Avant-dernière. C’est la place peu enviable que Mouscron occupe dans le baromètre cyclable wallon (catégorie « grandes villes »). Loin de montrer des envies de s’améliorer, la ville décide fin avril d’interdire purement et simplement les vélos et trottinettes sur l’entièreté de la zone piétonne. Une décision sur laquelle elle revient - en partie seulement - suite à l'intervention du GRACQ Mouscron.
La décision d'interdire l'accès de l'hypercentre aux vélos fait suite à certaines plaintes de piétons auprès de la commune. Eric Bonnave, coordinateur du GRACQ Mouscron s’étonne toutefois : « En 10 ans, nous avons eu 32 réunions de conseil consultatif communal vélo en compagnie des services de police et des responsables de la mobilité. Jamais nous n’avons été interpelés ni consultés sur un quelconque problème de sécurité dans le centre cyclo-pédestre ». Cette décision radicale de la commune passe d’autant plus mal que d’autres solutions pourraient être envisagés : sensibilisation, contrôle des vitesses...
Une des rues parallèles au piétonnier que la bourgmestre souhaite voir empruntée par les cyclistes est elle-même régulièrement critiquée pour des infractions et des comportements dangereux d’automobilistes. Faut-il, suivant la même logique, interdire l’accès à cette rue aux voitures ? Une chose est sûre, ralonger les trajets des personnes qui font le choix du vélo et dévier leurs itinéraires vers des axes peu sûrs n'encouragera pas les Mouscronnois·es à monter en selle.
Lors de la fête de la Mobilité organisée par la ville peu après cette décision, le GRACQ Mouscron affiche alors dans son stand un message clair : « NON à l’interdiction de se déplacer à vélo et à trottinette dans les zones piétonnes du centre-ville ». Si le message permet d’entamer un dialogue intéressant avec les habitants, l'affiche passe mal auprès des autorités communales qui regrettent la position du groupe local : « Mobicity est une journée positive, ça ne va pas plaire à tout le monde ».
Le 23 mai, le GRACQ fait une interpellation citoyenne lors du conseil communal pour dénoncer la mesure d'interdiction et pour en demander une révision complète. La commune effectue alors un rétropédalage, mais sur certains points seulement. Pour le GRACQ Mouscron, c'est malgré tout toujours l'incompréhension. Comment une commune pilote Wallonie Cyclable peut-elle montrer un tel mépris à l’égard des cyclistes ? Comment peut-elle montrer un tel manque de vision ? Comment justifier de telles mesures à l’heure où toutes les villes européennes sont appelées à encourager la pratique du vélo ?
L’exemple de Mouscron nous rappelle que le virage vers une mobilité plus active n’a pas encore été amorcé partout, et que l’action du GRACQ sur le terrain reste primordiale pour porter la voix des cyclistes.
G. DE MEYERE
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