Plus tôt dans l'année, le gouvernement bruxellois a annoncé son intention de retarder le calendrier de sortie des mobylettes et scooters (L1 et L2) thermiques. La mesure fait déjà l'objet d'une communication publique sur le site lez.brussels avant même son adoption officielle. Le GRACQ, tout comme d'autres acteurs associatifs, s'inquiète fortement des conséquences d'un tel report pour les cyclistes. 

Est-il encore utile de rappeler les conséquences dramatiques de la pollution de l’air ? Chaque année, 900 Bruxellois·es décèdent prématurément en raison de la mauvaise qualité de l'air [1]. Le coût pour les finances régionales a été estimé, en 2018, à 1,6 milliards d’euros, soit près de 1400€ en moyenne par Bruxellois·e [2]. Bien qu’ils représentent une faible part des véhicules qui circulent en Région bruxelloise (on en compte moins de 10.000), les mobylettes et les scooters thermiques (essence, diesel, gaz) sont une source significative de pollution de l’air. 

Des véhicules plus polluants, les cyclistes davantage touchés

En effet, une étude menée à Paris en 2019 [3] montre que, par unité de carburant consommé, les scooters essence Euro 4 (première immatriculation en 2020 au plus tard) émettent 3 fois plus d’oxydes d’azote (NOx) que les voitures essence Euro 6 (immatriculées en 2019 au plus tard). D’après le cabinet du ministre de l'Environnement, les scooters émettent même six fois plus d’oxydes d’azote qu’une voiture particulière essence.

Le gouvernement bruxellois étudie actuellement l’option d’étendre l’autorisation des mobylettes et scooters de norme inférieure à Euro 5 jusqu’en 2027 (au lieu de 2024) et des Euro 5 jusqu’en 2029 (au lieu de 2027). Plusieurs acteurs associatifs (qualité de l'air, usagers actifs) désapprouvent ce report et l'ont fait savoir au travers d'un courrier au ministre de l'Environnement. La sortie des mobylettes et scooters de norme inférieure à Euro 5 est particulièrement importante dans la mesure où ces véhicules sont les plus polluants.

Les usagers actifs, en particulier, s’inquiètent de ce report de calendrier. En effet, les cyclistes partagent à Bruxelles de nombreuses infrastructures avec les cyclomoteurs : ils circulent sur la plupart des pistes cyclables ainsi que sur les zones avancées pour cyclistes aux carrefours à feux. Les piétons, étant à proximité ou partageant cet espace, sont confrontés aux mêmes problèmes. Cyclistes et piétons respirent donc directement les émissions polluantes émises par ces véhicules. 

Des mesures d'accompagnement pour soutenir le calendrier

Le GRACQ soutient l'interdiction des mobylettes et scooters de norme inférieure à Euro 5 avant 2027 et des Euro 5 avant 2029. Dans un même temps, nous souhaitons l’interdiction de la circulation en région bruxelloise des scooters et mobylettes de norme inférieure à Euro 5 réimmatriculés à partir de 2024. Pour comparaison, la ville d’Amsterdam aux Pays-Bas n’autorisera plus, sauf exceptions, que les mobylettes et scooters électriques à partir de 2025.

Afin que cette transition ne prenne personne de court, il est nécessaire que le gouvernement bruxellois mette en place une communication large et claire au plus vite. Le GRACQ propose de créer un accompagnement financier pour les personnes qui en ont besoin, par exemple via une intégration des mobylettes et des scooters dans la prime Bruxell’air.

Florine CUIGNET

[1] Andrieux J., Eggen M., Bouland C. État des connaissances sur les liens entre environnement et santé en Région de Bruxelles-Capitale, Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale, 2020.
[2] De Bruyn S., De Vries J., Health costs of air pollution in European cities and the linkage with transport – CE Delft, Octobre 2020.
[3] TRUE, Emissions polluantes provenant de cyclomoteurs, motocycles et autres véhicules de catégorie L à Paris, 2019.

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