Nous avons toutes et tous pu expérimenter l’éclosion de l’urbanisme tactique ces derniers mois. Ces aménagements du territoire légers, rapides et a priori éphémères ont été largement déployés dans nos villes en réponse à la crise sanitaire. Mais cette pratique est-elle propre aux villes européennes ou occidentales ? Quelles formes ont donc pris les aménagements tactiques dans le monde ibéro-américain ? Le temps d’un webinaire nous avons traversé l’océan…
Le 28 octobre se tenait, à l’initiative de Metropolis et en collaboration avec le PNUD, un webinaire au sujet des "Expériences ibéro-américaines d'urbanisme tactique contre le COVID-19". Quatre représentants des services d'urbanisme et de mobilité de Barcelone, Guatemala, Medellín et Mexico nous ont partagé leurs réalités urbaines en présentant les projets façonnés depuis le mois de mars.
Quelle surprise de découvrir le partage d'un lexique commun et l'application similaire du concept, ceci, malgré les milliers de kilomètres et le laps de temps court.
Les problèmes de qualité de l’air, de mobilité et de connexion inter-quartiers sont vécus partout bien avant la COVID, et les réponses apportées en temps de crise coexistent avec des programmes de transformation établis et structurés (Barcelone). A Medellin ils privilégient l’utilisation des termes d’aménagement « à l’essai » plutôt que « temporaires » comme le suggère le concept d’aménagement tactique.
Tous font référence aux fortes oppositions émanant d’une partie de la société civile, les projets devant faire face à certaines postures mentales fortement ancrées. La participation citoyenne est la clé d’une réussite et d’une acceptation, mais elle n’est pas facile à mettre en place dans l’urgence de la crise comme le signale la représentante de Barcelone.
L’expérience de Medellin montre quant à elle que l’énergie déployée dans la réalisation d’ateliers participatifs porte ses fruits, les postures des riverains du quartier en question ayant évolué pour faire place à une confiance croissante dans les services d’urbanisme.
A Mexico City le rôle des brigades cyclistes est mis en avant, ces brigades parcourent les nouveaux aménagements cyclables à vélo.
Elles s'assurent qu’ils soient respectés par les citoyens motorisés, que les aménagements permettent une bonne lisibilité de la nouvelle situation et, aussi, pour faire figure d'autorité et montrer aux détracteurs le caractère légal de ces infrastructures.
Enfin, tous s'accordent sur l'importance de faire percoler jusqu’aux citoyens les données chiffrées et objectives récoltées par les autorités autour de l’impact de ces aménagements tactiques car cela participe au processus d’appropriation par la population.