Depuis ce 23 avril l'enregistrement des vélos dans une base de données nationale est possible dans tout le pays. Cette identification, qui permettra de savoir si un vélo est volé ou non, est une des pièces maîtresses de la lutte contre le vol. Pour être pleinement efficace, ce système devra toutefois être complété par un accès complet de la police au registre et, bien sûr aussi, du stationnement sécurisé.

En 2022, 30.691 vols de vélo ont été signalés à la police. Toutefois, seule une partie de ceux-ci sont officiellement déclarés. On estime que ce sont presque 100.000 vélos qui "disparaissent" en réalité chaque année en Belgique. Ce n'est donc pas un phénomène marginal.

Pour ceux qui utilisent le vélo comme moyen de transport, un vol signifie aussi l'impossibilité de se déplacer. Des enquêtes ont par ailleurs montré qu'un quart des personnes dont le vélo a été volé n'en rachètent pas. Par simple peur du vol, d'autres renoncent à l'utiliser à certains endroits "risqués" (qui ne disposent par exemple pas d'un stationnement sécurisé). Pour le GRACQ et le Fietsersbond, la lutte contre le vol de vélos est donc une priorité absolue.

Un nouvel outil dans la panoplie contre le vol

MyBikeBrussels (vignette)

L'ancien système d'identification des vélos consistait à faire graver son numéro de registre national sur le cadre. Un numéro que personne, hormis la police, ne peut relier au propriétaire.

S'il était utile pour récupérer un vélo que la police retrouvait, il ne permettait pas non plus de savoir si le vélo était volé. De plus, en cas de revente du vélo, on ne pouvait pas le modifier.

Le nouveau sticker avec un numéro unique associé au vélo et à son propriétaire, va améliorer les choses. Ce numéro (ou le QR code) devrait permettre à chacun de vérifier le statut d'un vélo (volé ou non) sur un site en ligne, notamment en cas d'achat d'un vélo de seconde main.

De son côté la police devrait pouvoir contrôler efficacement à qui appartient un vélo dès qu'elle aura demandé officiellement un accès au registre complet, et intégré ces données dans son informatique. Une demande pressante en ce sens est faite à la Ministre de l'Intérieur.

Le fonctionnement en détail

Le nouveau registre national étend le système MyBike mis en place depuis quelques années à Bruxelles, via lequel 50.000 stickers ont été diffusés, où 2.586 vélos ont été déclarés volés et 306 vélos ont pu être restitués à leurs propriétaires légitimes (grâce au sticker). 1

Désormais où que l'on habite en Belgique on peut enregistrer son vélo ici :

Plateforme nationale MyBike Belgium

Après l'encodage complet d'une fiche pour votre vélo, vous recevrez gratuitement un autocollant avec un numéro unique, à coller sur son cadre. Une colle spéciale devrait compliquer la tâche des voleurs. Il est aussi possible de se fournir en autocollant directement auprès de sa commune et de le lier ensuite en ligne à votre vélo.

Si votre vélo vous est volé, vous pouvez signaler sa disparition en ligne. Dès que le statut du vélo passe à "volé" dans la base de données fédérale, toute personne qui scanne le QR code de l'autocollant sur votre vélo verra s'afficher sur son smartphone "ce vélo est volé". Une possibilité est même donnée à cette personne de transmettre sa localisation au propriétaire légitime.

En cas de revente de votre vélo, vous pourrez transférer l'identifiant de votre vélo au nouvel acquéreur, via la plateforme en ligne.

Est-ce que cela découragera vraiment les vols ?

Dès que les forces de police bénéficieront d'un accès complet au registre national des vélos, elles pourront identifier leurs propriétaires grâce au numéro unique figurant sur l'autocollant. Elles pourront ainsi contrôler des vélos abandonnés. Et, surtout, elles pourront prendre en flagrant délit quelqu'un tentant de voler, ou circulant sur un vélo qui n'est pas le sien.

Aucun système de vol n'est efficace à 100% contre un voleur bien organisé, mais tout élément qui complique sa tâche, de même que la revente du vélo volé, est utile. De plus en plus, les acheteurs de vélos de seconde main s'habitueront à demander une identification du vélo vendu, pour être certains de ne pas acheter un vélo volé.

Bien sûr, d'autres éléments encore sont nécessaires pour enrayer davantage le phénomène des vols de vélo, comme une police motivée et une justice qui poursuit les personnes qui ont commis ces délits. Pour y arriver le gouvernement a fait rentrer le vélo dans les priorités du nouveau Plan national de sécurité de la police fédérale, dont s'inspirent beaucoup les polices locales, et a demandé aux parquets de ne plus classer sans suite les délits de vols.

Enfin, pour vraiment contrer le vol en amont, les pouvoirs publics doivent aussi développer le stationnement vélo sécurisé dans l'espace et les bâtiments publics. Notamment dans les pôles d'emploi, de logements et aux arrêts des transports en commun.

Contrairement à la France, qui impose depuis 2021 l'identification des vélos neufs ou d'occasion vendus par un commerçant, l'enregistrement en Belgique se fera uniquement sur base volontaire. Il est donc important qu'un maximum de propriétaires (légitimes) de vélos fassent cette démarche, d'autant plus qu'elle sera entièrement gratuite chez nous. Une obligation pour les vélos neufs serait toutefois souhaitable ici aussi.

Le GRACQ salue donc ce premier pas dans la lutte contre le vol de vélos, mais continue à plaider inlassablement pour toutes les autres mesures nécessaires afin de faire du vol massif de vélo un chapitre du passé de la mobilité durable.

Luc Goffinet

NB: les vélos déjà enregistrés à Bruxelles ont été transférés automatiquement dans le nouveau registre national

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