L'Institut wallon des statistiques (IWEPS) a déterminé récemment le pourcentage de personnes en Wallonie résidant à moins de 15 minutes d'un point d'arrêt de la SNCB. Verdict : près de 2/3 de la population habite à une distance "cyclable" du rail. Il y a donc un potentiel énorme pour l'intermodalité wallonne train/vélo. À condition toutefois de sécuriser les trajets vers les gares, et de résoudre la question du stationnement.

La méthodologie

Sur base de courbes isochrones (= périmètre géographique atteignable au départ d'un point pour un temps donné de déplacement), les chercheurs de l'IWEPS sont parvenus à déterminer des zones atteignables en 15 minutes à pied, à vélo et en voiture autour des 264 points d'arrêts du train en Wallonie. A noter que ces périmètres n'ont pas été calculés "à vol d'oiseau" mais tiennent compte des distances réelles que l'on doit parcourir pour se déplacer sur le réseau viaire :

IWEPS - Accessibilité 3 gares wallonnes

Pour les piétons, la zone "15 minutes" se base sur un trajet de maximum un kilomètre jusqu'à la gare. Pour les cyclistes, une distance de 3,5 km a été retenue. On notera aussi que pour ces deux catégories d'usagers, les temps de déplacement sont constants pour une distance donnée. Pour les voitures il a été tenu compte du temps nécessaire à se stationner (5'), mais aussi des vitesses moyennes réelles enregistrées sur chaque tronçon du réseau.

Les chercheurs ont ensuite croisé ces périmètres avec les données de population, pour déterminer la part des wallons vivant dans ces zones d'accessibilité 15' d'une gare :

IWEPS - Accessibilité gares à vélo

Les enseignements principaux

La moitié des communes wallonnes disposent d’un arrêt SNCB en activité sur leur territoire (souvent les plus peuplées). Voici les parts de la population habitant dans une zone "marchable", "cyclable" ou "roulable" (à 15' donc) d'un arrêt ferroviaire :

IWEPS - Accessibilité multimodale gares

Si la voiture permet d'aller assez loin et de connecter 86,5% des wallons au rail, on voit que le vélo permet à 61,4% d'entre eux de s'y raccrocher également. A noter que la connectivité piétonne ne permet de capter "théoriquement" que 16,8% du public, un vivier plus faible.

Il y a donc un potentiel très élevé pour ramener plus de monde vers les gares à vélo. Il s'agit là d'un véritable gisement de déplacements dont la plupart des décideurs n'ont probablement pas conscience, car il ne peut se développer qu'en levant les deux freins actuels majeurs à la combinaison train/vélo : des itinéraires vélos sûrs et confortables vers les gares, ainsi qu'un stationnement sécurisé pour enrayer les vols de vélo. Ces deux points ressortent en effet régulièrement des sondages auprès des usagers.

Toutefois, on mentionnera quand même qu'accéder à une gare ne sert à rien si les activités sont éparpillées loin de celle-ci.  L'intermodalité durable ne nous sauvera pas d'un mauvais aménagement du territoire...

Luc Goffinet

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