En septembre 2021 aura lieu le jugement de l'automobiliste qui a fauché Riad alors qu'il se déplaçait à vélo à Jodoigne. C'était en 2019, le véhicule roulait à plus de 110 km/h sur une route limitée à 70km/h. Le GRACQ demande un traitement plus sévère des mises en danger des usagers les plus vulnérables et de la criminalité routière.

Vitesse - CC Sac Ong - Unsplash

Le 31 mars 2019, Riad, 39 ans, circulait à vélo sur la piste cyclable1 longeant la route de Hannut, une route en ligne droite, dégagée, où la vitesse est limitée à 70 km/h, menant au centre Fedasil de Jodoigne où il résidait. Un automobiliste l'a percuté et a pris la fuite, sans appeler les secours. Celui-ci a été retrouvé par la police. Riad, lui, est décédé sur place.

D’après l’expert automobile, le cycliste équipé de son gilet fluo était visible et prévisible dès 150 à 200 mètres, et l’automobiliste roulait à une vitesse de plus de 110 km/h. Le cycliste a été projeté sur le pare-brise de la voiture et trainé sur plusieurs dizaines de mètres. Peu après les faits, l’automobiliste et sa compagne se réjouissaient par échange de sms d'avoir "chopé un arabe".

Les faits ont été abordés à la mi-juin par le tribunal de police. Le jugement final sera rendu en septembre 2021. Poursuivi pour « homicide involontaire », la peine requise est d'un an et demi de prison et de 2 ans de suspension de permis de conduire.

Si le soin de déterminer la valeur de la peine par rapport au délit commis revient à la justice, le GRACQ souhaite prendre ce cas révoltant à titre de point de départ pour une réflexion plus large. Le terme "homicide involontaire" a-t-il une portée juridique qui dépasse les simples citoyens que nous sommes ? En tant qu’usagers vulnérables, n'est-il pas temps de s'insurger contre la qualification "involontaire", toujours invoquée lorsqu’un automobiliste renverse (et tue) un piéton ou un cycliste ?

Un automobiliste monte-t-il dans sa voiture de façon involontaire ? Sa vitesse excessive est-elle involontaire ? Quitte-t-il le lieu de l’accident (en cas de délit de fuite) de façon involontaire ? N’est-il pas temps que la justice considère la voiture conduite par une personne "involontaire" comme une arme ?

Le GRACQ Jodoigne a mené plusieurs actions peu après l’accident :

  • vélo souvenir accroché sur les barrières de FEDASIL
  • demande d’amélioration de la piste menant vers le centre (rien n’a bougé)
  • achat de matériel de sécurité pour les résidents du centre

Le GRACQ souligne cependant que la prévention ne suffit pas, tant que les agressions subies par les personnes à vélo sont aussi peu sanctionnées par la justice belge. Cela va du classement sans suite pour des mises en danger graves de cyclistes par des véhicules pourtant identifiés, preuves à l'appui, à de simples suspensions temporaires de permis pour avoir ôté la vie à des personnes qui ont fait le choix de se déplacer autrement que dans un véhicule motorisé.

Un tel laxisme n’est pas de nature à donner un signal fort que la criminalité routière n’est pas acceptable. L’impunité judiciaire nourrit l’insécurité routière.

Source : plus.lesoir.be

1 La "piste cyclable" sur cette route est en fait un trottoir accessible aux cyclistes, puisque la route est située en dehors d’une agglomération.

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