La comparaison des infrastructures cyclables entre différents pays est un exercice compliqué. Certaines données sont indisponibles ou lacunaires, la nomenclature change d'un pays à l'autre, etc. Toutefois, si l'on prend des données ouvertes et relativement uniformisées comme celles d'OpenStreetMap (OSM), on peut obtenir une première image des infrastructures cyclables à un niveau national/régional. Même si ce n'est pas parfait, cette cartographie fait ressortir du peloton européen les régions qui font des efforts.

Que sont les données ouvertes d'OpenStreetMap ?

OSM est une base de données géographiques qui repose sur trois piliers. Premièrement, la base de données est gratuite pour quiconque souhaite l'utiliser et elle peut être éditée avec n'importe quel logiciel. Deuxièmement, OSM est ouverte. Cela signifie que toute personne motivée disposant d'un accès internet est libre d'y ajouter des informations cartographiques (comme dans Wikipédia). Enfin, le projet est collaboratif, fruit d'un travail collectif réalisé par des citoyen·nes motivé·es.

La qualité des données encodées dans OSM pour une zone varie selon :

  • le nombre d'encodeurs OSM présents dans la zone
  • leur énergie mise à cartographier complètement celle-ci
  • la qualité de leur encodage (respect des standards, des catégories, des bons tags)

Pour booster la cartographie d'une zone, des mapathons sont régulièrement organisés. Comme cela a été le cas en 2022 sur la commune de Gembloux, où des membres du GRACQ (en collaboration avec Pro Velo) ont cartographié pendant 15 jours, de façon quasi exhaustive, tous les aménagements cyclables ou favorables au vélo (zones 30, 20, etc) de leur commune. Toutefois les zones urbaines sont en général mieux couvertes que les zones rurales.

Exploiter les données vélo d'OpenStreetMap ?

​Dans les limites évoquées ci-dessus, OSM permet de sortir des données d'infrastructures cyclables (relativement) homogénéisées pour différents pays, bien mieux que des bases de données nationales, partielles, aux normes d'encodages différentes. Sur cette base, la Fédération des cyclistes européen (ECF) a lancé en 2022 un premier projet qui avait pour but de comparer les infrastructures vélo de 550 villes européennes, via les données d'OSM : Quantifying Europe's Cycling Infrastructure using OpenStreetMap (QECIO 1.0). Les infrastructures observées se limitaient aux pistes cyclables et cyclo-piétonnes.

En 2023, l'ECF a relevé d'un cran l'ambition de son comparatif (QECIO 2.0) en couvrant cette fois 37 pays et des régions (1.166, selon la classification européenne NUTS 3), en extrayant d'OSM 525.000 km d'infrastructures cyclables (dont 339.000 km séparées). Par rapport à la version précédente, le projet reprend aussi davantage de types d'infrastructures (SUL, bandes bus/vélo, rues cyclables) et affiche les informations sur des cartes interactives.

Alors que QECIO 1.0 n'indiquait que le rapport entre les infrastructures cyclables et le réseau routier principal, la version 2.0 calcule plusieurs autres ratios :

  • total infrastructures cyclables / réseau routier principal et local
  • total infrastructures cyclables séparées / réseau routier principal
  • total sens uniques limités (SUL) / total des rues en sens uniques

Quels enseignements pour la Belgique ?

 

Sans surprise le taux d'aménagements cyclables (au sens large) par rapport à la totalité du réseau routier est élevé en Flandre. A ce niveau la région d'Anvers se détache nettement. Dans le sud-est du pays ce taux chute dramatiquement. Seul le Hainaut et la région de Virton font un peu remonter la moyenne wallonne.

 

Cette carte est proche de celle du rapport entre les kms de pistes cyclables (ou cyclo-piétonnes) et les kms du réseau routier principal (à l'exclusion des rues résidentielles) :

 

Et puis la Belgique se classe 2ème en Europe pour le % de sens uniques convertis en SUL :

 

2023 ECF QECIO SUL

Même si la Wallonie est là aussi à la traîne (ou tout n'est pas bien encodé dans OSM) :

 

Tout ceci est bien sûr à apprécier avec les limites méthodologiques évoquées plus haut (encodage OSM faible dans certaines régions et de qualité variable) et avec le fait qu'un aménagement encodé dans OSM n'est pas nécessairement entretenu/praticable. Néanmoins c'est un outil destiné à s'améliorer au fil de la qualité des données publiques qu'il recueillera. Tout le monde peut d'ailleurs enrichir OSM de ses observations sur le terrain.

 

Luc Goffinet

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