L'avenue de Tervueren est, une nouvelle fois, au cœur d'une polémique cycliste. L'idée de réduire le nombre de voies automobiles pour réaliser une route cyclable reliant Bruxelles à sa périphérie essuie les critiques des communes concernées. Face à cette opposition, la région flamande vient de renoncer à son projet initial, ainsi qu'à la phase test destinée à (in)valider cette option d'aménagement de la future cyclostrade. 

Faciliter les déplacements à vélo sur de plus longues distances a un effet bénéfique sur la congestion au sein des villes. De nombreuses villes en Europe se sont donc lancées dans la réalisation d'un réseau de voies cyclables rapides permettant de relier à vélo — de manière directe, sécurisée et confortable — le centre à sa périphérie. À Bruxelles également, un tel réseau (RER-vélo) existe… sur papier essentiellement. Un projet de concrétisation du tracé sur l'avenue de Tervueren, à la jonction avec la Flandre, fait actuellement l'objet de débats houleux.

F29 - Cyclostrade - tracé Tervueren Quatre Bras

La situation existante

La cyclostrade F29 doit permettre de relier Tervueren à Bruxelles, via l'avenue de Tervueren (Auderghem / Woluwe-Saint-Pierre). À l'heure actuelle, les cyclistes doivent se débrouiller avec des aménagements de fortune :

  • côté nord (sens entrant), il existe une piste cyclable étroite en bordure de chaussée, unidirectionnelle, protégée à de rares endroits du trafic automobile à l'aide de potelets.
  • côté sud, les cyclistes peuvent emprunter dans les deux sens un cheminement forestier cyclo-piéton. Longeant la route mais protégé par une bande boisée, son abord est plus agréable. Ce chemin relativement étroit souffre néanmoins d'une forte dégradation, et l'absence d'éclairage le rend particulièrement insécurisant après la tombée du jour.  

Pistes existantes le long de l'avenue de Tervueren (jonction carrefour des Quatre Bras))

De telles infrastructures ne sont pas de nature à encourager les déplacements à vélo. Cet axe cyclable mérite donc un aménagement correspondant à son statut de cyclostrade : large (4 mètres), asphalté, protégé du trafic motorisé, correctement éclairé et balisé

Un projet "test" avorté

Pour créer cette large piste cyclable bidirectionnelle du côté sud de l'avenue, comprenant une passerelle cycliste pour assurer la traversée sécurisée du carrefour des Quatre Bras, les autorités régionales bruxelloises et flamandes ont envisagé de récupérer de l'espace sur les voies automobiles actuelles. Cette solution étant toutefois conditionnée aux résultats d'un test préalable de trois mois (août-octobre) afin de mesurer l'impact sur le trafic motorisé d'une configuration à 2x1 bande (au lieu de 2x2 bandes) à 50 km/h, tout en maintenant la capacité du carrefour. 

Projet de passerelle cyclable - 4 bras Tervueren - F29

Les communes d'Auderghem et Woluwe-Saint-Lambert ont rapidement dénoncé un projet imposé par la Flandre, craignant notamment un report de trafic au sein de quartiers résidentiels. Craintes partagées du côté de Woluwe-Saint-Pierre, où l'idée même d'un test a déclenché une franche opposition du conseil communal. La ministre flamande de la Mobilité vient finalement de faire marche arrière, en renonçant à la mise en place d'un test, et donc au projet initial. Si on peut tout à fait concevoir les craintes liées à un report de trafic — et c'était bien l'objet de ce test d'objectiver les risques éventuels — il est par contre difficile de comprendre le rejet d'une phase de test, dont les enseignements auraient pu être précieux.

Rénover l'existant : une bonne piste ?

Piste cyclo-piétonne côté sud - Avenue de Tervueren

Il faudra donc à présent considérer le plan B : se baser sur l'existant. Une rénovation à l'identique, telle que proposée par le bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre, est à exclure absolument, puisqu'elle ne permettra pas d'obtenir la qualité d'infrastructure nécessaire.

La cyclostrade requiert un net élargissement de la piste cyclo-piétonne du côté sud, en plus de son asphaltage et de l'installation d'un éclairage. 

Or la forêt de Soignes est une zone Natura 2000, classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Un projet réclamant une imperméabilisation des sols, l'abattage d'arbres et l'ajout d'un éclairage dans cette zone naturelle, sans même considérer la réaffectation de l'espace routier existant, a peu de chances de recevoir le feu vert de la Commission Royale des Monuments et Sites, bien qu'aucun avis officiel n'ait été émis pour le moment. On doit donc à présent croiser les doigts pour que le futur aménagement, sous réserve d'acceptation, ne pâtisse pas des arbitrages qui auront indéniablement lieu entre mobilité active et environnement. 

Le GRACQ déplore que l'avenue de Tervueren soit à nouveau un sujet de discorde entre les autorités régionales et la commune de Woluwe-Saint-Pierre : son bourgmestre bloque en effet la création d'une piste cyclable sécurisée sur le fameux "chaînon manquant" de cette même avenue (sur la latérale entre Montgomery et le square Léopold II) en raison de la suppression de stationnement indispensable au projet. On craint donc que ce bras de fer politique mène à nouveau à un absurde statu quo "mobilité" dont personne ne sort gagnant. 

Florine Cuignet

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