Après huit ans, il était plus que temps que la Région bruxelloise réalise un audit de sa politique cycliste. C’est chose faite avec le BYPAD 2018 : si les résultats traduisent de réels progrès, ceux-ci restent cependant très modestes en regard de la période qui s’est écoulée depuis le dernier audit. Et, sur le terrain, les effets tardent encore à se faire sentir.
Le BYPAD (BicYcle Policy AuDit) se base sur un questionnaire de 30 questions. Ce processus dynamique permet de mettre en lumière les perceptions parfois très différentes des 3 catégories de participants autour de la table : décideurs politiques, agents de l’administration, et représentants des usagers. L’intérêt principal réside donc dans l’espace de discussion et d’échange qu’instaure la méthode.
Après 2004, 2007 et 2010, il était plus que temps que la région bruxelloise s’offre son 4e BYPAD. Malgré une progression globale, la Région bruxelloise stagne toujours au niveau 2 (approche isolée) : la mise en œuvre de la politique cyclable reste encore l’affaire de quelques personnes convaincues au sein du monde politique comme des administrations.
Les principaux enseignements
- Le module "Infrastructures & sécurité" enregistre un progrès, passant du niveau 1 au niveau 2. Si l’accent a effectivement été mis ces dernières années sur la réalisation d’infrastructures cyclables séparées, le traitement des intersections, le manque de continuité du réseau et l’entretien défaillant restent toujours un point faible.
- Malgré une légère baisse, le module "Besoins des cyclistes" constitue le point fort de la région : les usagers sont représentés de manière structurelle au sein d’instances de consultation, la région collecte des données et réalise des enquêtes régulières. Les standards de qualité, publiés dans des vadémécums, ne sont cependant pas systématiquement appliqués sur le terrain.
- Le talon d’achille de la politique régionale reste, encore et toujours, le module "Mesures complémentaires" : la Région doit faire bien davantage pour modérer le trafic automobile, qui constitue l’obstacle n°1 au développement du vélo.
Précisons encore que cet audit ne concerne que la politique régionale, indépendamment des politiques cyclistes menées par les 19 communes (qui ont également fait l’objet de BYPAD ces dernières années). Or la complexité institutionnelle se traduit bien souvent sur le terrain par un manque d’efficacité. Pour que la politique cycliste produise des effets sur le terrain et profite réellement aux usagers, il est indispensable qu’elle soit portée par l’ensemble des acteurs de la mobilité.
Quelles suites ?
Cet audit, ainsi qu’un forum participatif organisé dans le cadre de Good Move (futur plan régional de mobilité), a permis d’élaborer un plan vélo et de définir un nombre restreint d’actions "leviers" qui devraient permettre de soutenir les ambitions vélo régionales dans les années à venir.