Le GRACQ se réjouit de la place que le nouveau Gouvernement wallon accorde au vélo, ainsi que de l'augmentation du budget qui y sera alloué. En termes d'ambitions, l'objectif de doubler l'usage du vélo d'ici 2024 (passer de 1% à 2%) semble quant à lui modeste par rapport aux enjeux actuels.
Les points positifs
Au chapitre mobilité de la Déclaration de Politique Régionale (DPR) 2019-2024 figure tout d'abord un changement philosophique important : "Le Gouvernement favorisera systématiquement les modes de déplacement dans l’ordre suivant : marche à pied, vélos et micromobilité douce, transports publics, transports privés collectifs (taxis, voitures partagées, covoiturage) puis individuels."
C'est donc le principe "STOP" (Stappen, Trappen (fiets), Openbaar vervoer, Personenwagens), déjà appliqué en Flandre et récemment adopté à Bruxelles qui fait son apparition au sud du pays. Avec une obligation pour l'administration de s'y atteler dès maintenant : "Le Gouvernement demandera au SPW, dès son installation, d’accorder une priorité à la confection des cahiers des charges des travaux relatifs aux modes doux et aux transports en commun, ainsi qu’aux dossiers de sécurité". Cette annonce rencontre évidemment les attentes du GRACQ.
Le GRACQ apprécie également la priorité donnée aux déplacements à vélo et le respect de la vision FAST 2030 (5% de déplacements vélo en Wallonie) : "Le Gouvernement mettra en place une stratégie de développement de l'usage du vélo comme moyen de déplacement utilitaire, de façon à doubler son usage d'ici 2024 et à le multiplier par cinq d'ici 2030."
Ensuite, on notera positivement un plan vélo concerté avec les usagers, ainsi que la concentration d'une partie des moyens sur les zones plus denses :
"Cette politique cyclable, réalisée en concertation avec les acteurs locaux et les usagers, comportera les actions stratégiques suivantes :
En concertation avec les associations de cyclistes, adoption d'un plan global « Wallonie cyclable 2030 » d'ici mi-2021 ;
Actualisation, extension et mise en œuvre complète des itinéraires cyclables régionaux, sécurisés
Définition d'un réseau express (autoroutes à vélo) d'ici 2022, en lien avec les réseaux de rabattage et les itinéraires cyclables locaux à renforcer ;
Développement d’une stratégie de promotion de l'usage du vélo ;
Dès 2020, relance d'un projet de villes pilotes, selon un dispositif adapté, après évaluation du projet « Communes pilotes Wallonie cyclable » ;
Mise en œuvre de la systématisation de la prise en compte du vélo à l'occasion des travaux d'aménagement, de réfection ou d’entretien des voiries ou de l’espace public, en vue d’offrir des aménagements cyclables de qualité (pistes cyclables, parkings à vélo, extension significative des zones 30, rues scolaires, rues cyclables, etc.) ;
Engagement budgétaire pour le vélo à hauteur de 20 euros par habitant par an."
Enfin, une autre demande des associations environnementales semble être entendue : "Les taxes de circulation et de mise en circulation seront revues, à fiscalité globale inchangée, pour les moduler en fonction des émissions de CO2 et de la masse / puissance". L’objectif est notamment de dissuader l'achat de voitures plus lourdes, plus puissantes et dès lors plus polluantes.
Les points d'attention
Le GRACQ s'interroge toutefois sur la date annoncée (2021) pour un nouveau plan vélo. Il faut clairement avancer plus rapidement sur ce point, d'autant plus que l'essentiel des mesures à prendre est déjà connu. En 2018 une "Note de recommandations de politique vélo" a été fournie à la Région par Inter-Environnement Wallonie et le GRACQ, reprenant toutes les mesures essentielles à inclure dans un futur plan vélo.
En ce qui concerne les moyens, la somme dégagée de 75 millions €/an pour la politique vélo est un bon début. Cela reste toutefois modeste au vu du retard accumulé par la Wallonie, et surtout comparé à l'engagement pris au cours de la campagne électorale par les candidats de tous les partis politiques de financer le vélo à hauteur de 25€/an/habitant.
De plus, plusieurs références dans la DPR à des budgets "mobilité douce", incluent la mobilité active (vélo, marche) et la mobilité collective (transports en commun). Cette dénomination commune pour des modes de déplacements nécessitant des aménagements fort différents ne permet pas d'avoir une vision précise du budget qui sera effectivement octroyé aux cyclistes: "Dans le plan « infrastructures de mobilité à l’horizon 2025 », le Gouvernement réserve un montant de 80 millions d’euros par an dès 2021 à affecter exclusivement à la mise en œuvre de projets additionnels centrés sur la mobilité douce et collective".
Enfin, faut-il se contenter de l'objectif assez peu ambitieux de doubler la part du vélo d'ici 2024 (soit passer de 1% à... seulement 2%) ? L'urgence climatique impose de ré-évaluer cet objectif rapidement, et d'y accorder un complément budgétaire dès que tous les outils (plan, organisation du SPW) seront mis en place.
Dans tous les cas le GRACQ se tient d'ores et déjà à la disposition du prochain gouvernement, de façon constructive, et surveillera de près la concrétisation des engagements d'ici 2024.
Luc Goffinet