À la veille des vacances parlementaires, les associations cyclistes GRACQ et Fietsersbond ont dressé le bilan de l’action des gouvernements fédéral, wallon et bruxellois en matière de politique cycliste. De quoi repartir sur de bonnes bases dès la rentrée de septembre : il restera alors deux ans à nos gouvernements pour mener à bien leurs programmes.

En début de mandat, nos gouvernements fédéral, wallon et bruxellois ont pris des engagements - plus ou moins ambitieux - vis-à-vis du développement du vélo. Entretemps, la législature a été profondément impactée par la crise sanitaire du coronavirus. Plus récemment, la guerre en Ukraine a mis en exergue la nécessité de sortir de notre dépendance aux énergies fossiles. Plus que jamais, le vélo permet d’apporter une réponse concrète aux enjeux économiques, climatiques, environnementaux et sanitaires qui secouent notre société.

Aménagement cyclable

Ces bulletins “vélo” sont l’occasion pour les deux associations d’usagers cyclistes d’évaluer la politique cycliste des gouvernements, en regard de leurs engagements notamment, et de lister les actions principales à mettre en œuvre d’ici la fin de la législature, en 2024. Un exercice pas toujours facile : des actions tardent parfois à produire leurs effets sur le terrain, l’efficacité de certaines mesures est conditionnée à l’action d’autres niveaux de pouvoir, et certaines thématiques sont inextricablement liées.

Au niveau fédéral

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Beaucoup d’éléments pour une politique vélo fédérale efficace, qui manquaient cruellement jusqu’ici, se mettent en place sous cette législature : un plan national vélo (BeCyclist), un plan national de sécurité routière, une commission vélo fédérale, une vision 2040 pour le rail qui intègre pleinement l’intermodalité train/vélo. Nous nous en réjouissons pleinement.

Le plus grand défi sur la table du gouvernement fédéral va être de mettre en œuvre ces plans et ces visions. Tâche ardue, tant on sait que la concrétisation de tout cela dépend de l’ensemble des ministres et d’une étroite collaboration avec les régions et la SNCB. Tous ces acteurs doivent se mobiliser simultanément sur ces enjeux. C’est vital.

On note aussi que la fiscalité, qui devrait orienter les comportements vers des choix de mobilité vertueux, reste aussi un sujet tabou. On ne touche aux “voitures salaires” que pour les “électrifier”, aux “accises sur les carburants” que pour les diminuer, et on ne rend toujours pas l’indemnité kilométrique vélo accessible à toutes les personnes qui travaillent. On n’est clairement pas dans la bonne direction.

Le bulletin "vélo" du gouvernement fédéral

Au niveau régional wallon

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Après cinq ans d’absence notable de progrès en matière de politique vélo, le gouvernement actuel met progressivement en place tous les outils pour avancer : un plan d’action “Wallonie cyclable 2030”, un budget vélo (80 millions €/an), un financement structurel des communes, des formations, des primes régionales à l’acquisition d’un vélo, un projet de décret pour pérenniser la politique vélo, les grandes lignes d’un observatoire wallon du vélo, etc. C’est une excellente chose.

Toutefois il ne sera pas aisé d’atteindre les objectifs de la vision FAST (5% de déplacements à vélo en 2030), sans aller un cran plus loin : chaque aménagement de voirie doit vraiment prendre en compte le vélo, en concertation avec les usagers. Or on en est encore loin, tant au niveau des routes régionales que des voiries communales.

De même, la sécurité à vélo, qui est le frein principal à sa pratique en Wallonie, ne pourra être pleinement garantie que par des vitesses plus basses en agglomération (zones 30/20) et des infrastructures séparées là où le volume de trafic l’exige. Or on ne progresse pas vraiment sur ces deux points, malgré les recommandations des Etats Généraux Wallons de la Sécurité Routière en 2020.

Le bulletin "vélo" du gouvernement wallon

Au niveau régional bruxellois

Le gouvernement bruxellois s’est engagé à doubler la part modale du vélo d’ici 2024. La pratique du vélo est en pleine croissance, c’est indéniable, mais en l’absence de références chiffrées, il est difficile d’affirmer que nos ministres bruxellois tiennent le cap. On salue le plan Good Move, adopté sous cette législature, qui offre une vision ambitieuse et un cadre de référence favorisant le développement du vélo.

En matière de sécurité routière, on soulignera l’inversion du régime de vitesse en région bruxelloise, le 30 km/ devenant la règle et le 50 km/h l’exception. La “Ville 30” constitue une étape majeure pour assurer davantage de sécurité sur nos routes.

Le réseau cyclable progresse : les aménagements ont continué à se développer sur le réseau structurant vélo, notamment sous la pression de la crise sanitaire. Par contre, on reste encore dans une logique de morcellement qui impacte la continuité la cohérence des tracés cyclables.

Enfin, la pression automobile — et son impact délétère sur la sécurité routière, la qualité de l’air et le cadre de vie — reste encore et toujours un point noir en région bruxelloise. A cet égard, les tout premiers quartiers apaisés, qui verront le jour cet été, lanceront le ton pour le reste de la législature.

Le bulletin "vélo" du gouvernement bruxellois

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