Depuis le 23 avril 2024, la plateforme d'enregistrement des vélos MyBike est étendue à l'ensemble du pays. Cette base de données d'identification des vélos est une des pièces maîtresses de la lutte contre le vol. Pour être pleinement efficace, ce système doit toutefois être complété par un accès complet de la police au registre et, bien sûr aussi, du stationnement sécurisé.
En 2023, plus de 30.000 vols de vélo ont été signalés à la police. Dans les faits, le problème est bien plus important (de nombreux vols ne sont pas déclarés) : on estime à presque 100.000 le nombre de vélos qui "disparaissent" en réalité chaque année en Belgique. Ce n'est donc pas un phénomène marginal.
Pour ceux qui utilisent le vélo comme moyen de transport, un vol signifie aussi l'impossibilité de se déplacer. Des enquêtes ont par ailleurs pointé qu'¼ des personnes dont le vélo a été volé n'en rachètent pas. Par simple peur du vol, d'autres renoncent à emmener leur vélo dans certains endroits "risqués" (qui ne disposent par exemple pas d'un stationnement sécurisé). Pour le GRACQ et le Fietsersbond, la lutte contre le vol de vélo est donc une priorité absolue.
MyBike, un outil dans la panoplie contre le vol
En 2019, la région bruxelloise lance MyBike, une plateforme d'enregistrement des vélos mais restreinte à son territoire. Les résultats après quelques années sont encourageants : sur les 2.586 vélos disposant du sticker qui ont été déclarés volés, 306 ont pu être restitués à leur propriétaire légitime (soit un taux de restitution largement supérieur à celui enregistré auparavant).
En 2024, grâce au travail de plaidoyer du GRACQ et du Fietsersbond, la plateforme est étendue à l'ensemble de la Belgique.
Chaque vélo enregistré sur la plateforme en ligne se voit attribuer un numéro unique, relié dans la base de données à un propriétaire. Le marquage du vélo à l'aide d'un sticker permet à chacun·e de vérifier le statut d'un vélo (volé ou non), une précaution bien utile en cas d'achat d'un vélo d'occasion.
Ce nouveau système présente plusieurs avantages par rapport à la gravure du numéro de registre national utilisée jusqu'alors :
- chaque vélo dispose d'un numéro unique d'identification ;
- le numéro d'identification du vélo n'est pas lié à son propriétaire d'origine (utile en cas de revente) ;
- il est désormais possible pour la police, mais aussi pour le grand public, de savoir si un vélo marqué est signalé "volé" ou non. Le cas échéant, le propriétaire peut être averti par message.
De son côté, la police devrait pouvoir contrôler efficacement à qui appartient un vélo. Cela nécessite toutefois l'obtention d'un accès officiel au registre complet : une demande pressante en ce sens est faite au ministre de l'Intérieur.
Comment ça marche ?
Les personnes qui résident en Belgique peuvent se créer en compte directement en ligne :
Plateforme nationale MyBike Belgium
L'utilisateur·trice est ensuite invité à créer une fiche pour chaque vélo, dans laquelle il·elle encode une série de renseignements utiles à son identification. Il·elle reçoit ensuite gratuitement par la poste un sticker "anti-fraude" avec le numéro attribué à son vélo, à coller sur son cadre. Il est aussi possible de se fournir tout d'abord un autocollant auprès de sa commune et de le lier ensuite en ligne à son vélo.
En cas de vol du vélo, le·la propriétaire peut signaler sa disparition en ligne. Dès que le statut du vélo passe à "volé" dans la base de données fédérale, toute personne qui scanne le QR code de l'autocollant sur le vélo verra s'afficher sur son smartphone "ce vélo est volé". Une possibilité est même donnée à cette personne de transmettre sa localisation au propriétaire légitime.
En cas de revente du vélo, il suffit de transférer la fiche du vélo au nouvel acquéreur (qui doit donc bénéficier d'un compte MyBike), via la plateforme en ligne.
Un effet dissuasif sur le vol de vélo ?
Il n'existe aucun système antivol efficace à 100%. Tout élément qui complique la tâche du voleur, de même que la revente du vélo volé, est utile. De plus en plus, les acheteurs de vélos d'occasion s'habitueront à réclamer une identification du vélo vendu, pour être certains de ne pas acheter un vélo volé.
Dès que les forces de police bénéficieront d'un accès complet au registre national des vélos, elles pourront identifier les propriétaires grâce au numéro unique figurant sur l'autocollant. Elles pourront ainsi contrôler des vélos abandonnés, mais aussi et surtout prendre en flagrant délit quelqu'un tentant de voler un vélo, ou circulant sur un vélo qui n'est pas le sien.
Bien sûr, d'autres éléments encore sont nécessaires pour enrayer davantage le phénomène des vols de vélo, une action efficace de la police pour lutter contre le vol et identifier les auteurs, et de réelles sanctions de justice vis-à-vis de ceux qui commettent ces délits. La lutte contre le vol de vélo a intégré les priorités du dernier Plan national de sécurité de la police fédérale, dont s'inspirent beaucoup les polices locales, et une demande a été adressée aux parquets afin de ne plus classer sans suite les délits de vols.
Enfin, pour vraiment contrer le vol en amont, les pouvoirs publics doivent poursuivre le développement de stationnement vélo sécurisé dans l'espace public et au sein des bâtiments (pôles d'emploi, logements, arrêts de transports en commun...).
Contrairement à la France, qui impose depuis 2021 l'enregistrement des vélos neufs ou d'occasion vendus par un commerçant, l'enregistrement en Belgique se fait uniquement sur base volontaire. Il est donc important qu'un maximum de propriétaires (légitimes) de vélos fassent cette démarche, d'autant plus qu'elle est entièrement gratuite. Le GRACQ et le Fietsersbond plaident toutefois pour rendre obligatoire l'enregistrement des vélos neufs.