Les pistes cyclables menacent le commerce de luxe ! Le trait est tellement gros qu’on pourrait croire à un canular… Malheureusement, il n’en est rien : faisant fi des enjeux sociétaux majeurs, l’échevine bruxelloise du Commerce Marion Lemesre (MR) menace de faire capoter le projet de réaménagement le long de la petite ceinture.
Le vélo est globalement reconnu comme une solution rationnelle de mobilité : plus aucun politique n'oserait, à l'heure actuelle, s'y opposer frontalement. Marion Lemesre l’affirme d’ailleurs : elle n’est pas opposée au principe de piste cyclable le long de la petite ceinture… pour autant, apparemment, qu’on n’empiète pas sur l’espace de la voiture.
Et pourtant, il faut se rendre à l’évidence : les principaux freins à l’utilisation du vélo à Bruxelles sont la pression automobile (et l’insécurité qu’elle génère), et le manque d’infrastructures adaptées. À part créer de l’espace ex nihilo, on comprend mal comment l’élue bruxelloise espère trouver la place nécessaire à l’aménagement de ces infrastructures cyclables auxquelles elle n’est pas opposée.
1 emplacement de parking sur 5
Loin de supprimer l’entièreté du parking, le projet d'aménagement de la petite ceinture implique la réduction d’environ 20% d’emplacements de parking. Si l’on touche au stationnement en voirie, ce n’est pas le cas des nombreux emplacements dans les parkings publics situés à proximité directe de la petite ceinture (comme le parking "2 Portes", situé sur le boulevard de Waterloo où se concentrent de nombreux magasins de luxe).
L'accessibilité générale des commerces en sera améliorée : l’aménagement va permettre d’élargir les trottoirs, d’assurer davantage de sécurité pour les cyclistes (dont le nombre croît de jour en jour) ainsi que de fluidifier la circulation des bus sur certains tronçons. Et de redonner un visage humain à cette autoroute urbaine qui défigure Bruxelles depuis trop longtemps.
Enjeux sociétaux et finances publiques
Selon l'échevine, la suppression d’emplacements de parking va coûter 800.000 € à la Ville et menacer le secteur du commerce de luxe.
Les embouteillages à Bruxelles représentent une perte de 100 millions d’euros par an. Ce à quoi il faut ajouter les coûts bien plus importants si l’on considère l’impact du trafic motorisé en termes de santé publique, de sécurité routière, d’environnement… Un véritable gouffre pour nos finances publiques !
Est-il sérieux de défendre une mobilité à deux vitesses : encourager la population à un report modal d’une part, tout en défendant le "droit" des plus aisés à se parquer devant la vitrine des magasins de luxe ? Est-il sérieux de mettre en balance le confort d’une poignée de privilégiés avec le bien-être de l’ensemble des personnes qui vivent et se déplacent à Bruxelles ?
Le réaménagement de l'avenue de la Toison d'Or et du boulevard de Waterloo doit intégrer la problématique du commerce de luxe. Mais il est inacceptable que cette unique considération puisse mettre en péril un projet de réaménagement qui profitera de manière large à l'ensemble des Bruxellois. Il est grand temps d'abandonner la politique électoraliste – dont le terme n’excède pas celle d’un mandat communal – pour développer une vision à long terme pour Bruxelles.