Notre grand sondage de novembre, auquel 13.500 personnes ont participé, livre un constat très sévère sur le vélo en Wallonie : seules 2 communes sont considérées comme "plutôt favorables" au vélo, tandis que 98 autres sont jugées "moyennement favorables" à "très défavorables". Contrairement à la France, avec qui nous partageons le même modèle de baromètre, aucune commune wallonne n'est une championne du vélo...
Les 162 communes qui apparaissent en grisé sur cette carte n'ont pas atteint les 50 réponses nécessaires à une analyse statistique fiable, elles ne sont donc pas prises en compte individuellement dans notre classement. Il s’agit pour la toute grosse majorité de communes rurales faiblement peuplées, où la pratique du vélo est encore peu développée. Si notre baromètre ne couvre que 100 communes sur 262 (± 38%), celles-ci représentent par contre 64% de la population wallonne.
Seules deux communes se démarquent en Wallonie :
- Ottignies-LLN et Marche-en-Famenne se classent C = « plutôt favorables » au vélo
- 14 communes se classent D = « moyennement favorables »
- 50 communes se classent E = « plutôt défavorables »
- 32 communes se classent F = « défavorables »
- 2 communes ferment la marche et sont cotées G = « très défavorables ».
Classement complet des 100 communes wallonnes
Enseignements généraux
Si l’on prend en compte les votes sur l’ensemble du territoire wallon, la note moyenne est de 2,8 ce qui met globalement la Wallonie sur un score E = « climat plutôt défavorable au vélo » sur notre échelle.
L'opinion générale sur le vélo à l’échelon local en Wallonie est bien résumée par cette question de synthèse qui clôturait notre sondage :
Seuls 6% des wallon·ne·s trouvent bonnes ou très bonnes leurs conditions locales de circulation à vélo, et 17% acceptables. Ce diagnostic global est très sévère et situe la Wallonie assez loin d’une terre idéale pour les déplacements à vélo, 77% des cyclistes jugeant leur environnement cyclable médiocre voire (très) mauvais.
Cette opinion change-t-elle selon la fréquence d’utilisation du vélo ? Très peu en fait. Les cyclistes occasionnels sont un peu plus sévères que les cyclistes quotidiens, surtout sur la sécurité, mais sans vraiment bouleverser la moyenne globale (2,7 versus 2,85). Les hommes sont de leur côté légèrement plus indulgents que les femmes, mais là non plus sans bousculer vraiment la moyenne (2,84 versus 2,78).
Quelles priorités en matière de politique vélo ?
Les cyclistes wallons ont clairement exprimé trois attentes principales :
- Un réseau cyclable continu et sécurisé (82,5%)
- Un réseau cyclable entretenu (58,3%)
- Un réseau cyclable rapide et direct (45,8%)
Le stationnement adapté (couvert, sécurisé...) est aussi plébiscité par 1/3 des répondants, tandis que la limitation des vitesses des véhicules motorisés retient l'attention de 30% de notre public cible.
Multimodalité des cyclistes wallons ?
On considère parfois, de façon erronée, que le cycliste wallon n’est « que » cycliste et ignore les réalités de « l’automobiliste ». Pourtant 9 personnes sur 10 qui ont répondu à notre baromètre ont un permis de conduire et possèdent un véhicule motorisé. Environ 15% sont aussi adeptes du train et 11% du bus/tram/métro. Une multimodalité plus élevée que la moyenne wallonne.
Types de vélos utilisés en Wallonie ?
Même si le vélo traditionnel reste le plus utilisé, le vélo à assistance électrique a le vent en poupe pour les déplacements cyclistes en Wallonie. Le vélo pliant gagne lui aussi du terrain. L’utilisation du vélo cargo reste elle encore marginale, contrairement à la Flandre (où 1 famille sur 10 en possède un).
A noter que certains utilisent plusieurs vélos, selon leurs besoins.
Sécurité routière
La vraie sécurité est celle pour tous, de 8 à 88 ans. Il est dès lors inquiétant de constater que 91% des cyclistes sondés estiment qu’il est dangereux de rouler à vélo pour les plus âgés et les plus jeunes. Le vélo pour tous ? On en est carrément loin en Wallonie...
