La mise à sens unique du trafic automobile sur le pont Fraiteur à Ixelles n’en finit pas de faire les titres des journaux. Si certains problèmes consécutifs à la modification de la situation nécessitent très certainement d’être résolus, la réouverture du pont dans les deux sens ne constituerait en rien une solution. La mobilisation est de mise pour éviter le retour en arrière réclamé par les communes riveraines.
L'opposition à la mise à sens unique du pont Fraiteur a été relayée dans les médias et auprès des pouvoirs communaux. Auderghem et Watermael-Boitsfort ont approuvé une motion pour un retour au double sens automobile. Les cyclistes doivent donc faire entendre leur voix pour éviter un retour à la situation antérieure, et une dégradation de la situation pour les modes actifs et la convivialité au sein du quartier. Ce serait également une remise en question du principe de réduction du trafic de transit au sein des quartiers souhaité à l'échelon régional.
Nous vous invitons donc à réagir auprès des échevin·e·s de la Mobilité des communes d'Ixelles (Yves Rouyet), d'Auderghem (Sophie de Vos) et de Watermael-Boitsfort (Marie-Noëlle Stassart), qui sont les communes directement impactées par le projet. Votre mobilisation et votre retour d'expérience, en tant que riverain·e ou usager quotidien/occasionnel s'avère précieuse !
Le pont Fraiteur : un contexte difficile
Les ponts constituent généralement des points problématiques pour la sécurité des cyclistes : ils sont malheureusement aussi bien souvent incontournables. Le pont Fraiteur ne fait pas exception. Situé sur le réseau vélo structurant (le réseau vélo PLUS), il est un chaînon incontournable sur l’axe reliant les aménagements cyclables de l’avenue Roosevelt aux aménagements du boulevard du Triomphe. C’est également l’axe de liaison entre les sites universitaires du Solbosch et de la Plaine : en temps normal, plus de 4000 étudiants et membres du personnel universitaire transitent par ce pont.
L’élargissement et la mise à sens unique du pont Fraiteur (excepté pour les cyclistes et les bus), en décembre 2020, représente un net progrès pour les modes actifs et les transports publics, même si le sens interdit n'est pas encore systématiquement respecté.
- Pour les cyclistes, la situation est encore loin d’être idéale. Néanmoins, l’amélioration est indéniable comparée à la situation antérieure. Cette nouvelle organisation de la circulation, qui a également permis de sécuriser provisoirement le carrefour Fraiteur-Couronne, constitue un préalable indispensable à la sécurisation de l’ensemble de l’axe vélo.
- Les piétons profitent d’espaces élargis, grâce à l’ajout de deux passerelles en bois (dont un côté partagé avec les cyclistes).
- Les transports publics ont gagné en performance car ils ne sont plus englués dans le trafic aux heures de pointe : la STIB a récemment souligné le gain de temps et de régularité sur la ligne de bus 71, qui est également la plus fréquentée du réseau.
Dans la droite ligne des objectifs du plan régional de mobilité Good Move, cette nouvelle organisation de la circulation vise à encourager un transfert modal vers les modes de déplacements plus durables, et réduire la pression automobile au sein du quartier. L’objectif n’est donc pas de dévier purement et simplement le flux automobile.
Vers un quartier plus apaisé ?
La mise à sens unique du pont Fraiteur n’est en rien préjudiciable aux commerces du quartier, contrairement à ce qui est parfois avancé. Le flux de transit en provenance de l’E411 asphyxiait le quartier sans profiter aux commerces locaux, pour la plupart encore fermés à l’heure de pointe du matin. A l’inverse, les navetteurs qui souhaitent s’arrêter dans un commerce en rentrant chez eux peuvent toujours le faire, dans de bien meilleures conditions qu’auparavant. Rappelons que ce ne sont pas les voitures qui achètent mais les personnes, et que les commerçants profitent toujours à moyen terme d’une réduction de l’espace dévolu à la voiture au profit des piétons.
Comme pour tout changement d’habitude, cela nécessite un temps d’adaptation. Et il est évident que les problèmes de percolation du trafic motorisé observés au sein des quartiers environnants devront être résolus. Mais on imagine mal comment une simple marche arrière concernant le pont Fraiteur — et donc une dégradation de la situation pour les piétons, les cyclistes, et les bus — permettra de répondre aux enjeux de mobilité qui se posent tant à l'échelle du quartier qu'à l’échelle régionale.