En 2013, le parlement gallois promulguait son fameux "Active Travel Act", qui oblige les pouvoirs locaux et régionaux à créer des aménagements qui favorisent la marche et le vélo. Une vision applaudie à l'époque par le monde entier. Mais deux ans plus tard, où en est-on ? Les piétons et les cyclistes se sont-ils multipliés ?
Pour le savoir nous nous sommes plongés dans le rapport 2015 de suivi de l'application de ce décret, que le gouvernement gallois est tenu de rédiger chaque année. Outre des statistiques intéressantes, comme 6% de cyclistes hebdomadaires, on y apprend que les autorités locales ont remis en 2015 une carte uniformisée de leur réseau piéton/vélo actuel. En attendant celle, en cours, de leur réseau planifié.
D'autres outils ont aussi été mis en place l'an dernier : plan "Active Travel", comité de pilotage, guides et formations techniques, cartographie centralisée et une conférence annuelle "Wales - A Walking and Cycling Nation - Widening the Appeal", qui permet le partage d'expérience et la diffusion des bonnes pratiques.
Mais, comme chacun le sait, l'infrastructure ne suffit pas. Un projet de trois ans "Active Journeys" a ainsi été lancé dans les écoles primaires et secondaires. L'ONG britannique Sustrans, qui gère ce projet, entend d'ailleurs en profiter pour demander aux jeunes élèves de ces écoles d'expliquer aux autorités locales ce qu'ils attendent comme infrastructures près de chez eux !
Du côté des entreprises, les plans de déplacements (actifs) sont soutenus par le gouvernement gallois. Enfin, le département de la santé coordonne le défi annuel "National Active Travel Challenge".
Un bulletin gallois plutôt moyen
Pour évaluer ces initiatives, une étude indépendante a été commanditée. Celle-ci relève que seulement £5 par habitant sont actuellement investis chaque année dans les modes actifs. Or, il est généralement reconnu qu'en-dessous de 10€ (£9), il est peu probable de voir des parts modales bouger de façon sensible. On est loin, par exemple, des 17€ par habitant dépensés chaque année en Flandre, rien que pour le vélo !
Par ailleurs, les expropriations longues et coûteuses et le manque de personnel local ralentissent les dossiers, même si l'on dessine sur papier le réseau idéal. Ensuite, l'annualité des budgets rend difficile le développement de liaisons dont la continuité nécessite plusieurs années de travaux.
Ce rapport recommande aussi de confier à un opérateur extérieur le développement des itinéraires cyclo-piétons gallois, sur le modèle du réseau écossais, géré par Sustrans. Cette approche originale a en effet des avantages : expertise technique avérée, une certaine neutralité, possibilité de levée de fonds supplémentaires (dons, lotterie nationale), ainsi qu'un réseau de bénévoles qui surveillent en permanence les routes tracées...
Bref, le législateur gallois a fait œuvre utile en coulant dans la loi l'obligation de faire quelque chose pour les modes actifs. Le gouvernement n'y a cependant pas mis tous les moyens de cette ambition et la méthodologie semble à améliorer pour faire vraiment décoller les déplacements à pied et à vélo.
Luc Goffinet
En savoir plus
► Active Travel Independent Ministerial Report - Professor Stuart Cole, 2015