Sinon ce sont principalement les grands axes routiers qui sont perçus comme les plus dangereux (à 86%), suivis par les carrefours et les giratoires (78%), tandis que 72% estiment qu’on ne peut pas vraiment rejoindre une commune voisine en sécurité. Les voiries résidentielles sont les seules à recueillir un score honorable : 58% d’opinions ± positives.
A la question « Est-ce qu’être séparé de la circulation motorisée est important pour moi ? », 93% des cyclistes trouvent cela plutôt important (59% même crucial). Cette question doit bien sûr être interprétée avec recul, car elle ne prend pas en compte le contexte (route chargée en trafic ou rue résidentielle apaisée). Néanmoins elle fait remonter un sentiment important chez les personnes interrogées.
Confort des déplacements
Environ 69% des wallons jugent peu ou pas du tout confortables leurs itinéraires vélo. L’opinion est identique pour le balisage, jugé faible ou inexistant, tandis que 76% déplorent l’entretien maigre - ou quasi nul - de ces itinéraires.
On atteint même un sommet d’insatisfaction (88%) quant aux itinéraires de déviation lors des nombreux chantiers sur nos routes.
Seuls les SUL (vélo à contre-sens dans un sens unique) recueillent une majorité d’opinions favorables (60%). Pourtant obligatoires pour les communes depuis 2004, sauf circonstances impérieuses de sécurité, ils ne sont toujours pas généralisés à 100% en Wallonie.
Importance accordée au vélo par la commune
Il y a peu de communes où le dynamisme spontané des autorités locales est relevé. Les wallons sont en effet très sévères sur cette thématique : les ¾ des sondés estiment que leur commune fait peu ou pas d’efforts pour le vélo, même pour de la simple communication.
Même score très faible pour l’écoute de leurs besoins par les pouvoirs locaux : elle est (presque) inexistante. Enfin, les pouvoirs locaux se montrent peu motivés à lutter contre le stationnement sauvage sur les pistes cyclables (quand elles existent).
Stationnement vélo et services
Le plus gros challenge pour 76% des cyclistes est de trouver du stationnement vélo adapté dans la commune (y compris aux arrêts de transports en commun). Ceci est à mettre en perspective avec le fait que 61% des sondés déplorent des vols de vélo (trop) fréquents localement.
A domicile, si les 2/3 des répondant·e·s peuvent rentrer leur vélo de plain-pied dans leur propriété, par contre 22% doivent le monter ou le descendre, tandis que 3% le laissent sur l’espace public et 10% n'ont carrément aucune solution. Cette question fait remonter un réel frein à la pratique du vélo en Wallonie : le stationnement !
On retiendra aussi qu’il est difficile pour 45% des cyclistes wallons de trouver un endroit pour réparer son vélo dans la commune. Or on sait à quel point cette proximité est importante. La location de vélo est, elle, une rareté dans la plupart des communes wallonnes : 40% des sondés évoquent une quasi impossibilité d’en trouver un à louer près de chez eux…
Conclusions du baromètre 2021
Un constat s’impose : il n’y a pas de commune « championne » du vélo en Wallonie. Aucune d’elle n’atteint en effet les meilleures notes (A+, A, B) que l’on peut voir chez nos voisins (France, Flandre, Allemagne…). Par rapport au baromètre français, qui classe 1625 communes, la première commune wallonne n’apparaît qu’à la 140ème position.
Sans se comparer à la Flandre ou aux Pays-Bas, où l'on trouve beaucoup de bons élèves, il est par contre interpellant de constater que des communes françaises de même taille que les nôtres, où l'on ne peut pas dire que la culture vélo coulerait de source, mènent des politiques vélos beaucoup plus ambitieuses. Et avec des résultats probants : là où le vélo avait presque disparu comme mode de déplacement, il revient en force depuis quelques années.
Il reste donc un long chemin à parcourir en Wallonie pour atteindre un niveau d'excellence communale en matière de politique vélo. Notre baromètre met aussi en lumière qu'une bonne politique vélo ce n'est pas que des infrastructures, c'est aussi la lutte contre le vol, la sécurité subjective, le confort, les services offerts localement... et surtout de la volonté politique locale (beaucoup !).