Un nouvel aménagement est en train de voir le jour sur la latérale du boulevard Lambermont à Schaerbeek, entre Louis Bertrand et Chazal : une rue cyclable d'un genre un peu spécial qui fait jaser sur les réseaux sociaux. Non sans raison.

Une rue cyclable est en cours d'installation sur la latérale du boulevard Lambermont, le long du parc Josaphat, sur le tronçon compris entre Louis Bertrand et Chazal. 

En 2020, ce tronçon avait été fermé à la circulation automobile et avait été converti en "chemin réservé". Le GRACQ s'était réjouit de ce grand pas en avant le long de cet axe vélo PLUS (réseau structurant vélo). C'est donc avec beaucoup de consternation que nous avons appris par voie de presse en avril dernier la volonté des autorités de faire marche arrière, et de rouvrir l'accès au trafic motorisé afin de réinstaurer du parking automobile sur l'ensemble du tronçon. En contradiction complète avec le plan régional de mobilité Good Move et le principe STOP[1]!

Rue cyclable : la bonne idée ?

Une rue cyclable a pour objectif de renforcer la circulation des cyclistes en leur assurant de bonnes conditions de confort et de sécurité, là où il n’est pas possible de créer un aménagement propre. Nous sommes bien loin de ce cas de figure, puisque la voirie a été interdite à la circulation automobile pendant deux ans. 

Latérale du boulevard Lambermont

La rue cyclable telle que prévue apportera peu d’amélioration par rapport à la situation avant 2020 : la largeur de la voirie, en présence de stationnement, n’est pas suffisante pour qu’un automobiliste soit autorisé à dépasser un cycliste. Nous doutons que l’ajout de quelques logos au sol et d’un panneau “rue cyclable” suffisent à prévenir les dépassements dangereux constatés précédemment.  

Des chicanes pour favoriser le dépassement

Sur les réseaux sociaux, un autre élément a fait réagir les cyclistes : la rue cyclable est entrecoupée à deux reprises par des pistes cyclables en chicane, afin de permettre aux véhicules motorisés de dépasser les cyclistes.

Piste cyclable en chicane sur la rue cyclable de la latérale du boulevard Lambermont

Il n'est jamais confortable pour un cycliste de ressentir la pression d'un véhicule derrière soi, d'autant plus en montée, d'autant plus sur un long tronçon, et d'autant plus pour les cyclistes moins aguerris ou plus lents. D'où l'idée des ces "chicanes"... 

Ce double aménagement nuit pourtant à la cohérence du dispositif et à la lisibilité de la “rue cyclable”. Alors que la rue cyclable autorise le cycliste à utiliser l’entièreté de la chaussée, les pistes cyclables marquées le contraignent au contraire à se coller à droite de la chaussée pour dégager le passage. La nécessité de prévoir des zones de dépassement démontre très certainement le choix douteux d’une rue cyclable dans une telle configuration. 

La mise en oeuvre de ces chicanes est également critiquable :

  • Le marquage : qui rend leur usage obligatoire ;
  • Leur emplacement : sur un trop court tronçon, a fortiori au niveau de dos d’ânes qui invitent normalement les automobilistes à ralentir et non pas à accélérer pour dépasser un cycliste ;
  • La réinsertion insécurisante des cyclistes : priorité contre-intuitive, trop grande proximité du stationnement. 

Chicanes le long de la rue cyclable sur le boulevard Lambermont

De nombreux cyclistes craignent, à juste titre, que ces chicanes provoquent davantage de problèmes de sécurité. Le GRACQ regrette l'absence complète de consultation préalable concernant la mise en oeuvre de cet aménagement. 

Un courrier a été envoyé aux autorités régionales et communales, en réclamant que soit fait le nécessaire afin d'assurer une réelle sécurité et un réel confort des cyclistes sur ce tronçon, dans le respect du plan Good Move.

GRACQ Schaerbeek

► Pour rejoindre ce groupe ou en savoir plus : GRACQ Schaerbeek

[1] Le principe STOP opère une hiérarchisation entre les différents modes de déplacement, en accordant une plus grande priorité aux modes les plus durables et les plus universels : les piétons (Stappen), les cyclistes (Trappen), les transports publics (Openbaar vervoer) et enfin, les véhicules motorisés individuels (Privévervoer).

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