En plus d'une Déclaration vélo européenne proposée à la signature de tous les pays de l'Union, le Bénélux vient de se doter d'une Feuille de route vélo avec la Nord-Rhénanie Westphalie (NRW) pour doper les flux cyclables transfrontaliers et stimuler davantage l'usage du vélo dans nos régions. Le coeur de l'Europe se place ainsi au centre du jeu pour une politique cyclable européenne plus ambitieuse.
Voici tout d'abord les mesures phares que l'on peut trouver dans la Feuille de route vélo du Bénélux et de la Nord-Rhénanie Westphalie (NRW) :
- La production d'une étude sur les coûts/bénéfices du vélo (lien ci-dessous)
- La standardisation des données de comptages des vélos en flotte libre
- Le développement du tourisme à vélo (éco-tourisme) entre les pays concernés par :
- la réalisation de chaînons manquants transfrontaliers
- un transport longue-distance facilité des vélos en train
- une cartographie transfrontalière des itinéraires vélo
- Une évaluation des expériences de redistribution de l'espace urbain en faveur du vélo
- L'organisation d'une conférence régionale sur la cyclo-logistique
- L'organisation d'une table ronde sur les speed pedelecs
- La mise en place d'échanges d'expertise vélo plus structurés entre les régions
- Un lobbying européen commun pour des directives plus ambitieuses en matière de vélo
On se réjouit bien entendu de cette volonté commune des quatre acteurs de mettre en commun ce qu'ils font de mieux en matière de politique cyclable, de se relier entre eux par un réseau cyclable transfrontalier, mais aussi et surtout de peser dans le débat européen, via un lobbying commun.
Un embryon de déclaration vélo européenne ambitieuse
Malgré plusieurs demandes insistantes des associations cyclistes dans le passé, la Commission européenne a toujours refusé de lancer dans une stratégie vélo à l'échelle de l'Union, arguant de la subsidiarité du thème (= ce problème est mieux réglé à l'échelon régional/national).
Mais, comme nous, le Bénélux et la NRW ne sont pas de cet avis. En 2020, le Bénélux a d'ailleurs rédigé sa propre Déclaration vélo demandant officiellement à la Commission européenne et aux autres Etats membres de se lancer ensemble dans une politique cyclable plus ambitieuse à l'échelle du continent.
Depuis, cette déclaration a été proposée à la signature de tous les Etats membres de l'Union et devient ainsi l'embryon d'une Déclaration vélo européenne. A ce jour dix pays l'ont signée.
Les pays signataires de cette déclaration appellent donc la Commission européenne à :
- Développer une stratégie vélo au niveau européen
- Accorder plus de fonds européens pour les infrastructures cyclables
- Etendre aux bus/bateaux les obligations de transport vélo dans les trains
- Faire de 2024 une année européenne du vélo
- Rassembler via Eurostat des statistiques vélo européennes robustes
- Intégrer le vélo dans les projets d'infrastructures européens (eau, rail, route)
Par ailleurs, cette même déclaration demande dans la foulée aux états membres de :
- Fournir des données vélo à l'Europe
- Adopter des législations nationales plus favorables au vélo
- Octroyer des budgets aux infrastructures et à la sécurité à vélo
- Créer des réseaux cyclables et du stationnement sécurisé
- Faciliter le passage à 30 ou 20km/h dans les zones urbaines
- Harmoniser la lutte contre le vol de vélo en Europe
- Soutenir le Pan-European Cycling Masterplan de l'OMS/UNECE
Si la politique cyclable europénne ne descend pas des plus hautes instances européennes, elle pourrait donc venir du bas de l'échelle, via la mobilisation par le Benelux d'une coalition d'états membres destinée à faire (enfin) bouger l'Europe sur le vélo. Le GRACQ soutient et suit de près cette déclaration signée par le Bénélux, l'Autriche, le Danemark, l'Espagne, la France, l'Irlande, la Slovénie et la Suède.