D’après le baromètre annuel de l’IBSR, le nombre de morts et de blessés sur nos routes a baissé l’année dernière. Hélas, cette embellie ne concerne guère le vélo, dont les chiffres d’accidentologie évoluent peu depuis 2010. Et on ne dispose d'aucune analyse des causes des accidents cyclistes, qui permettrait pourtant de mieux cibler les actions pour y remédier.
Dans la catégorie des "tués sur place", on relève 54 cyclistes décédés en 2016, soit seulement deux de moins qu’en 2015 (alors qu’il y a eu 83 décès en moins sur la route). On enregistre aussi 9.457 cyclistes blessés en 2016, pour 9.225 en 2015, soit une augmentation de 2,5%. Un gros contraste avec le nombre total de blessés qui lui a diminué de 1,4% pour l’ensemble des usagers de la route !
En Wallonie, le nombre de cyclistes décédés et blessés stagne depuis 10 ans. Les neuf cyclistes qui ont perdu la vie au sud du pays en 2016 restent d’ailleurs une sombre statistique.
À Bruxelles par contre, on se réjouit qu'il n'y ait plus de morts à vélo depuis pas mal d'années. Le nombre de cyclistes blessés a progressé de 20% l’an dernier : sachant que la pratique du vélo a fait un bond de 30% dans la même période, cela signifie que le nombre de blessés augmente moins vite que le nombre de pratiquants. Une bonne nouvelle en soi, même si on préférerait voir le nombre absolu de victimes cyclistes baisser drastiquement !
Aux origines du problème
Les statistiques de l'IBSR ne concernent que les accidents ayant fait l'objet d'un constat de police. Ils portent donc surtout sur les collisions avec d'autres usagers et couvrent les accidents les plus graves.
En ce qui concerne la source de ces accidents graves, une vidéo suisse qui circule actuellement l'impute "dans 50% des cas au "comportement irresponsable du cycliste". Ceci est pourtant contredit par le rapport du Bureau Suisse de Prévention des Accidents (BPA) :
« Les cyclistes qui ont une collision grave sont des victimes innocentes dans plus de la moitié des cas (55%). Ils sont seuls responsables de 29% des collisions, et le responsable principal ou le coresponsable de 16% d’entre elles. La part des collisions graves subies par les cyclistes dans les giratoires est particulièrement importante. Dans 89% des cas, les usagers antagonistes sont seuls responsables. »
Aucune étude similaire n'est disponible pour l'instant en Belgique, mais la plupart des études menées à l'étranger vont dans le même sens qu'en Suisse. Beaucoup d'accidents légers, comme des chutes à vélo isolées, ne sont connus que des hôpitaux et des assureurs. Et il n'existe pas de compilation systématique de ces données en Belgique. L'infrastructure (mauvaise conception, bordures, revêtements glissants, potelets, trous, cailloux...) joue un rôle majeur puisqu'elle est en cause dans près de la moitié des accidents impliquant un cycliste seul. Et dans certains cas, il est vrai, l'accident est principalement lié à la distraction du cycliste ou à une erreur de conduite de sa part.