La France rend obligatoire l’apposition d’une signalisation d’angle mort sur les poids lourds, autobus et autocars depuis ce 6 janvier. Le but : rappeler à l'usager vulnérable qu'il est peu visible pour les conducteurs de ces véhicules. Un léger progrès en attendant les systèmes automatiques de détection des piétons/cyclistes et la transition vers des cabines avec vision directe du chauffeur sur son environnement.
Les véhicules à gros gabarit constituent une des principales causes d'accidents graves en agglomération. En Belgique aussi, comme le souligne l'AWSR : "Sur la période 2017-2019, ces véhicules qui effectuent 8% des km sont impliqués dans16% des accidents mortels (soit 1 accident mortel sur 6). Les usagers faibles (piétons et deux-roues) représentent 89% des opposants impliqués dans un accident mortel avec un camion en agglomération".
Pour y remédier, l’article 55 de la loi française d’orientation des mobilités (LOM), adopté suite à un amendement signé par 200 parlementaires, impose désormais une signalisation matérialisant la position des angles morts :
Tout véhicule tel que désigné à l'article R. 313-32-1 du code de la route est équipé d'une signalisation matérialisant les angles morts conforme au modèle fixé en annexe du présent arrêté.
Chaque signalisation peut être rapportée sur le véhicule par collage ou rivetage ou tout autre moyen de fixation ou peut être peint ou poché sur la carrosserie.
Les véhicules qui portent, sur les côtés et à l'arrière, un dispositif destiné à matérialiser la présence des angles morts en application d'une législation d'un autre Etat membre de l'Union européenne sont réputés satisfaire aux dispositions du présent arrêté.
Les véhicules ayant été équipés sur les côtés et à l'arrière, avant le 31 mars 2021, d'un dispositif destiné à matérialiser la présence des angles morts non conforme au modèle fixé en annexe sont réputés satisfaire aux dispositions du présent arrêté pendant une période de 12 mois à compter de la publication du présent arrêté.
En Belgique, il n'existe actuellement aucune d'obligation. Une campagne d'apposition de stickers sur les camions, sur une base volontaire, a été menée par l'UPTR en 2018, avec le soutien du Ministre Bellot. Avec un succès plutôt confidentiel.
Aller plus loin !
Beaucoup d'usagers vulnérables ignorent encore qu'ils ne sont pas vus par les véhicules lourds dans beaucoup de cas : un rappel visuel clair n'est donc pas superflu.
Toutefois, pour progresser réellement dans la résolution du problème, trois autres dispositifs devraient se généraliser sur tous les véhicules lourds :
- un système de détection automatique des piétons/cyclistes
- un système de freinage automatique (couplé au système précédent)
- une cabine de conduite permettant au chauffeur de voir tout son environnement en vision directe
Ces éléments vont être prochainement rendus obligatoire par l'Union européenne, dans le cadre de son nouveau "Règlement général de sécurité routière", adopté en 2019. Il faudra cependant patienter encore quelques années avant que celui-ci ne produise ses effets : 2022 pour les nouveaux véhicules, 2024 pour ceux qui circulent actuellement et... 2026 pour les nouveaux modèles de camions à "vision directe".