Une étude belgo-néerlandaise met en évidence une différence entre la perception par les cyclistes des causes d'accidents menant à une hospitalisation et la réalité. S'il faut se méfier — à raison — du trafic motorisé, il ne faut pas sous-estimer les chutes à vélo, qui représentent une source majeure de blessures chez les cyclistes.
Cette recherche a été menée sur la base d'un questionnaire, auquel 1931 personnes de plus de 40 ans ont répondu en Belgique et aux Pays-Bas. Il a été demandé à ces personnes : « Selon vous, parmi ces trois catégories d'accidents à vélo, laquelle mène-t-elle le plus souvent les cyclistes à l'hôpital ? » :
- accident isolé (contre un obstacle ou chute)
- collision avec un piéton/vélo
- collision avec un véhicule motorisé
On le voit sur ce graphique : la majorité des personnes interrogées (60%) pensent que ce sont les collisions avec d'autres usagers motorisés de la route qui sont à l'origine du plus grand nombre d'accidents graves (ayant entraîné une hospitalisation). Sans surprise, c'est aux Pays-Bas que ce jugement est le moins prononcé, nos voisins néerlandais considérant même que les chutes isolées, avec ou sans obstacles, font jeu égal avec les collisions de voitures.
Il a ensuite été demandé à ces mêmes personnes de rapporter les accidents qu'elles ont eus durant l'année écoulée. Les chercheurs les ont triés selon la même classification que ci-dessus. Étonnement, la majorité des accidents déclarés n'impliquent en fait... aucun autre véhicule. C'est à Bruxelles que la proportion déclarée d'accidents avec des motorisés est la plus grande.
Quels enseignements en tirer ?
Cette expérience corrobore pas mal d'études antérieures qui ont constaté que 80% des cyclistes hospitalisés le sont suite à un accident "sans opposant". Il y a bien sûr des différences entre les régions observées. Aux Pays-Bas, les accidents à vélo déclarés sont plus majoritairement des accidents isolés et, pour le reste, presqu'autant avec d'autres cyclistes/piétons qu'avec des véhicules motorisés.
Pourquoi une telle différence de perception entre accidents réels et risques supposés ? Un élément de réponse tient sans doute à d'autres statistiques/ressentis. Primo, le pourcentage de personnes décédées à vélo dans une collision avec un autre véhicule est en moyenne de 84 % en Europe1. Donc infiniment plus que via une chute isolée (16%), source de beaucoup d'accidents certes, mais moins graves. On a plus peur, à juste titre, des accidents mortels que des autres.
Ensuite, les "presqu'accidents" (être frôlé dangereusement par une voiture, portières ouvertes, queues de poisson...) vécus par les cyclistes, sont bien plus nombreux que les "presque chutes". Objectivement et subjectivement, on frissonne plus dans le trafic qu'en dehors. Toutefois, tous types d'accidents confondus, le risque de tomber seul est bel et bien plus élevé que celui d'une collision contre un véhicule.
Pour conclure, les chercheurs recommandent aux gestionnaires de voirie de donner la même priorité à la qualité des revêtements (y compris l'entretien toute l'année) et au traitement des bordures, potelets, obstacles dangereux qu'à la sécurité dans le trafic (qui reste indispensable bien sûr). Ils plaident aussi pour que les cyclistes ne relâchent pas leur attention lorsqu'ils ne sont plus en contact avec le trafic motorisé, car ils risquent tout autant une chute en solo que contre une portière de voiture...