Il se nomme "Fyllingsdalstunnelen", il est situé à Bergen en Norvège, et c’est le plus long tunnel jamais conçu pour les cyclistes et les piétons. Un véritable travail d'ambiance, imaginé par un psychologe de l'architecture, permet de réduire le caractère anxiogène d’une traversée de 3 kilomètres dans les entrailles de la montagne Lovstakken.
C’est en avril 2023 que le Fyllingsdalstunnelen a ouvert ses portes aux cyclistes et aux piétons, en parallèle d’une voie de tram creusée au travers de la montagne Lovstakken. Les autorités ont en effet décidé d’exploiter le tunnel de secours adjacent en le rendant accessible aux modes actifs. Le résultat, c’est un tunnel de près de 3 kilomètres, qui permet de connecter le quartier résidentiel de Fyllingsdalen au centre-ville. Grâce à cet ouvrage, les cyclistes voient leur trajet raccourci de 5,5 km et gagnent ainsi pas moins de 20 minutes sur leur temps de parcours !
Un tunnel au service de la mobilité, de la santé et du tourisme
Si les autorités espèrent encourager les déplacements à vélo, les cyclistes ne sont pas les seuls à profiter de ce tunnel : depuis son ouverture il y a près d’un an, il est devenu le lieu de compétitions sportives et est parcouru par de nombreux joggeurs, qui bénéficient d’un revêtement dédié et peuvent continuer à pratiquer leur sport en dépit des rudes conditions hivernales.
Et avec son titre de "plus long tunnel vélo au monde", il est également devenu un argument touristique pour la ville… À cela près que le Fyllingsdalstunnelen n’est pas exactement le plus long tunnel vélo au monde. C’est en effet le Snoqualmie Tunnel, aux États-Unis, qui détient ce record (3,625 km). Mais contrairement à l’atmosphère sombre et humide de l’ancien tunnel ferroviaire (désormais ouvert aux cyclotouristes et randonneurs), l’ambiance du Fyllingsdalstunnelen conçu dès le départ pour les cyclistes, se veut sécurisante et colorée.
Lutter contre le caractère anxiogène des tunnels
Pour combattre le caractère anxiogène des tunnels (claustrophobie, contrôle social moindre…), il est recommandé que le cycliste, à son entrée dans le tunnel, puisse en voir la fin. Ce qui n’est bien évidemment pas une option pour un tunnel de 3 kilomètres.
À Bergen, la conception du tunnel a donc fait l’objet d’un véritable travail scénographique qui a mis à contribution un spécialiste en psychologie de l’architecture : le parcours des cyclistes et des piétons est rythmé par des ambiances colorées et des éclairages dynamiques, ce qui permet aussi de rendre le trajet moins monotone.
Deux larges aires de repos avec installations artistiques ponctuent le tracé. Et pour assurer la sécurité, le tunnel est équipé d’une centaine de caméras ainsi que de téléphones d’urgence tous les 250 mètres. Enfin, il a été décidé d’en fermer l’accès durant la nuit (entre 23h30 et 5h30).
Dans sa conception, le Fyllingsdalstunnelen est fort similaire au tube "modes doux" de la Croix-Rousse à Lyon, ouvert en 2013. Là aussi, de nombreuses animations lumineuses et sonores étaient prévues afin d’atténuer le côté anxiogène de la traversée du tunnel. Mais l’éclairage réduit (pour un meilleur rendu des projections sur les parois), couplé à l’étroitesse du trottoir et à une séparation minimaliste entre piétons et cyclistes, ont rapidement posé des problèmes de sécurité. Après plusieurs accidents, les autorités ont dû finalement revoir leur copie, en ayant notamment recours à un éclairage plus franc et en modulant les horaires de projection (en dehors des heures de pointe).