Chaque kilomètre à vélo génère un gain pour la société. A la demande du Bénélux, le bureau d'études TML s'est penché sur les chiffres et livre une conclusion sans appel : 1 km à vélo engendre un bénéfice de 1€ pour la collectivité (dans nos régions), principalement grâce à une meilleure santé. Pour la voiture c'est le contraire, elle coûte 1 € par kilomètre parcouru.

Faire une analyse coût/bénéfice de nos modes de transports est un exercice compliqué, souvent par manque de données fiables ou tout simplement quantifiables. Par exemple combien vaut une vie perdue sur nos routes ? Et le bruit qui rend certains endroits invivables ? Néanmoins, dans un monde où les décisions politiques se basent souvent sur des chiffres économiques, on ne peut passer à côté de cet exercice chiffré.

Pour cette analyse Transport & Mobility Leuven (TML) a pris en compte les aspects suivants :

  • Coûts totaux de possession d'un véhicule (achat, entretien, taxes, assurances...)
  • Temps de déplacement (en valeur économique)
  • Coûts de congestion dûs au véhicule utilisé
  • Santé : maladies et mort évitées, productivité plus élevée, économies en soins de santé
  • Coûts des accidents
  • Coûts de la pollution de l'air et sonore (santé/climat)
  • Occupation de l'espace public et qualité du cadre de vie
  • Coût des infrastructures (pour chaque mode)

TML prend donc en compte les coûts et bénefices privés (internes) mais aussi publics (externalités) de chaque mode. Voici en résumé ce qu'il en est du bénéfice économique net pour chaque mode de transport :

Benelux Bike Benefits - TML

La palme financière revient principalement au vélo musculaire, suivi du vélo électrique classique, tous les deux synonymes de bénéfices net pour la collectivité. Pour les autres modes de transport, la balance est négative. Faiblement pour le speed pedelec1 et le train, mais plus pour le bus et, surtout, pour la voiture individuelle. En termes financiers TML résume les choses comme ceci :

Si 100.000 personnes se rendent au travail à vélo à 5 km de chez elles, elles génèrent un bénéfice total de 196 millions € par an. Si elles font le même trajet en voiture, elles génèrent un coût de 203 millions € par an. Sur ce total, 89 millions € sont supportés par l'automobiliste, mais 114 millions € sont à la charge de la société.

Chaque cycliste génère un bénéfice net allant de 260 à 694 € par an, selon les km parcourus. Chaque voiture qui parcourt 15.000 km par an entraîne un coût social annuel de 15.227 €.

En ce qui concerne les gains financiers du vélo, ils proviennent de ses avantages santé :

La raison pour laquelle le vélo est si bénéfique pour la société est principalement due aux effets positifs sur la santé de la pratique régulière du vélo. Le vélo prévient les décès prématurés et de nombreuses maladies graves et chroniques2. Il contribue à une vie plus saine et plus heureuse. Ces effets positifs sur la santé se traduisent aussi par une diminution des dépenses de sécurité sociale, un niveau plus élevé de productivité et une réduction de l'absentéisme au travail.

TML a résumé dans un graphique les gains sociétaux nets d'un report de la voiture/bus/train vers les trois types de vélo. Dans tous les cas la balance au kilomètre est très positive :

2022 Bénélux Cost-Benefits Visuel (TML)

TML conclut ainsi pour le Bénélux et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (RNW) :

Si 1 % de tous les kilomètres parcourus en voiture dans nos régions était remplacé par des kilomètres parcourus à vélo, un gain net de 13,6 milliards € pourrait être réalisé (dont 10 milliards € rien que dans la santé).

En appliquant sa méthodologie à l'étude de la liaison cyclable transfrontalière Arlon-Luxembourg, TML a établi que "le bénéfice économique d'une modernisation de l'infrastructure existante (estimée à 100 000 €/km) pour atteindre les 7% de part modale vélo sur cet itinéraire, serait 9 fois supérieur à son coût avec seulement 20% des nouveaux cyclistes qui l'utiliseraient grâce à ces améliorations"3. De quoi définitivement investir dans le vélo, même pour des fréquentations de loin inférieures à celles des Pays-Bas !

Luc Goffinet

1 Il est important de noter que les « coûts privés » du speed pedelec sont payés par son utilisateur, alors qu’une bonne partie des bénéfices sont externes. Ces coûts privés élevés masquent, pour l'utilisateur, des bénéfices pour la société presque aussi élevés.
2 Le bénéfice de vivre plus longtemps est exprimé en €, mais il ne s’agit pas d’argent disponible à dépenser à autre chose !
3 Attention, l’augmentation de la fréquentation est importante, on passe de 1% de part modale pour le vélo sur l’axe Luxembourg-Arlon à 7% comme prévu dans le plan de mobilité Luxembourgeois. Seulement 1/5 de cette augmentation de 6% est attribuée à la présence de la liaision cyclable transfrontalière sensiblement améliorée.

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