Ouvrir les bandes bus aux deux-roues motorisés : une bonne idée ? Après un an de tests, Genève a décidé de ne pas pérenniser la mesure : non seulement l’expérience n’a pas produit les effets positifs escomptés, mais elle a en outre favorisé des comportements indésirables.
Quand on sait que le taux d’occupation moyen d’un véhicule est de 1,4 personne, les deux-roues motorisés (2RM) peuvent apparaître comme une solution contre la congestion urbaine.
L’idée d’ouvrir les bandes bus – ou certaines d'entre elles – aux 2RM est régulièrement évoquée comme une mesure de mobilité tout autant que de sécurité routière (cette catégorie d’usagers étant surreprésentée dans les statistiques d’accidents).
"Les motocyclistes et les conducteurs de scooter peuvent éviter les embouteillages. Par ailleurs, ils ne provoquent pas d’embarras de circulation ou de ralentissements. Dès lors, il n’y a aucune bonne raison pour ne pas les autoriser à utiliser la bande d’autobus." (FEBIAC, mémorandum local 2018)
L'expérience genevoise
Expérimentée à Genève, la mesure s’avère pourtant être un échec. Deux tests ont été menés sur deux tronçons présentant des caractéristiques différentes. Les autorités genevoises avaient fixé au préalable trois conditions de réussite :
- une plus grande fluidité du trafic,
- pas d’impact négatif sur la vitesse commerciale des transports publics,
- pas de détérioration de la sécurité pour l’ensemble des usagers.
Le premier test a démontré que, alors que le temps de parcours des 2RM s’était amélioré, celui des voitures et des bus était par contre resté inchangé. Plus inquiétant : le test a enregistré une augmentation du nombre d’excès de vitesse commis par les 2RM, notamment dans la bande bus. Même conclusion pour le second test, qui enregistre en outre une dégradation de la vitesse commerciale des bus ainsi qu’une dégradation des conditions de sécurité pour les cyclistes circulant sur la bande bus.
"Les bilans montrent que ce type d'aménagement peut produire des effets indésirables, voire potentiellement dangereux. La police relève en outre qu'une poursuite de telles expériences sur quelques tronçons qui pourraient potentiellement s'y prêter serait de nature à favoriser des comportements illicites dans d'autres voies de bus où les 2RM ne sont pas autorisés à circuler."
Bien que les tests genevois ne le mentionnent pas, il faut également considérer que les cyclistes circulant sur les bandes bus sont directement soumis aux rejets polluants des 2RM, en plus de la dégradation de leur conditions de sécurité. L’ouverture des bandes bus aux 2RM s’avérerait donc très pénalisante pour les cyclistes.
Cela constituerait en outre un message clair en faveur de l’usage des 2RM, alors que ceux-ci, contrairement au vélo, n’apportent aucune réponse aux problèmes de qualité de l’air et de pollution sonore ni aux problèmes de santé liés à la trop grande sédentarité de la population.