La Fédération européenne des cyclistes (ECF) a sondé 469 candidat·e·s à l'Europe sur leur degré de soutien à diverses mesures en faveur du vélo. Une majorité des répondants, y compris en Belgique francophone, souhaite aller au-delà de ce qui est fait actuellement. Par ailleurs, 27 de nos candidats belges ont signé un engagement personnel à soutenir le vélo s'ils sont élus au prochain Parlement européen.
En tout, 29 candidat·e·s belges francophones contactés par le GRACQ ont répondu à ce sondage (10 MR, 8 ECOLO, 5 PS, 3 cdH, 3 Défi). Aucun candidat du PTB n'a rempli ce questionnaire. Cinq questions de politique cyclable et trois questions plus personnelles ont été posées à chacun. Nous analysons ci-dessous leurs réponses.
On se réjouit tout d'abord que 27 d'entre eux aient signé cet engagement, proposé par les associations cyclistes européennes (1 abstention PS et 1 MR) :
Je m'engage à soutenir la cause du vélo pendant la législature 2019 – 2024 du parlement européen, avec pour objectifs l'augmentation du nombre de personnes qui utilisent le vélo, la promotion du cyclotourisme et l'amélioration des conditions de circulation pour les personnes à vélo en termes de sécurité, d'infrastructures, d'accessibilité et d'expérience positive de l'usager.
Q1) Quelle croissance du nombre de trajets effectués à vélo l'UE doit-elle se fixer ?
Bonne nouvelle : une large majorité de nos candidat·e·s soutient une croissance d'au moins 50% des déplacements à vélo d'ici 2030, voire même 100% pour la moitié d'entre eux.
Une majorité verte soutient l'objectif le plus ambitieux, tandis que la plupart des libéraux souhaitent une augmentation, mais sans se fixer de chiffre absolu. Les autres partis affichent un soutien allant de fort (+50%) à très fort (+100%).
Q2) L'UE doit-elle rendre un système de limitation automatique de vitesse (ISA – Intelligent Speed Assistance) obligatoire dans tout nouveau véhicule motorisé, afin de sécuriser un maximum les piétons et les cyclistes ?
Cette mesure divise les potentiels futurs parlementaires européens. Seuls les verts, deux socialistes et un candidat MR soutiennent le système le plus ambitieux (qui freinerait automatiquement les véhicules dépassant la vitesse autorisée à un endroit).
Le système qui rend simplement plus difficile (mais ne l'empêche pas) l'accélération pour dépasser la vitesse maximale autorisée récolte le soutien de la majorité des libéraux et des humanistes, tandis que le seul avertisseur (sonore ou lumineux) reçoit lui cinq suffrages.
Q3) L'UE doit-elle accorder une part plus importante de son budget des transports à des projets vélo lors du prochain cadre financier pluriannuel (2021 – 2027) ?
Pour information les dépenses prévues pour le vélo entre 2014 et 2020 représentent environ 1,5 % du budget actuel de l'Union.
On est donc ravis que la majorité des candidat·e·s, tous partis confondus, soutienne au minimum le doublement (3%) de ce budget, voire un montant encore plus important (10%).
Q4) L'UE doit-elle se munir de normes/directives de qualité pour les infrastructures cyclables ?
Une majorité au PS et chez ECOLO soutient l'obligation de normes de qualité pour toute nouvelle infrastructure routière en Europe.
Du côté des autres partis, on opte plutôt pour des normes non contraignantes, ou seulement réservées aux infrastructures directement subsidiées par l'Europe. Voire pas de normes du tout (dans deux cas isolés).
Q5) Les vélos à assistance électrique (VAE) doivent-ils être considérés comme l'égal de vélos traditionnels ou comme des véhicules motorisés ?
Cette question ayant déjà été tranchée en Belgique, c'est sans surprise que quasiment tous les répondants considèrent qu'un vélo à assistance électrique, limité à 25 km/h, doit être entièrement assimilé à un vélo.
Dans d'autres pays européens par contre, beaucoup moins portés sur le vélo (Malte par exemple), cette question reste un enjeu. Il est donc important que l'Union européenne impose bien cette égalité entre vélos dans ses futures directives.
Environ la moitié des candidat·e·s a une pratique régulière du vélo, et l'autre moitié occasionnelle ou inexistante. Au rang des cyclistes quotidiens on trouve 1 MR, 1 PS et 1 ECOLO. | La majorité des candidat·e·s sondé·e·s ferait davantage de vélo si les infrastructures étaient plus sécurisantes. Seuls trois d'entre eux ne changeraient pas leur pratique ou non-pratique actuelle. | Au niveau du Parlement européen, la création d'un groupe (informel) de parlementaires de toutes nationalités et de tous partis en faveur du vélo serait vu favorablement par la moitié des sondés. |
Conclusion
Si le soutien traditionnel au vélo est ancré chez les verts européens, on se réjouit de voir que les mesures en faveur du vélo gagnent du soutien dans l'ensemble des partis. Même si elles dépendent parfois plus des individualités, que d'une ligne générale de leur parti en la matière.
Sur ce graphique l'ECF a synthétisé, pour chaque groupe politique actuel du Parlement européen, le taux de soutien de ses candidat·e·s à une future politique vélo ambitieuse :
On observe aussi que plus le ou la futur·e député·e se déplace à vélo au quotidien, plus il ou elle est en faveur individuellement d'objectifs et de mesures ambitieuses. La pratique du vélo par les futur·e·s élu·e·s de tout bord joue donc un rôle déterminant pour l'avenir du vélo.
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