre-service. [3]
Sans grande surprise, Villo! bruxellois se situe en queue de peloton, parmi les 20 métropoles européennes passées à la loupe. Là où les services les plus performants affichent une utilisation moyenne de 6,4 locations/vélo/jour (Paris, Barcelone), celle-ci est de 0,55 location/vélo/jour pour Villo!
La sous-performance du Villo! trouve son origine dans une combinaison de facteurs, à commencer par la lourdeur des vélos, peu compatible avec le relief bruxellois. Le système de batterie accessoire, lancé fin 2019, s’est avéré très peu convaincant. L'état des vélos est aussi pointé du doigt, tout comme les stations trop éloignées les unes des autres (400 m en moyenne). Ajoutons à cela un modèle de financement très décrié ("vélo contre pub") et un opérateur bien peu concerné par la mobilité.
VLS vs free floating, public vs privé
Si la fin du contrat liant JCDecaux et la région peut être l’opportunité de faire évoluer le système de VLS, il est légitime de s’interroger sur sa pertinence, à l’heure du free floating (sans stations fixes). Car rappelons-le, les sociétés Bolt, Dott et Voi se sont vu attribuer des licences de 3 ans, pour déployer 7.500 vélos en free floating sur le territoire régional.
De l’analyse régionale, il ressort qu’un système public conserve son intérêt, à condition d’y aller "plein pot", ce qui nécessiterait un investissement annuel évalué à 16 millions d'euros (soit l'entièreté de l'enveloppe actuellement dédiée à la politique cycliste). Le rapport recommande également le développement, en parallèle, d’un système de location longue durée, à l’image des Vélocité à Liège ou des Véligo à Paris, qui répond à des besoins différents de ceux couverts par le VLS.
Un des enjeux majeurs, pour le GRACQ, sera l'inclusivité du futur système, que l’on ne rencontre pas avec les systèmes en free floating actuels gérés par des opérateurs privés.
En effet, si en théorie ces vélos peuvent être utilisés sur l’ensemble du territoire, leur répartition géographique très inégale concentre les usages dans certaines zones de la région : certaines communes ne sont donc pas desservies en pratique. Contrairement à un système public, il n’y a pas de maîtrise de la tarification, et pas de garantie non plus de la pérennité du système : un opérateur privé peut, du jour au lendemain, cesser son activité (comme cela s’est déjà vu par le passé). Enfin, l’utilisation des systèmes en free floating reste exclusivement conditionnée à la possession (et à la maîtrise) d’un smartphone connecté. Cela en restreint de facto l’accessibilité, d’autant plus quand on sait que 17% des Bruxellois·es n’utilisent pas internet (ou rarement) pour leurs déplacements.[4]
Ce que demande le GRACQ
- Un système accessible au plus grand nombre : électrification des vélos, desserte fine de l’ensemble du territoire, tarification accessible, utilisation possible indépendamment d’un smartphone connecté...
- Un système public, découplé de la publicité, dont la gestion est assurée par un opérateur "mobilité".
- Un accompagnement spécifique des publics sous-représentés dans les utilisateurs des systèmes de vélos partagés (femmes, publics précarisés…).
En savoir plus
[1] Enquête sur le comportement de déplacement (2021 - 2022). Rapport d’analyse : Région de Bruxelles-Capitale. Focus Vélo. Bruxelles Mobilité et Universiteit Hasselt, 2023.
[2] Observatoire du vélo en région de Bruxelles-Capitale. Rapport 2023. Pro Velo, 2024.
[3] BEROUD B., VAN ZEEBROECK B., PEDUZZI E., Quel avenir pour le service public bruxellois de vélo en libre-service ? Synthèse de l’étude préparatoire pour le VLS de la Région de Bruxelles-Capitale en 2026 : Benchmark et recommandations, [Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles Mobilité], Avril 2024.
[4] Baromètre de la Mobilité – Enquête 2021, Bruxelles Mobilité.