La Wallonie va "booster" les aménagements cyclables dans 116 communes, via une enveloppe de 61,2 millions € mise à leur disposition dans les deux prochaines années. Ce budget devra être consacré principalement à de l'infrastructure, avec l'obligation d'instaurer une Commission vélo rassemblant pouvoirs publics et usagers, ainsi qu'un sérieux audit vélo.
Sur la période 2010-2015 seulement une dizaine de communes pilotes avaient pu être aidées financièrement par le plan Wallonie Cyclable (version 1). Suite à ce premier coup de pouce, des progrès ont pu être constatés sur le terrain à Namur, Liège, Mouscron, Marche-en-Famenne, Wanze, Walhain... Cette manne financière a ensuite été consacrée pendant cinq ans à de petits soutiens (100.000 €) pour une soixantaine de communes par an. Des montants insuffisants pour faire décoller le vélo dans de nombreux coins de la Wallonie.
Il était donc temps de booster enfin sérieusement les aménagements cyclables communaux. Le ministre de la Mobilité, Philippe Henry, a ainsi décidé en septembre 2020 de lancer un appel à projets « Communes pilotes Wallonie Cyclable » plus ambitieux que sa version 2010. Avec une enveloppe initiale de 40 millions € pour aider substantiellement environ 50 communes.
À la surprise générale, 173 candidatures ont été reçues par le Service Public de Wallonie (SPW). Face à un tel enthousiasme communal pour le vélo, le ministre a proposé de retenir tous les dossiers ayant récolté la moitié des points lors de leur examen, soit un total de 116 communes. L'enveloppe budgétaire a été revue à la hausse, pour ne pas diluer les moyens initiaux sur un nombre plus élevé de communes.
Le gouvernement wallon a validé une enveloppe définitive de 61,2 millions € pour la période 2021/2022. Chaque commune va en recevoir une partie, proportionnellement à sa population. Voici la carte des communes lauréates :
Les deux communes qui sont arrivées en tête du palmarès sont Arlon et Ottignies-Louvain-La-Neuve qui recevront 1,2 millions €.
Toutes les communes sélectionnées vont devoir s'engager à :
- élaborer une véritable stratégie de développement de l’usage du vélo au quotidien
- plancher sur un réseau structurant qui relie différents pôles d’attractivité
- gare, commerces, zoning, administration, hôpital, école etc.
- améliorer le confort et de la sécurité des cyclistes
- grâce à l’aménagement d’infrastructures séparées
- ou à la limitation et au contrôle de la vitesse
- prendre en compte la problématique du stationnement des vélos
- veiller à la sensibilisation à la pratique du vélo comme mode actif
- organisation d’un brevet cycliste dans les écoles (par exemple)
Les dossiers de candidatures devaient démontrer la vision de la stratégie cyclable des communes. Elles ont maintenant quatre mois pour présenter au SPW des dossiers d’aménagements concrets à réaliser. Le taux d’intervention de la Région s’élèvera à 80% des travaux subsidiables, le reste étant apporté par la commune.
Pour la bonne gouvernance, ces dossiers seront obligatoirement suivis par le SPW et une commission vélo communale, composée des pouvoirs publics et de cyclistes locaux. Un audit vélo devra mettre en lumière les forces et les faiblesses de la politique vélo de la commune.
Le soutien aux communes ne devrait pas s'arrêter là : le ministre de la Mobilité plancherait déjà sur une suite à cet appel à projets pour 2022-2024. Le GRACQ s'en réjouit, mais suivra néanmoins de près le bon déroulement de ce projet-ci, qui devra être correctement évalué avant de calibrer une prochaine mouture.