Comment se déplacent les Bruxellois·es ? Pour la toute première fois depuis la crise COVID, une enquête s’est attelée à décortiquer les comportements de mobilité des Bruxellois·es. Le croisement de ces nouvelles données "mobilité" avec d’autres études socio-économiques permet en outre d’offrir une analyse plus contrastée des résultats.
L’enquête diffuse donc de nombreuses données relatives aux déplacements des Bruxellois·es (qu’il faut distinguer des déplacements effectués en région bruxelloise), à commencer par la "part modale" (par des déplacements réalisés à l'aide d'un mode de transport en tant que mode principal).
- Un·e Bruxellois· e effectue en moyenne près de 3 déplacements par jour. Mais aussi, 1 Bruxellois·e sur 5 ne se déplace pas au cours d’un jour moyen.
- La très grande majorité des déplacements (86%) s’effectuent à l’intérieur même de la région bruxelloise.
- 28% des déplacements s’effectuent en combinant plusieurs moyens de déplacement.
- Faire des courses constitue le principal motif de déplacement (24,8%), avant même les déplacements liés au travail ou aux études (24,2%).
- 70% des Bruxellois·es de plus de 18 ans ont un permis de conduire. 70% des Bruxellois disposent d’un abonnement STIB, 8,2% d’un abonnement "trottinettes partagées" et 5,1% de "voitures partagées".
- 46% des ménages bruxellois possèdent une voiture, et 47% possèdent un vélo.
- Le télétravail est largement répandu parmi les Bruxellois·es professionnellement actifs : 14,5% le font en moyenne un jour par semaine (ou moins de deux jours), 23% travaillent au moins deux jours (et moins de trois jours) à domicile et près de 57% déclarent télétravailler 3 jours au moins.
- Un déplacement moyen fait 7,7 km, et 3,3 km si on ne considère que les déplacements internes à la région bruxelloise. 45% des déplacements sont inférieurs à 2 kilomètres et s’effectuent principalement à pied (85%). Près d’un quart des déplacements font entre 2 et 5 km : dans ce cas, ils s’effectuent majoritairement en transports publics (36%) ainsi qu’en voiture (34%).
- La marche et le vélo représentent 26% des kilomètres parcourus dans la région, et 30% le sont en voiture.
La région bruxelloise mène l'enquête... Collecter des données pour mieux connaître les pratiques de déplacement est un exercice indispensable à toute politique de mobilité digne de ce nom. La région bruxelloise s’est, pour la première fois, jointe à l’enquête "OVG" (onderzoek verplaatsingsgedrag) que la Flandre réalise depuis plusieurs années déjà. La collecte des données s'est étalée sur une année (octobre 2021 à octobre 2022) : 2.685 enquêtes ont été collectée pour la région bruxelloise. Et les résultats étaient très attendus : il s’agit non seulement de la première enquête de ce type depuis la crise COVID-19, mais surtout la première enquête à grande échelle depuis l’enquête de mobilité Beldam (2010). Mais attention toutefois : les méthodologies quelque peu différentes utilisées pour les deux enquêtes ne permettent pas une comparaison directe des résultats. La Wallonie ne dispose pour sa part, malheureusement, d’aucune enquête équivalente. |
Mobilité et enjeux socio-économiques
Ces chiffres globaux, s’ils s’avèrent intéressants, masquent parfois des différences dans les comportement de déplacements liées au genre, à l’âge, au lieu de résidence, au revenu, au niveau d’éducation, au fait d’avoir ou non des enfants…
Ainsi, les femmes ont plus tendance que les hommes à se déplacer à pied, en transports publics ou en voiture en tant que passager. Les hommes utilisent davantage que les femmes le vélo et la voiture en tant que conducteurs. Les hommes sont aussi, proportionnellement, plus nombreux à disposer d’une voiture, ainsi que d’un permis de conduire.
Autre constat : la présence d’enfant(s) au sein du ménage complexifie la chaîne des déplacements. Lorsque le ménage compte deux enfants ou plus, ce sont davantage les déplacements des femmes qui s’en trouvent marqués. On remarque également que les couples avec enfant(s) sont davantage motorisés que ceux qui n’ont pas d’enfant... mais aussi que les couples sans enfant sont davantage motorisés que les familles monoparentales ou les ménages isolés.
Si on se concentre sur l’âge, la possession automobile augmente progressivement à partir de 18 ans, et ne commence à décroître qu’à partir de 70 ans.
Enfin, la motorisation est plus importante avec l’augmentation des revenus au sein du ménage. 38,6% des ménages non motorisés ne le sont pas pour raisons financières. Mais certains ménages en situation de privation matérielle sont, eux, captifs de la voiture (9,3% des ménages motorisés). Les niveaux de privation des ménages contraints à l’automobile sont plus élevés encore que chez les ménages privés de voiture pour raisons financière.
Les enjeux socio-économiques ne peuvent être dissociés des politiques de mobilité durable : le croisement des données s’avère plus que jamais nécessaire pour mieux comprendre l’origine des résistances au report modal et mieux évaluer l’impact social des différentes mesures touchant à la mobilité.