Le potelet est couramment employé comme dispositif anti-intrusion pour bloquer l’accès des véhicules automobiles ou le stationnement sauvage sur les cheminements cyclables. Si l’installation correcte et soignée de potelets est relativement efficace à cet égard, des potelets non adaptés pour des aménagements cyclables ou mal installés empêchent également le passage de certains types de vélos, tout en faisant courir un risque à leurs conducteur⸱trice⸱s et aux enfants transportés.

Le florilège d’aménagements suivants illustrent ce propos :

  • potelets en métal à angles saillants installés (retirés depuis lors) sur une cyclostrade
  • série de potelets imposant une manoeuvre très délicate avec un vélo classique, totalement impossible avec un vélo cargo, longtail ou avec une remorque
  • potelets placés sur la trajectoire naturelle des cyclistes sans marquage d’approche
  • et même un rocher !

Ces dispositifs (facilement) évitables dans de bonnes conditions (météo, visibilité, petit nombre de cycliste) représentent un risque significatif par temps pluvieux, mauvaise visibilité, obscurité, affluence ou groupe de cyclistes. Les conséquences peuvent être graves pour le cycliste qui perd l’équilibre et chute, ou pour l’enfant transporté dans un siège ou une remorque. Une simple recherche sur les réseaux sociaux avec le mot clé "potelet" permet de trouver de nombreux accidents causés par ceux-ci.

Dans le cas d’une voirie automobile, des prescriptions strictes régissent le placement d’un poteau de signalisation ou autre placé au milieu d’une voirie, ceci alors que le risque d’infliger des blessures potentiellement graves existe dans un cas comme dans l’autre.

Des potelets que l'on restreint désormais aux Pays-Bas

Cette problématique de l’inconfort et les dangers causés par les potelets a amené le Fietsberaad-CROW (centre d’expertise pour la mobilité cycliste aux Pays-Bas) a rédiger voici déjà une décennie un guide au sujet des potelets anti-intrusion afin de restreindre leur nombre au strict minimum et dans le cas où leur placement est jugé indispensable en limiter les inconvénients et dangers pour les cyclistes. Celui-ci a été repris presque mot pour mot par le Fietsberaad flamand.

Les étapes clés du schéma décisionnel pour le placement de potelets anti-intrusion sont avant tout, de se poser la question de la nécessité ou non de recourir à des potelets en évaluant le problème et les autres solutions possibles. Il est également important de considérer les inconvénients posés par les potelets qui empêchent ou ralentissent le passage des véhicules de secours, de déneigement et d’entretien.

Si après ce diagnostic, le placement de potelet est jugé nécessaire, il est primordial d’utiliser un type de potelet adapté : de forme arrondie, de diamètre suffisant, en plastique de préférence et si possible à mémoire de forme, de couleur contrastée par rapport à leur environnement et avec des bandes rétroréfléchissantes. Ceux-ci doivent être placés hors de la trajectoire naturelle du cycliste, avec une largeur de passage suffisante (>160 cm), un marquage d’approche (ligne continue de part et d’autre et au niveau du potelet et si possible stries vibrantes) et à un endroit correctement éclairé.

Ce que l'on souhaiterait aussi en Belgique francophone

Les exemples repris plus haut ne répondent pas du tout à ces recommandations, contrairement à cet aménagement réalisé à Diegem sur la Fietssnelweg F3 :

Malheureusement, les recommandations reprises dans la Sécurothèque wallonne et également dans les Vademecums bruxellois sont peu détaillées, imprécises et incomplètes. Ce qui peut expliquer en partie certaines réalisations calamiteuses.

Le GRACQ est en contact avec la Région wallonne pour clarifier et étoffer les recommandations pour ce type d’aménagement dans une fiche spécifique traitant les potelets en s’inspirant des recommandations de la publication du Fietsberaad – CROW. En région bruxelloise également, le placement récent de potelets gênants (comme sur la piste cyclable de la rue de la Loi) a relancé les discussions autour des bonnes pratiques en la matière. 

Nicolas Selfslagh

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