La conférence internationale Velo-city, qui se tenait cette année à Ljubljana, était l’occasion d’échanger expérience et bonnes pratiques avec des professionnels de la mobilité cycliste de tous horizons. Mais aussi l’occasion de découvrir sur le terrain les résultats de la politique cycliste menée par la capitale slovène.
Petite ville de moins de 300.000 habitants, Ljubljana est réputée pour sa qualité de vie. Capitale verte européenne, la ville a débuté la conversion de son centre-ville sans voiture à partir de 2007. Ces dix dernières années, le trafic y a reculé de 12% : des résultats qui s’expliquent par une politique globale favorisant le report modal, y compris une politique de stationnement volontariste (tarification, P+R…). Ici, ni tram ni métro mais 42 lignes de bus qui desservent le centre et les quartiers périphériques de la ville.
Le système de vélos en libre-service bon marché, lancé en 2011, rencontre un grand succès et a contribué à ancrer le vélo au cœur de la ville. Aujourd’hui, 16% des déplacements s’effectuent à vélo à Ljubljana, qui se hissait en 2019 à la 14e place du dernier Copenhagenize index.
À la découverte des aménagements cyclables...
Étape incontournable : le piétonnier du centre historique, entièrement accessible aux cyclistes. Bordé de nombreuses terrasses et commerces, l’espace disponible n’est pas toujours bien large et les badauds y sont souvent nombreux. La cohabitation des usagers semble pourtant bien se dérouler (en dépit d’une recrudescence récente d’accidents, en lien avec la prolifération des livreurs à vélo) : il faut préciser que la ville organise des campagnes de sensibilisation afin de rappeler aux cyclistes les règles de bonne conduite au sein de la zone.
En parallèle du piétonnier, la Slovenska cesta – l’une des artères principales du centre – a elle aussi fait l’objet d’un profond lifting en 2015, passant de 4 voies de circulation à une zone de rencontre à trafic limité : les cyclistes profitent ainsi d’une alternative, plus efficace, à la zone piétonne.
La multiplication des ponts et passerelles pour cyclistes et piétons, tout comme l'implémentation progressive de contresens cyclables, permet de raccourcir les trajets à vélo et d'améliorer la compétitivité de ce mode de déplacement.
Le réseau cyclable se développe progressivement, avec plus ou moins de bonheur. À côté de pistes confortables en site propre le long de grandes artères, le cycliste se retrouve régulièrement rejeté sur le trottoir, dans les rues locales notamment, où la proximité avec les piétons s’avère peu confortable. La ville compte également des pistes marquées en chaussée, mais souvent étroites et sans zone tampon, ce qui amène les cyclistes à frôler dangereusement les portières des véhicules en stationnement.
Au gré de nos pérégrinations, nous tombons sur ce qui s'avère être une rue cyclable flambant neuve : il s’agit en fait d’un exemplaire unique dans toute la Slovénie. Cette nouveauté semble laisser les citoyens plutôt perplexes, et pour cause : il n’existe, à l’heure actuelle, aucune règlementation associée à cette "rue cyclable" (mis à part une limite de vitesse à 30 km/h), et les usagers ignorent encore comment s’y comporter.
Petit passage par l'incontournable parc Tivoli : les cyclistes sont autorisés à emprunter les chemins de cet immense parc, mais une piste cyclable bidirectionnelle a également été créée en bordure du parc. Cet aménagement constitue un axe de transit rapide et très agréable pour les utilisateurs du vélo, sans troubler la quiétude des promeneurs.
Pointée du doigt dans le Copenhagenize index 2019 concernant la faiblesse du stationnement vélo, Ljubljana s’est attelée ces deux dernières années à pallier ce manque. Trois P+R ont également été équipés de stationnement vélo sécurisé, avec des bornes de recharge pour vélos électriques.
La transformation de la ville, ces quinze dernières années, est impressionnante et justifie amplement sa désignation en tant que ville hôte du congrès Velo-city. Ljubljana fait de cette transformation un véritable argument touristique, et le vélo fait aujourd’hui partie intégrante des circuits touristiques guidés proposés aux visiteurs.