Devenus la règle à Bruxelles, encore apposés au compte-goutte en Wallonie, les panneaux autorisant le franchissement d'un feu pour aller tout droit (B23) ou pour tourner à droite (B22) font le bonheur des cyclistes. Chez nos voisins français, la législation va un pas plus loin puisqu’elle autorise depuis 2015 l’utilisation du cédez-le-passage au feu multidirectionnel, en ce compris le "tourne-à-gauche".

Cédez-le-passage cycliste au feu

Pionnière dans le domaine, Sceaux a généralisé la mesure : chacun des 39 carrefours à feux que compte la ville a été étudié au préalable afin de déterminer quels étaient les mouvements qui ne constituaient pas de danger. 

À Paris, la mesure a été expérimentée en 2016 dans 14 carrefours du Xe arrondissement. Des observations de terrain couplées à une enquête ont permis d’évaluer la bonne compréhension de la signalisation, le comportement des cyclistes en amont du carrefour et leur insertion dans la circulation en aval du feu.

Ce test démontre que la mesure est applicable sans danger dans des carrefours situés en zone 30, où le flux de circulation est relativement faible et où la configuration du carrefour ne prête pas à confusion. L’expérience a d'ailleurs débouché sur la réalisation d’une vidéo démontrant tout l'intérêt et la pertinence de la mesure.


Suppression des feux : plus de fluidité à moindre coût ?

Les résultats de l’expérience soulèvent plus fondamentalement la question de l’utilité des feux. Sont-ils vraiment justifiés dans l’ensemble des carrefours, d’autant plus là où le volume de trafic et la vitesse de circulation sont faibles ? 

La généralisation du cédez-le-passage au feu a pour objectif de rendre les déplacements à vélo plus fluides, en évitant des arrêts inutiles et pénalisants : plutôt que de multiplier les panneaux, un tel résultat ne pourrait-il pas être obtenu en supprimant purement et simplement les feux à certains carrefours ? L’idée fait son chemin dans le monde cycliste.

À Paris toujours, la suppression des feux tricolores à titre expérimental dans une trentaine de carrefours est au programme. L’objectif est d’ordre sécuritaire essentiellement (les carrefours à feux enregistrent globalement des taux élevés d'accidents), mais la mesure permettra aussi de réaliser des économies : le coût d’installation d’un feu est estimé entre 100.000 et 150.000 € auxquels il faut ajouter les coûts liés à la maintenance et à la consommation d’électricité. 

Extinction des feux sur Alexanderplein

Alexanderplein à Amsterdam

Aux Pays-Bas, on teste l’initiative sur des carrefours de plus grande ampleur également. L’exemple de l’Alexanderplein - un carrefour d'Amsterdam où se formaient régulièrement des remontées de files cyclistes - est édifiant. Afin d’améliorer le fonctionnement du carrefour, les feux de circulation ont été éteints durant un période test de 15 jours. 

Suppression des feux sur Alexanderplein : enquête cycliste

Le bilan ? Le changement de régime de priorité génère un sentiment de sécurité moindre auprès d'une partie des cyclistes. Néanmoins, les résultats positifs ont permis de dépasser les craintes initiales : la fluidité des déplacements s’en trouve améliorée, même en heure de pointe, sans que l’on enregistre nécessairement davantage de conflits. Au final, sur l’Alexanderplein, les feux tricolores n’ont pas été réactivés. 

Florine Cuignet

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