La N552 (ou route industrielle d’Obourg) est une 2x2 bandes où, sans surprise, les automobilistes circulent à vive allure. Pour les piétons et les cyclistes, un tronçon de cette route long de quelques centaines de mètres est le seul et unique moyen pour rejoindre Ville-sur-Haine ou le RAVeL quand on vient de Obourg ou de Havré-Congo. Ne disposant d’aucun aménagement adapté aux modes actifs cette route était extrêmement dangereuse.

Cycliste quotidien et membre du GRACQ Mons, le commissaire Pierre Darquenne empruntait ce tronçon pour se rendre au travail. À diverses reprises, Il avait prévenu les autorités de la dangerosité de la route industrielle d’Obourg, sans effet. La suite est tragique : le 3 juillet 2018, un automobiliste percute Pierre Darquenne à l’endroit même qu’il avait maintes fois signalé. Il décèdera de ses blessures.

La tristesse et les hommages laissent bientôt place à la colère et l’incompréhension. Interpelée quant à sa responsabilité sur ce drame, la commune de Mons renvoie vers la Région Wallonne car la N552 est régionale. De leur côté, les associations cyclistes montoises (le GRACQ Mons et les Cyclistes gonflés à bloc) font pression en maintenant une présence médiatique autour de cet enjeu de mobilité.

Le tronçon concerné de la N552 : 

 

Fin octobre 2018, le Service Public de Wallonie communique les plans provisoires de sécurisation de la route industrielle, avec des délais annoncés initialement pour début 2019. Mais du retard s’annonce. Pire, le GRACQ Mons apprend en juin 2019 qu’aucune enveloppe budgétaire n’est encore prévue. Lorsqu’une commémoration en hommage à Pierre Darquenne a lieu un an après son accident, la situation sur le terrain est toujours aussi dangereuse.

Et l’attente se prolonge encore. Le GRACQ Mons interpelle et propose des solutions, mieux prises en considération par la nouvelle majorité de la Ville de Mons. On tente sans succès de faire réduire la vitesse de 90 à 50 km/h sur cette route régionale, mais sans diminuer le nombre de bandes de circulation c’est techniquement impossible.

La Ville de Mons intervient alors auprès du nouveau Ministre wallon de la Mobilité qui demande à la direction des routes de faire les travaux en urgence. Nous sommes en septembre 2019, plus de deux ans après l’accident. Le dossier est attribué le mois suivant, mais en 2020, c’est cette fois la crise sanitaire qui reporte le chantier.

avant_apres_obourg_mons

La sécurisation de la route industrielle est maintenant finie. Un aménagement d’une piste cyclable double sens de plus d’1,5 km ainsi que des aménagements pour les piétons. Le coût de sa réalisation ? Au-delà des euros, il aura fallu dépenser une énergie militante considérable, il aura fallu que des citoyens se mobilisent, interpellent les élus, proposent, communiquent leur incompréhension aux médias, organisent des actions de terrain, réalisent des vidéos, informent sur les réseaux sociaux. Il aura fallu tout ça pour débloquer un système politique et institutionnel compliqué et trop aveuglé par une mobilité du tout-à-la-voiture. Et au-delà de tout ça, il aura fallu un mort. Un mort de trop.

Certaines victoires sont résolument trop amères.

G. DE MEYERE
L. TOUSSAINT

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