Les déplacements domicile-travail effectués à vélo ont progressé de 9,5% à 11,1% en Belgique. Une évolution à nuancer, apparue dans le diagnostic fédéral pour 2017 qui vient de livrer ses résultats. Des mesures comme l'indemnité vélo et des parkings sécurisés sur le lieu de travail contribuent clairement à ce progrès, tandis que la politique des "voitures salaires" est pointée du doigt comme un frein au changement de mobilité.
Tous les trois ans, les employeurs belges de plus de 100 personnes rendent au SPF Mobilité un rapport sur les déplacements domicile-travail de leurs employés, soit 1,5 millions de personnes au total. Les PME belges ne sont quant à elles pas reprises dans cette grande enquête.
Il est probable que la part du vélo y soit légèrement sous-estimée, car celui-ci n'est pris en compte que comme "mode régulier" de transport. Malgré tout, l'image globale qui s'en dégage est assez éclairante, au vu du grand échantillon de déplacements concernés.
Une situation contrastée entre régions
Le vélo atteint en Flandre une part de 17% des déplacements vers le lieu de travail (contre 14,9% en 2014). Pour 4,4% (3% en 2014) à Bruxelles et 1,6% (1,5% en 2014) en Wallonie. C'est donc essentiellement Bruxelles et, surtout, la Flandre qui tirent la moyenne belge vers le haut.
En Flandre, le vélo occupe la 2e place sur le podium, devant les transports en commun. Les cyclistes y sont cinq fois plus nombreux que les navetteurs en bus/tram.
À Bruxelles, le vélo se classe 4e, mais affiche une belle progression. Le potentiel pour faire mieux est cependant là : les déplacements internes des travailleurs bruxellois font seulement 4,3 km, une distance tout à fait réalisable à vélo. Le rapport souligne également que des villes flamandes comme Gand ou Anvers font cinq fois mieux que la capitale.
En Wallonie, le vélo se classe seulement 5e (après la marche à pied). La progression y est très lente, et seuls quelques centres urbains font mieux que la moyenne générale. Les employeurs sont 70% à juger les accès à leur site trop dangereux à vélo, et 60% à déplorer le manque d'infrastructures cyclables.
Les mesures prises par les employeurs
Comme le montre l'illustration, l'indemnité vélo est la mesure la plus répandue dans les grandes organisations. Son impact est jugé très positif par le diagnostic fédéral : elle accroit de 31% le nombre de travailleurs à vélo là où elle est octroyée. Le GRACQ demande donc que l'indemnité vélo soit augmentée et devienne légalement obligatoire. En effet, à Wallonie et à Bruxelles, 22% et 24% des grands employeurs n'ont pas encore daigné la mettre en œuvre.
Si un parking vélo abrité est un facteur qui est corrélé à un accroissement de 28% du nombre de navetteurs cyclistes, le parking vélo sécurisé est aussi une mesure efficace pour encourager les déplacements à vélo. Malgré cela, seuls 53% des employé·e·s en Wallonie en bénéficient actuellement. Le GRACQ insiste pour que cette mesure devienne une priorité dès maintenant.
Au rayon des mesures contre-productives citées par le diagnostic fédéral on retrouve sans surprise le système des "voitures salaires". Offert à 11% des employé·e·s (avec des cartes carburants), ce cadeau fiscal augmente de 13% l'utilisation de la voiture comme mode de déplacement principal dans des conditions similaires (même localisation, même accessibilité). Les stratégies prises par les employeurs pour en réduire l'usage n'ont qu'une efficacité limitée (- 2%). Le GRACQ demande donc que ce soit mis fin au système des voitures salaires.
Si le rôle des pouvoirs publics est important pour assurer l'accessibilité à vélo d'un site, on voit qu'il existe aussi une palette de mesures au sein même des entreprises qui peuvent influencer positivement/négativement l'utilisation du vélo chez les employé·e·s.
Luc Goffinet
En Savoir plus
► Déplacements domicile-travail à vélo : à la hausse ! (GRACQ - 2014)